par Salamanca
Au sujet de la fracture réelle entre gauche altermondialiste et gauche moderne
Au fond, la vraie ligne de fracture en réalité se situe non pas entre la gauche et la droite, comme on pourrait le croire, mais entre les droites et les
gauches. Il existe, comme disait René Rémond, trois droites : la légitimiste (royaliste,
qui a disparu depuis) la bonapartiste (de Gaulle) et l'orléaniste (les centristes).
Du côté de la gauche, il existe la gauche socialiste, telle que nous la connaissons avec ses principaux leaders, François Hollande,Laurent Fabius, Martine Aubry, et la gauche
marxiste, anticapitaliste, qui regroupe une partie des Verts, le Front de Gauche de Mélanchon et les mouvements d'extrême gauche.
Si les droites ont plus ou moins réussies à cohabiter ensemble, par le jeu d'alliances en vue de se maintenir au pouvoir, il n'en est pas de même
concernant les deux gauches. Les premières épousent toutes deux le retour à l'autorité de l'Etat, l'économie de marché, la lutte contre les déficits, etc... alors que concernant les gauches, si
elles se rejoignent plus ou moins sur les réformes sociétales (mariage homo, droit de vote des étrangers) elles s'opposent viscéralement concernant l'économie de
marché mais aussi la place de l'Etat dans ses prérogatives régaliennes.
Le pire, c'est qu'il existe une fracture fondamentale entre les gauches qui les rend irréconciliables, sur des sujets comme le capitalisme, le patronat,
l'économie de marché, la mondialisation, etc... il existera toujours au fond une gauche soft, qui cherche à accompagner le système tel qu'il est, et une gauche dure, dite pure pour certains,
qui n'en démordra pas. Si vous avez lu le Courrier International de cette semaine, vous découvrirez que la gauche sous l'impulsion de Blair mais aussi de DSK au fond, a totalement accepté la
mondialisation telle qu'elle est et toutes les conséquences sociales qui en dépendent.
Droite et gauche, même combat ? On serait tenté de dire que paradoxalement, la meilleure chose à souhaiter pour la gauche est qu'elle reste écartée du
pouvoir, de tout gouvernement, afin qu'elle reste fidèle à elle-même, ses valeurs originelles... d'autant plus que les mouvements de contestation prennent une ampleur grandissante à travers le
monde, comme on a pu le voir avec le cas des indignados. Va-t-on changer d'ère ? Un ancien monde va-t-il s'écrouler au profit d'un autre, qui serait totalement différent ? Toute la question est
là.