Une bonne et grande nouvelle : le Front de Gauche en route pour s’élargir !
Et pour débuter cette semaine, après la bonne nouvelle venue de Montreuil le 5 juin, je parle bien sûr du vote de la conférence nationale du PCF, une autre vient d’arriver : le CAN (collectif d’animation national) de la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE) a décidé à une très large majorité de participer au Front de Gauche. Constatant dans sa déclaration finale « que les organisations du Front de Gauche ont répondu nationalement de façon positive à une grande partie de ses demandes et qu’elles proposent elles-mêmes de dépasser le cadre d’un simple cartel d’organisations », la FASE s’affirme disponible pour « nourrir une dynamique d’alternative puissante et populaire (réclamant de) créer une convergence de tous les courants de la gauche de gauche, les secteurs de lutte, associatifs et syndicaux, pour un large front ouvert aux citoyens ».
A ce stade, je note avec satisfaction l’importance qu’a eue le texte stratégique adopté par les actuelles formations du Front de Gauche en mars. Ce premier volet de l’accord national, que nous devrions pouvoir définitivement signer après le vote des militants communistes les 16, 17 et 18 juin, n’a pas eu à mon sens la publicité qu’il méritait. Bien plus qu’un texte de compromis entre le PCF, Gauche Unitaire et le PG, il nous a au contraire permis de travailler sur le fond, de clarifier bien des points entre nous et, au final, de nous homogénéiser sur la stratégie du Front de Gauche. Dans une excellente interview livrée le 12 juin à Médiapart (à lire ici), Clémentine Autain souligne d’ailleurs son importance dans le rapprochement avec la FASE : « La déclaration politique du Front de gauche valide le fait qu’il existe deux grandes orientations à gauche et que l’une n’est pas soluble dans l’autre. Si on s’en tient au texte et aux déclarations de Jean-Luc Mélenchon, je ne vois pas de divergence. Pour nous, l’orientation stratégique est clarifiée. ».
Ce week-end la FASE a tenu aussi à s’exprimer sur la candidature pour les Présidentielles. Pour la « Fédération », « Celle de Jean-Luc Mélenchon semble aujourd’hui en mesure de recevoir un accord large, à condition de construire ensemble une campagne collective, riche de la diversité du rassemblement. transformé ». Après Gauche Unitaire et le Parti de Gauche, la Fase est ainsi la troisième organisation à approuver la même proposition de candidature pour porter les couleurs du Front de Gauche à l’élection à la Présidentielle.
L’unité progresse : en quelques jours parait vouloir se concrétiser trois ans de travail unitaire. Je ne cacherai pas ma profonde satisfaction. Comme beaucoup des animateurs du grand mouvement citoyen que fut la campagne contre le Traité Constitutionnel européen, j’ai souffert de notre échec à rassembler la gauche antilibérale, la gauche du « non », aux élections présidentielles et législatives de 2007. Qui, devant le champ de ruine laissé par cette division et les terribles désillusions électorales qui s’en sont suivies pour les uns et les autres, aurait pu imaginer que nous serions en passe de réussir cinq ans après ? On comprendra donc aujourd’hui le plaisir qui est le mien comme celui, je le sais, de milliers de militants et militants désespérés par le gâchis de 2007.
Car l’arrivée de la FASE devrait précéder de peu celle d’autres mouvements politiques qui, quel que soit leur importance numérique, représente des sensibilités importantes de l’autre gauche. Je pense à Convergences et Alternative que des camarades de valeur et de conviction (Yann Cochin, Danielle Obono, Alain Montaufray, Dominique Mezzi, Stéphanie Treillet pour n’en citre que quelques uns) ont rendu autonome à l’issue du dernier congrès du NPA. Mais aussi à République & Socialisme conduit par Lucien Jallamion avec qui j’ai partagé des interrogations communes sur la stratégie du MRC de Jean-Pierre Chevènement avant que je ne quitte ce mouvement en 2003 en compagnie d’Eric Halphen, Michel Naudy, François Cocq, Hayat Dhalfa ou encore Jeannick Le Lagadec pour fonder le MARS. Nous allons ainsi nous retrouver et c’est tant mieux.
Jeudi, nous (le PCF, GU et le PG) rencontrons ces trois formations afin de boucler les modalités de ces rapprochements. J’espère que dans la foulée d’autres suivront. Je pense à mes amis des Alternatifs que nous rencontrons également jeudi. C’est avec les Alternatifs que le Parti de Gauche a signé un premier communiqué commun fin 2008, soit quelques semaines après notre création, où nous affirmions notre accord pour un « Front unitaire de toutes les forces politiques de la gauche de transformation sociale et écologique ». J’ai envie de dire à mes amis Jean-Jacques Boilaroussie, Henri Mermé, Roland Mérieux et bien sûr Jean-François Pélissier, vice-président de notre groupe « Front de Gauche & Alternatifs » au conseil régional Ile de France : ce Front unitaire nous y sommes, votre place est avec nous ! Il y en a d’autres je le sais. Je pense à toutes les forces régionales ou nationales engagées dans les listes « ensemble » aux élections régionales comme le PCOF, parti composé de militants courageux et efficaces comme Christian Pierrel, Véronique Lamy et bien sûr l’un des animateurs de la lutte des travailleurs et travailleuses sans papiers Raymond Chauveau, où le M’Pep même si les positions récentes prises par ce mouvement l’a éloigné quelque peu d’un accord possible.
Je n’oublie évidemment pas le NPA même si je ne peux ignorer que sa nouvelle majorité a exprimé sa volonté de rompre les discussions avec le Front de Gauche lors de son dernier conseil national. Jusqu’au bout nous interpellerons ce parti qui a su, par le passé, sous le nom de LCR, travailler à l’unité de la gauche alternative. Je me refuse de penser qu’il ne reste pas suffisamment de cette intelligence politique dans ce collectif militant pour refuser un enfermement groupusculaire et sectaire dans lequel il risque de dériver si fin juin sa conférence nationale confirme cette orientation. Quel gâchis ce serait alors ! En se créant, le NPA entendait être le moyen de rassembler tous les anticapitalistes pour transformer la situation. Faute d’avoir accepté l’unité avec le Front de Gauche depuis 2008, ce projet a échoué mais l’objectif reste juste. Même s’ils le jugent imparfait, le Front de Gauche est aujourd’hui le seul moyen réel pour œuvrer à ce rassemblement. Il n’y en a pas d’autres et j’espère sincèrement que les militantes et militants du NPA se rendront compte à temps qu’ils peuvent s’y allier comme nous avons sur le faire pour le plus grand bien de la démarche Limousin Terre de Gauche.
Fin juin, le Front de Gauche devrait ainsi avoir réuni toutes les composantes de l’autre gauche qui entendent œuvrer à son unité pour la campagne de 2012. Son élargissement ne sera évidemment pas achevé car il est possible, et nous y travaillerons en les interpellant, que des militants et militantes, voir des courants, d’Europe Ecologie – Les Verts et du PS, le rejoignent selon le déroulement et la conclusion de leurs primaires. Et surtout il nous appartiendra partout de lancer des assemblées et collectifs citoyens du Front de Gauche pour rassembler « à la base » les dizaines de milliers de personnes désireux de s’engager dans une campagne dès lors qu’elle sera unitaire donc utile. Nous n’aurons plus alors à nous souvenir du grand mouvement citoyen contre le TCE avec nostalgie mais avec la fierté d’avoir renoué le fil avec lui et l’espoir majoritaire et victorieux qu’il a entraîné.
L’accord sur les législatives ne dépend plus que de quelques riens
Tout cela est donc désormais à portée de main. Reste évidemment que cela va dépendre du vote des adhérents du PCF le week-end prochain. Car si l’arrivée de ces nouvelles composantes est importante pour son élargissement, l’avenir même du Front de Gauche dépend malgré tout des deux forces qui l’ont constitué en 2008 : le PG et le PCF. Il appartient donc aux militants de ce dernier de se prononcer en dernier après un conseil national puis une conférence nationale largement favorable à la poursuite de la démarche pour les élections présidentielles et législatives. Nous savons qu’il ne s’agit pas d’une formalité mais d’une responsabilité à la hauteur de l’importance historique du PCF. J’estime sage et normal de ne pas entrer dans les débats entre communistes sur ce scrutin. Les récents communiqués de presse de Bob Injey et tribune de Marie-Georges Buffet, Jean-Claude Sandrier et Roland Muzeau constituent des arguments autrement plus efficaces et légitimes. J’attends ce scrutin avec confiance car je sais que dans sa très grande majorité, le PCF est ancré dans la stratégie du Front de Gauche que nous avons élaboré ensemble et qu’il serait surprenant, au moment où on vient de le voir il gagne du terrain, que nous échouions si près du port.
Mais comme j’ai cru comprendre que les communistes qui sont totalement opposés au Front de Gauche diffusent mes articles, pensant ainsi renforcer le vote contre la résolution de la conférence nationale du PCF, je vais donc refaire un dernier point sur les négociations en cours sur les législatives.
Que les militants communistes qui seraient inquiets sur le « laxisme » supposé de leur direction dans les négociations se rassurent, de ce côté-là ils n’ont rien à craindre. Avant de se revoir mardi, nous nous sommes en effet entendus sur 76 circonscriptions. Pour parvenir à ce résultat, le Parti de Gauche a accepté de permuter près de 40 % de ses propositions initiales. Mais cet effort a des conséquences : dans 91 % de ces circonscriptions le PCF n’avait pas atteint la barre des 5% en 2007 (moyenne nationale 75%) et dans 36 % celle des 2 % (moyenne du PCF 22 %). Il faut évidemment mettre ces chiffres en relation avec les circonscriptions où le PCF a atteint plus de 15 % et que le PG a accepté de lui réserver dès le début des négociations. Ajoutons que conformément à notre résolution de Bureau National, nous avons très largement baissé notre offre pour faciliter un accord national. Ce qui fait aujourd’hui qu’en cumulant les actuelles propositions du PG (110) et de GU, les actuels partenaires du PCF sont descendus à 24 % des circonscriptions métropolitaines soit vraiment tout près des 22 % réclamé au départ par le PC. Or chacun sait que pour se conclure une négociation réclame que chaque partenaire bouge. Sur ce plan, ces données démontrent que nous avons largement rempli notre part : nul ne pourra contredire la très large prédominance accordé au PCF dans la répartition des circonscriptions. Que tout le monde se rassure, la diversité politique de la campagne présidentielle et législative est donc très largement assurée.
On est donc très loin des racontars diffusés par certains. Du style : « Le PG est trop gourmand, on leur a assez donné, ils réclament les meilleures circonscriptions, etc… ». Mais force est de constater que sur le terrain cette propagande a marqué des points. C’est elle qui, aujourd’hui, fait que nous n’arrivons pas encore à dépasser quelques uns des points de blocage qui nous permettraient de finaliser rapidement l’accord. Car aux fédérations communistes réfractaires à l’unité et qui le revendiquent, elles sont minoritaires heureusement et souvent partagées sur cette revendication identitaire, s’en ajoutent aujourd’hui d’autres, pourtant favorables au Front de Gauche, qui refusent toute nouvelle ouverture, convaincues qu’elles entretiendraient ainsi l’appétit trop féroce du Parti de Gauche. On se trouve ainsi devant des situations parfois surréalistes où du coup sont refusés au PG des circonscriptions où les camarades du PCF reconnaissent la qualité de nos candidat-e-s alors qu’eux-mêmes n’ont parfois pas de noms à encore avancer. J’espère que ces quelques lignes, si elles leur arrivent, sauront les convaincre que sur le plan national il y a de la marge…
Donc oui, n’en déplaisent aux irréductibles opposants du Front de Gauche, nous sommes tout près d’un accord. Pour le boucler il faut simplement désormais que la tendance s’inverse sur les quelques dizaines de circonscriptions encore en discussion et que désormais on considère les revendications restantes du PG d’un œil moins suspicieux. Je le dis avec fraternité et sérieux : tout militant sait qu’un, qui n’est rien d’autre qu’une association librement consenti entre citoyens, ne peut accepter l’impossible. Or dans ces négociations nous sommes très loin d’avoir atteint le plancher de départ que s’était fixé le PCF au début vis-à-vis du PG et de GU. Par cette note je ne cherche pas à influer sur le vote des communistes d’ici le 18 – j’ai dit ma confiance et je pense que l’écrasante majorité des militants communistes favorables au Front de Gauche a saisi la stratégie de ceux qui la refusent obstinément depuis 2008 – mais si la prédominance du PCF est reconnue pour les législatives elle ne peut se transformer en une hégémonie même involontaire. C’est de l’intérêt de tous car chacun comprendra que tous nos candidat-e-s auront besoin des militants et des électeurs influencés par chacune des composantes du Front de Gauche. Pour cela ils devront pouvoir se reconnaître dans ceux qui revendiqueront leur suffrage ce qui implique un Front de Gauche représentatif de notre diversité tant pour les présidentielles, où le cadre collectif que nous revendiquons assurera une véritable campagne unitaire, que pour les législatives. Aujourd’hui le compte n’y est pas encore. Mais il est largement atteignable si dans cette dernière semaine les efforts nécessaires sont accomplis.