Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 11:20
Fiscalité des Français de l’étranger : les contre-vérités de l’UMP

Les Français établis hors de France élisent pour la première 11 députés qui les représentent. Dans les circonscriptions des Français de l'étranger, cette situation nouvelle est le terrain propice pour alimenter le flou. C'est le cas notamment d'un dossier sujet à polémique : la fiscalité qui s'applique aux Français de l'étranger.

La France compte 2,5 millions de citoyens vivant à l'étranger donc 1,1 million est inscrit sur les listes électorales consulaires. Autant dire que cet électorat a un poids déterminant dans les scrutins présidentiels et législatifs. Lors du premier et du second tour de l'élection présidentielle, on se rappelle à quel point les résultats des bureaux de vote installés dans les services consulaires français ont été suivis, sur Twitter notamment.

 

Avec la l'ordonnance du 29 juillet 2009, 11 députés sont élus par les Français établis hors de France, ce qui représente un vivier de voix pour les partis politiques. Dans le même temps, cette portion du scrutin législatif est l'occasion de porter sur la scène politique des sujets de débat jusque-là occultés. Francophonie, lycées français à l'étranger, situation des couples mixtes, fiscalités : autant de sujets sur lesquels les partis politiques doivent clairement se prononcer.

 

Prenons par exemple la fiscalité des Français de l'étranger. Ce dossier est actuellement sujet à nombre de désinformations de la part de candidats qui ont tout intérêt à la polémique en créant un amalgame entre la réforme fiscale du gouvernement Ayrault et une supposée saignée fiscale qui pèserait sur les Français de l'étranger. C'est le cas notamment dans la 10e circonscription des Français de l'étranger. Dans cette circonscription qui couvre le Moyen-Orient et une partie de l'Afrique, le candidat UMP Alain Marsaud affirme par exemple que le gouvernement socialiste a l'intention d'augmenter la fiscalité sur les Français de l'étranger afin d'augmenter les embauches de fonctionnaires.

 

Cette affirmation est évidemment fausse. Sur ce dossier, François Hollande n'a fixé qu'un objectif : renégocier les conventions fiscales avec la Belgique, le Luxembourg et la Suisse, soit trois pays qui ont la particularité d'accueillir des exilés fiscaux aux portes de la France. Aucun impôt spécifique aux Français de l'étranger donc, seulement la renégociation des conventions bilatérales avec les pays qui abritent des exilés fiscaux.

 

En affirmant que c'est la fiscalité qui pèse sur les Français de l'étranger qui sera renforcée, l'UMP fait évidemment preuve de mauvaise foi, comme sur d'autres sujets d'ailleurs. Il suffit pour s'en convaincre de voir comment certains militants de l'UMP se sont engagés dans une campagne de diffamation contre Rita Maalouf, la suppléante du candidat PS qui sera dimanche l'adversaire d'Alain Marsaud lors du second tour des élections législatives des Français de l'étranger.

 

Dans le cadre de la grande réforme fiscale proposée par François Hollande, il est prévu que les ménages les plus aisés soient prioritairement mis à contribution. C'est un choix éminemment politique, mais il a été validé par le scrutin présidentiel et concernera donc aussi les Français établis à l'étranger, dans la même proportion que les Français installés dans l'hexagone. Parallèlement, le gouvernement Ayrault souhaite renégocier les conventions fiscales avec la Belgique, le Luxembourg et la Suisse, étant entendu que ces trois pays abritent des Français qui ont souhaité échapper à la solidarité nationale.

Partager cet article
Repost0
15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 08:51
Contre l’austérité en Grèce et en Europe, solidarité avec le peuple grec !

vendredi 15 juin 2012, par République et Socialisme

Rassemblement devant l’ambassade de Grèce à Paris vendredi 15 juin à 18h30

(métro Kléber – 17 rue Auguste Vacquerie)

République et Socialisme appel à ce rassemblement devant l’ambassade de Grèce pour dire avec force que :

- Nous sommes solidaires du peuple grec qui refuse l’austérité et dénonçons les tentatives d’imposer un autre choix que celui de la population grecque

- Nous refusons aux côtés de la population grecque l’austérité en Grèce et partout en Europe

A paris le14 juin 2012

Partager cet article
Repost0
15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 08:42

Nadine Morano piégée : « Marine Le Pen a beaucoup de talent »

Pascal Riché  vu dans rue 89

L’humoriste Gérald Dahan, de Sud Radio, a téléphoné à Nadine Morano, candidate UMP, en se faisant passer pour Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen. Dans la conversation, la candidate UMP ne cache pas ses sympathies pour Marine Le Pen et ses idées, mais ne comprend pas qu’elle ne se mette pas en position de gouverner.

« Je trouve que Martine Le Pen a beaucoup de talent (...)

Il y a des tas de choses, des projets de société avec lesquels je suis d’accord avec vous (...)

Ils vont nous foutre, la France, dans une merde comme jamais, vous ne pouvez pas vous imaginer, il vont nous mettre le droit de vote pour les étrangers, je ne sais pas si vous vous rendez compte, j’ai pas envie que ça devienne le Liban, chez moi ».

Ecoutez ici.

« Cette conversation a été montée, coupée, truquée » a affirmé Nadine Morano à France inte vendredi matin. Elle a annoncé qu’elle allait porter plainte. Elle juge qu’il s’agit d’une manipulation politique orchestrée par les socialistes à deux jours du scrutin : « M.Dahan est un militant socialiste engagé dans la campagne de M.Hollande » affirme l’ex-ministre de l’Apprentissage.

Nadine Morano est en difficulté dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle : pour gagner, elle ne peut compter que sur les voix du FN. Elle a récemment donné une interview à l’hedbomadaire du FN, Minute, pour expliquer qu’elle partageait un certain nombre de valeurs avec les électeurs frontistes.

Partager cet article
Repost0
14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 17:37
Nicolas Sarkozy, en plus des avantages inhérents à son ancienne fonction, réclame 10 gardes du corps pour sa sécurité et celle de sa famille
JPEG - 30.6 ko

En tant qu'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy ne se retrouve pas démuni. Selon René Dosière, auteur de "L'Argent de l'Etat", un ancien président coûterait aux contribuables, au bas mot, entre 1,5 et 2 millions d’euros, par an.

Tout d'abord en tant qu'ancien chef d'Etat, Nicolas Sarkozy aura droit à une dotation qui est égale à la rémunération d’un conseiller d’État soit 6 000 euros par mois.

 

Ensuite, s’il décide de siéger au Conseil Constitutionnel, ce qu'il a bien l'intention de faire, il faut ajouter 12 000 euros brut de plus par mois. Soit un total de 18 000 euros mensuels.

 

De plus il va bénéficier de nombreuses facilités :

 --- Un appartement de fonction avec personnel dans lequel il pourra installer ses bureaux,
 que vous pouvez découvrir sur le site d'Europe 1 avec photo et plan. Un local de 323 mètres carrés répartis dans 11 pièces au 77 de la rue de Miromesnil, dans le quartier cossu du 8e arrondissement de Paris. L'ensemble est composé d'une cour intérieure avec deux parkings personnels à disposition, une cuisine, une salle de bain ainsi que 10 bureaux,pour un loyer annuel de 180.000 euros, soit 15.000 euros par mois, bien sûr entièrement pris en charge par l'État.

 --- Sept collaborateurs, cela va du directeur de cabinet à la secrétaire pour répondre au courrier et prendre ses rendez-vous.

 --- Une voiture de fonction, avec deux chauffeurs.

 --- Des voyages gratuits en première classe pour lui et son épouse ( qui n'est pas dans le besoin !) sur l’ensemble des réseaux publics ferroviaires, aériens et maritimes.

 --- A l'étranger comme un président en exercice il est accueilli par l'ambassadeur de France qui peut le loger et l’aider à organiser ses déplacements.

 --- En cas de décès, sa veuve n'est pas oubliée, elle pourra bénéficier d’une partie des avantages.

 --- Une escorte composée de deux policiers.

 

Mais Nicolas Sarkozy doit être très inquiet pour sa sécurité, et deux policiers ne sont pas suffisants pour assurer sa protection et celle de sa famille, il a réclamé dix policiers en plus.

 

Il est vrai que sa sécurité a toujours été son grand souci. Durant son quinquennat il a usé et abusé de la protection policière lors de ses déplacements. Et contrairement à François Hollande qui, même en qualité de président de la République, se mêle à la foule sans crainte et vaque à ses occupations privées sans escorte dans son quartier, Nicolas Sarkozy généralement s'approchait de la foule seulement si elle était canalisée derrière des barrières, et ne sortait pas de l'Élysée sans escorte de ses gardes du corps. D'ailleurs qui l'a vu aller simplement faire ses courses personnelles dans le quartier de la résidence de son épouse rue Pierre-Guérin dans le XVIe, ou bien dans les environs de l'Élysée ?

Selon Paris Match l'ex-président aurait obtenu ces 10 policiers en accord avec le ministère de l’intérieur, d'après Véronique Waché, l’attachée de presse de Nicolas Sarkozy. Ces policiers sont de vieilles connaissances de celui-ci puisqu’ils faisaient partie du GSPR (Groupement pour la sécurité du président de la République) lorsqu’il occupait l’Elysée.

Les anciens chefs d'État bénéficient tous d'un service de protection à vie, dont l'intensité est variable. Deux officiers de sécurité sont ainsi encore affectés à la protection de Valérie Giscard d'Estaing, quant à Jacques Chirac il en compterait six, avec un autre pour son épouse Bernadette.

La Cour des Comptes avait épinglé en 2010 le coût élevé et injustifié de la protection des hautes personnalités. Elle avait estimé le coût à 72 000 euros par an et par policier affecté à ce type de mission. Le budget total de la sécurité de Nicolas Sarkozy devrait être de 720 000 euros par an.Point final Une somme qui se rajoute au million et demi lié aux dotations et avantages divers alloué aux présidents de la République en retraite,à moins que François Hollande supprime cette disposition qui leurs permet d'être nommés à vie au Conseil Constitutionnel.

Mais si elle est approuvée par le Parlement, cette remise en cause ne devrait pas avoir de caractère rétroactif, donc Nicolas Sarkozy en bénificiera jusqu'à sa mort, et il n'a que 57 ans !

Menou69

Partager cet article
Repost0
14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 14:32
Pour une réorientation stratégique de la gauche de gauche
Mardi 12 juin 2012
Par Évariste
Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org
      

Les citoyens français ont fourni par leur vote du premier tour des législatives du 10 juin 2012 un nouveau message. Il vient renforcer ceux, toujours valables, donnés lors des deux tours de l’élection présidentielle d’avril-mai 2012. 1

Participation médiocre et analyse des voix exprimées

Mauvaise nouvelle pour la démocratie mais significatif, le retour à une abstention massive principalement dans les couches populaires ouvriers-employés. Avec près de 43 % toutes classes confondues (contre 35 % en 2002 et 39 % en 2007 au premier tour), on voit qu’une partie du peuple, principalement les couches populaires (53 % de la population), s’est mobilisée contre Nicolas Sarkozy et sa politique pour ensuite s’abstenir aux législatives. Malgré cela, il est probable que le gouvernement PS-EELV obtiendra la majorité absolue et disposera de toutes les manettes pour appliquer la politique de son choix.
Notons aussi que la droite néolibérale UMP compte encore beaucoup de soutiens malgré sa politique désastreuse pour le pays et ses citoyens. L’implantation en conviction du FN se poursuit. Les candidatures « gauche de gauche » hors du Front de gauche et les candidatures communistes anti-Front de gauche (de type Gérin) ont été balayées.
Les saltimbanques de « l’extrémisme de l’extrême centre » nous ont montré a contrario que le centre ne relevait que de la croyance religieuse et que plus que jamais, c’est l’affrontement gauche-droite qui structurera la vie politique française. Les nostalgiques du gaullisme vont sans doute comprendre qu’ils ne peuvent plus avoir d’horizon depuis que les couches sociales qui en faisaient la base sont en extinction (petits commerçants, artisans, bourgeoisie nationale, etc.).
Bien que souhaitant la victoire du gouvernement PS-EELV au soir du 17 juin 2012 pour en finir avec le cycle Sarkozy (pas une voix ne doit manquer au candidat de gauche le mieux placé…), la question politique centrale va devenir très vite de savoir si ce gouvernement sera capable de tenir la barre dans le cyclone de la zone euro qui s’annonce. Car comme le dit Eric Toussaint, « le cyclone poursuit sa route dévastatrice ».
Malgré mille milliards d’euros prêtés pour 3 ans à 1 % par la Banque centrale européenne (BCE) aux banques privées travaillant pour leurs actionnaires pour garantir le calme lors de la présidentielle française, malgré 150 milliards pour l’Irlande et le Portugal, 250 milliards pour la Grèce, voilà les 100 milliards pour l’Espagne(4e puissance économique de la zone euro) et ses banques dans le trou noir du krach immobilier espagnol ; et la question commence à se poser pour la 3e puissance économique de la zone euro, l’Italie. Est-il besoin d’être bac +35 pour comprendre que cela ne pourra pas durer éternellement ? D’autant que tous ces prêts n’ont absolument pas réglé la crise des liquidités pour l’économie réelle. Et la planche à billets ne pourra pas fonctionner ad vitam pour colmater les dégâts dûs aux néolibéraux de gauche et de droite.
Eh oui, il ne suffit pas que la gauche gagne les élections (même si nous souhaitons la victoire de la gauche le 17 juin en France, faut-il le rappeler !), il faut rompre avec les politiques antisociales et austéritaires en Europe, ces politiques antidémocratiques et césaristes, ces politiques d’alliances internationales antilaïques et de soutien aux intégrismes religieux.
Tout va se jouer très vite. Le 17 juin, nous verrons si le peuple grec donne le bonus électoral des 50 députés supplémentaires à Syriza - gauche anti-austéritaire grecque s’opposant au bloc néolibéral formé par la Nouvelle démocratie (droite néolibérale) et le Pasok (gauche néolibérale) - puis ce qui se passera au Sommet européen de la fin juin.

L’arrière-plan de la crise en Europe

Car la triple crise économique, financière et de la dette publique est en développement exponentiel et les rebouteux néolibéraux de droite comme de gauche ne font que courir après elle. Ces derniers organisent en spirale une succession de coups d’Etat contre la démocratie et la souveraineté populaire. Car les termes fédéralisme, démocratie, mutualisation ne sont utilisés par les médias aux ordres du néolibéralisme (les « nouveaux chiens de garde ») que pour masquer la réalité : le nouveau César européen mène la lutte de classe contre les peuples européens. Le Mécanisme européen de stabilité (MES) voté fin février 2012 grâce à un accord UMP-PS et le Traité pour la stabilité, la coopération et la gouvernance (TSCG en cours de ratification et de discussion à la fois) sont les premiers éléments de cette politique césariste européenne. Des propositions encore plus liberticides et austéritaires sont en préparation au prochain sommet de fin juin 2012.
Il est important de dire ici que la nouvelle étape espagnole de la crise n’est en rien due à une dette publique provoquée par un Etat qui dépense trop, mais bien au transfert des dettes privées des banques à but lucratif pour leurs actionnaires vers la dette publique.
Ecoutons Eric Toussaint : « En 2007, au moment où la crise a éclaté aux Etats-Unis et avant que l’Espagne n’y soit entraînée, la dette publique espagnole ne représentait que 36 % du Produit intérieur brut. L’Espagne était l’un des meilleurs élèves de la zone euro avec un taux d’endettement public nettement inférieur au 60 % prescrit par le traité de Maastricht, son solde budgétaire était positif (+1,9 % du PIB alors que Maastricht impose un maximum de 3 % de solde négatif). La dette publique espagnole ne représentait que 18 % de la dette totale du pays. Ce n’est pas du côté de la dette publique qu’il faut chercher, car la crise qui affecte l’Espagne a été directement provoquée par le secteur privé : le secteur immobilier et le secteur du crédit. »
Une seule solution pour protéger l’épargne populaire des actifs toxiques - qui arrivent à échéance au fur et à mesure mais à flots continus - et financer l’économie réelle : il faut, entre autres, exproprier (sans indemnités pour les grands actionnaires mais en indemnisant tous les petits actionnaires) les banques privées à but lucratif pour les actionnaires et les transférer au secteur public sous contrôle citoyen. Et cet impératif va bien plus loin qu’un pôle public financier !
Est-ce que cela sera la position de François Hollande au sommet européen de la fin juin ? Nous le souhaitons mais admettez que nous pouvons nous interroger !

Quelles conséquences, quelles tâches pour la gauche de gauche  ?

Revenons à la France. Les institutions de la Ve république vont araser la représentation légitime du Front de gauche qui a fait plus de 11 % à l’élection présidentielle et qui sera très loin de la soixantaine de députés qui représenterait ce pourcentage. Mais l’autre raison de la faible représentation du Front de gauche dans la prochaine assemblée nationale est la faible intégration tant des centaines de candidats du Front de gauche que des partis constitutifs du Front de gauche dans la proximité populaire. Le ratio votes législatifs / votes des présidentielles est de 62 % pour le Front de gauche (malgré les bastions communistes municipaux et départementaux) contre 77 % pour le Front national (sans bastions municipaux). L’ancrage du Front de gauche est donc insuffisant par rapport à celui du Front national, et on voit que les bastions municipaux du PCF n’ont pas eu l’influence attendue. Voilà qui devrait faire réfléchir ceux qui ont pour seul horizon les municipales de 2014 !…
Il y a deux attitudes face à cette situation : soit arrêter la politique de rupture envers le néolibéralisme et rejoindre EELV, le PRG et le MRC et devenir un nouveau satellite du système PS, soit réorienter la stratégie du Front de gauche. Car c’est bien la stratégie qu’il faut réorienter et non pas la ligne politique sur le fond.
Cette réorientation stratégique appelle à définir l’éducation populaire comme priorité de la période avec comme objectif d’ancrer des centaines de candidats potentiels et des milliers de militants dans les couches populaires (53 % de la population) et les couches moyennes intermédiaires (24 % de la population). La gauche de gauche n’est plus crédible si elle pense qu’elle peut marquer sa différence sur le fond des sujets traités sans également repenser sa stratégie et donc la façon dont elle intervient. La priorité n’est pas de convaincre le gouvernement et ses clubs (Terra Nova ou similaires) d’idées meilleures. Il faut armer politiquement le peuple et donc commencer par s’armer soi-même.
Pour cela, quelques pistes :

  • Il faut répondre sérieusement aux demandes d’adhésion au Front de gauche qui ont pullulé dans la campagne présidentielle autour du candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon  et qui ne sont pas satisfaites de la réponse « il suffit d’adhérer à l’une des organisations du Front de gauche ». Et aussi donner à ceux qui ne se retrouvent pas dans les partis existants mais sont actifs dans les fronts de mobilisation ou de refus divers des raisons de croire aux possibilités d’action et de représentation de la militance.
  • Il faut ne plus se satisfaire de la distribution de tracts sur les marchés, de la réunion publique électorale sans suite et des « grands-messes » au coin du feu entre adhérents. C’est donc d’une vraie campagne multiforme d’éducation populaire dans la proximité - tant vers les responsables politiques, militants et adhérents que vers les sympathisants et citoyens éclairés - que nous avons besoin : clarification de la bataille pour l’hégémonie culturelle et pas seulement politique, stages de formation opérationnels y compris sur les formes d’intervention, multiplication des réunions de type “Tupperware” animées par un-e militant-e local-e formé-e, interventions culturelles et politiques sur tous les médias à notre disposition, élargissement vigoureux de l’action militante dans le mouvement social qui restera la base de la résistance au néolibéralisme dans les mois qui viennent, etc.

Nous lançons donc cet appel à nos lecteurs pour débat, et plus !

Partager cet article
Repost0
13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 09:47

Cette fois les masques tombent .

Les idées de Marine Le Pen sont à présent relayées sans retenue par certains responsables de droite avec une complaisance malveillante de certains médias.
Sans doute trouvez vous que ce n'est pas nouveau. 
Et pourtant les déclarations d'aujourd'hui sont une nouvelle étape vers la banalisation des idées d'extrême droite.

La confusion pernicieuse entre extrême droite et extrême gauche, dans lequel on range allègrement le Front de Gauche et particulièrement son candidat aux présidentielles,
Jean Luc Mélenchon, est très dangereuse, au delà des raisons affichées pour raisons électorales (mettre sur un pied d'égalité les deux Fronts pour justifier les accords électoraux).
Nous devons donc réagir, femmes et hommes de Gauche, attachés à nos valeurs Républicaines portées par nos anciens dont Jean Jaurès.
L'occasion nous en est donné pour ce second tour des législatives en soutenant les candidats communs de Gauche.
Jean Pierre Fourré. 

Réponse aux injures de NKM et Juppé contre Mélenchon...  


   

JAURS__2.PNG

A la fin de l’année 1904, déjà, le grand Jaurès était la cible répétée des pires attaques de la droite et de l’extrême droite de l’époque. Paul Déroulède, le Le Pen de cette période, avait déclaré : « Je vous tiens, Monsieur Jaurès, pour le plus odieux pervertisseur de conscience qui ait jamais fait en France le jeu de l’étranger ». Cette dernière injure, faisant suite à des dizaines d’autres, avait faire dire à Jaurès devant ses amis : « Je n’en peux plus. Depuis quelques temps, je les sens tous là prêts à m’insulter dans ma femme ou dans ma fille. Je reçois des lettres d’ordures. Je sens grimper les limaces. Je me sens couvrir de crachats. (..) Je ne veux pas qu’on se croie tout permis, qu’on me mette dans la rue le bonnet d’âne ».  

    

108 ans plus tard, je repense à ces mots de Jean Jaurès et à mon camarade Jean-Luc Mélenchon. Depuis quelques mois, et particulièrement quelques jours, tout est permis contre lui et le Front de Gauche. Je dis bien tout et de tous horizons. Il avait déjà été moqué et insulté il y a presque un an par des responsables socialistes, qui le considéraient comme « pire que Le Pen » (Jean-Paul Huchon), comme« dangereux pour la démocratie » (Manuel Vals) et j’en passe… Tout cela a préparé le terrain au FN qui s’est déchaîné contre nous et qui a suscité pas moins de six tracts anonymes d’injures dans la 11e circonscription du Pas de Calais. Et voilà maintenant que c’est l’UMP qui nous crache au visage. Les gredins !

 

Ce qui me sidère à ce stade c’est le peu de réaction depuis des semaines de la direction du PS  et des autres partis de gauche pour défendreJean-Luc Mélenchon et tout le Front de Gauche.

 

Alors, de quoi s’agit-il pour ceux qui n’ont pas suivi ? Lundi 11 juin, au journal de 20h00 de France 2, la députée UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, ex porte parole de Nicolas Sarkozy, a sous entendu devant David Pujadas que les partis du Front de Gauche « n’aimaient pas la République » et a affirmé que Jean-Luc Mélenchon « accueille sur son site internet les gens qui font profession d’antisémitisme ».

 

Ces propos intolérables sont totalement ignobles et absurdes. Ils sont des mensonges grossiers sans aucun fondement. Dans quel but ?

Simple à comprendre en réalité. Ils servent à faire diversion pour masquer les alliances qui sont en train de se nouer dans plusieurs circonscriptions entre la droite et l’extrême droite. NKM le sait très bien. Ces inventions calomnieuses viennent de sortir du chapeau de l’UMP et ne correspondent à rien. Pour preuve, la même disait de Jean-Luc Mélenchon le 1er avril 2012 à propos de sa campagne présidentielle « il a su créer une dynamique, parce qu’il a une identité forte, il met de l’authenticité et il fait des propositions ». Elle était alors bien obligée  de reconnaître la qualité de notre campagne sans utiliser des calomnies.

Pourquoi trois mois plus tard, utiliser des attaques aussi basses ? C’est bien que désormais il faut justifier les arrangements qui se nouent ici ou là entre l’UMP et le FN et par voie de conséquences fabriquer de toutes pièces un parti « pire que le FN » à gauche pour dire que finalement pour la droite s’allier à Marine Le Pen n’est pas si grave. La manœuvre est grossière. Le problème, je le répète, est qu’elle a été nourrie par beaucoup de responsables socialistes, d’EELV et d’autres qui sont restés atones devant les injures que subissait sans cesse Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche. Pire, certains les ont même encouragées et alimentées. Et je n’ouvre pas ici le dossier de tous les articles de presse renvoyant dos à dos le FDG et le FN, voire même trouvant Marine Le Pen si sympathique, si belle, si laïque, si républicaine, etc… Nous en reparlerons une autre fois.

 

Ce matin sur France Inter, la charge UMP reprend. C’est Alain Juppé qui justifie à nouveau ces calomnies. Le journaliste Patrick Cohen lui a demandé de préciser, et c’est alors que Juppé a expliqué de façon confuse que Jean-Luc Mélenchon aurait relayé sur son blog un appel lancé par le célèbre compositeur grec Mikis Théodorakis pour défendre la Grèce contre les plans d’austérité qui lui étaient imposés. Et, c’est cela qui, selon Juppé, servirait à étayer leurs injures.

 

Ici, pour comprendre, je vous demande de suivre avec attention mon propos qui fait suite à quelques recherches réalisées ce matin. D’abord, vous allez me dire, mais quel rapport avec l’antisémitisme ? Mikis Théodorakis aujourd’hui âgé de 87 ans est un musicien grec connu en France comme un homme de gauche jusqu’à la fin des années 80. Résistant durant la guerre, militant contre la dictature des Colonels, violement battu lors d’une manifestation, emprisonné, etc.. C’est le symbole de l’intellectuel courageux qui lutta au péril de sa vie contre l’extrême droite. Le 13 avril 1970 il s’est exilé à Paris où il sera un proche de Mélina MércouriCosta-Gavras et tous les grecs de gauche. Il sera également ami d’Olof PalmeWilly Brandt et François Mitterrand. Tous les socialistes savent même que c’est lui qui composera la musique de l’hymne du PS de cette époque, le célèbre « Changer la vie » sur des paroles d’Herbert Pagani, qui est encore chanté régulièrement dans les fins de congrès par les militants ayant de la mémoire.

 

__KGrHqYOKo8E4iY7HLkvBONT_2Yic___0_3.jpg

Une fois rentré en Grèce, au milieu des années 80, par rejet du PASOK, il semble qu’il ait évolué progressivement, puisqu’il aurait même été un candidat en 1989 sur les listes du parti de droite Nea Dimokratia (Nouvelle Démocratie) qui est l’organisation sœur de l’UMP en Grèce. Mais désespéré par la situation économique et sociale de son pays, il évoluera à nouveau vers la gauche. C’est dans ce contexte, dans lequel il ne faut à mon avis pas négliger son grand âge, qu’il a fait sur une chaîne de la télévision grecque en 2011 des déclarations antisémites inacceptables. Rien de cela ne sera  relayé en France par un quelconque média ayant une audience de masse.

 

Parallèlement, au cœur de la crise financière grecque, au début de l’année 2011, il impulse un appel « Aux peuples européens » demandant l’arrêt des politiques d’austérité qui se conclue par  « Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire a été le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. Nous ne vous demandons pas un traitement de faveur parce que nous avons subi, en tant que pays, l’une des pires catastrophes européennes aux années 1940 et nous avons lutté de façon exemplaire pour que le fascisme ne s’installe pas sur le continent. » Puis : « bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et son esprit. Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme ». Cet appel qui aura un réel écho européen sera effectivement relayé par le blog de Jean-Luc Mélenchon en juin 2011. Comment imaginer que l’homme qui écrit cela, au vu de son passé, connu pour être un grand compositeur, antifasciste, socialiste, puisse être devenu sur la fin de sa vie antisémite ? Impossible à mes yeux. D’autant que deux jours avant Mélenchon, le 13 juin 2011, le site de Marianne 2 a publié l’appel de Théodorakis (cliquez ici). Pourquoi les attaques de l’UMP ne visent-elle pas ce journal ? Pourquoi ne disent-elles pas aussi que ce journal « accueille sur son site internet les gens qui font profession d’antisémitisme » ?  Parce qu’évidemment, elles seraient aussitôt pulvérisées et l’UMP serait attaquée en justice par la rédaction de Marianne.

Je donne aussi un autre argument. Le 22 mars 2007, Mikis Théodorakis se voit remettre la légion d’honneur par Renaud Donnedieu de Vabres (voir photo) alors Ministre de la Culture. Le Ministre lui rendra un long hommage appuyé et dira notamment : "Si vos chants ont toujours été associés aux luttes du peuple grec, votre musique s’est également déployée hors de ces frontières, grâce à des chefs d’oeuvre du cinéma (..), vous avez chanté votre amitié pour la Turquie, terre dont votre mère Myrto était une réfugiée. C’est la dimension universelle de votre musique que l’UNESCO a consacrée, en vous décernant son prix de la Musique en 2005. " Juppé et NKM n’y verront rien à redire. et même quelques mois plus tard, elle deviendra membre du gouvernement UMP qui décore Théodorakis. Personne ne fera alors la moindre critique, car pour tout le monde, Théodorakis est un artiste reconnu comme une figure de la résistance à l’extrême droite.

A ma connaissance, il faut attendre une petite note datant du 15 août 2011 sur la fiche wikipédia (dont tout le monde sait qu’il faut vérifier la rigueur des informations qu'on y trouve) de Mikis Théodorakis, pour commencer à entendre parler en France des propos antisémites inacceptables qu'il a tenus à la TV. Reconnaissons que tout cela est alors passé totalement inaperçu. Parallèlement, la campagne présidentielle a débuté. De multiples combats s’engagent, les regards sont désormais ailleurs.

Comment dans ces conditions, est-il possible de ne pas rejeter fermement les propos de Juppé et NKM ? Toute la gauche devrait être vent debout pour nous défendre. Comment ne pas admettre le caractère de basses provocations de l’UMP ? Voilà un artiste grec, connu de tous pour être un homme de gauche engagé dans la lutte contre le fascisme, auteur de l’hymne du PS, décoré en 2008 par un gouvernement UMP, à l’initiative en 2011 d’un appel très digne contre les politiques d’austérité qui frappent son pays. Cela, c’est ce que tout le monde sait de bonne foi en France. Qui peut imaginer il y a un an que le même tienne des propos à caractère antisémite un soir sur une TV grecque ? Impossible. Alors, comment peut on faire reproche à posteriori aux journalistes et nombreux militants français, comme Jean-Luc Mélenchon, qui en toute bonne foi ont relayé cet appel ?

Je conclus sur l'objet réel et la raison de tout cela. Il ne faut avoir aucune naïveté. La droite en crise est cette semaine rudement secouée par la pression qu’exerce le FN sur ses militants et ses élus. Désormais, des alliances vont avoir lieu. Nadine Morano drague ouvertement l'électorat lepeniste en faisant la Une du Minute de cette semaine. Gérard Longuet milite pour "dépestiférer" le FN. Dans deux circonscriptions au moins (Gard et Bouche-du-Rhône), le candidat UMP arrivé troisième, mais pouvant se maintenir, se retire et appelle publiquement à voter FN contre le PS. Ailleurs, l'électorat UMP, encouragé idéologiquement par ses responsables, va faire élire des députés FN. Pour justifier cette capitulation et ces liens avec ce parti xénophobe qui se noue progressivement mais sûrement, ils nous crachent dessus, comme d’autres le faisaient contre Jaurès, il y a plus d’un siècle. Empêchons, comme le disait le grand socialiste, « les limaces de grimper ». Et, on le sait, tant de haine a fini par armer le bras d’un exalté… Qui dit qu’un nouveau Raoul Villain n’est pas en train de déambuler dans les rues de Paris ?

Sur le terrain de la lutte contre l’antisémitisme, cet infâme poison, le Front de Gauche et ses militants sont toujours en première ligne. Nous sommes depuis toujours de tous les combats. Récemment, c’est encore nous qui avons le plus fort dénoncé le fait que Jean-Marie Le Pen réhabilite l’écrivain antisémite collaborateur Robert Brasillach sous les applaudissements de ses troupes et de sa fille. Le silence des autres partis contribuent à une banalisation que nous n’acceptons pas. De plus, utiliser le qualificatif infâmant d'antisémite de façon inadaptée et en toute situation dessert profondément la lutte contre l'antisémitisme.

Aujourd’hui, il y a urgence. J’appelle donc tous les dirigeants de la gauche française à défendre Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche face aux attaques du FN et désormais de l’UMP. Ce n’est pas seulement notre honneur qui est en jeu. C’est aussi le leur.

A. Corbière

Partager cet article
Repost0
10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 10:27

CE QU'UNE GOSSE DE 12 ANS A COMPRIS...DES ELECTEURS "MAJEURS" N'ONT TOUJOURS RIEN COMPRIS...

 

Partager cet article
Repost0
7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 10:27
Pour une véritable politique associative

La politique vis-à-vis des associations est fondamentale pour la vie de la société. Nous avons déja publié de nombreux articles montrant la mobilisation des citoyens et de leurs associations pour la défense des libertés comme des biens publics. Ci-dessous, c’est le collectif des associations citoyennes qui nous propose ses réflexions et propositions.

 

***

Six politiques remettent en cause l’action associative

1. La politique menée par l’État (LOLF, circulaire Fillon, régression de l’action de l’État) banalise le secteur associatif, favorise son instrumentalisation et cherche à le soumettre aux strictes lois du marché concurrentiel libre et non faussé sur des procédures mercantiles.

 

2. La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) constitue un démantèlement organisé de l’État et des services publics qui remet en cause la notion même d’intérêt général et d’action publique. L’action publique se concentre sur les plus grosses structures associatives, obligeant les petites à se regrouper.

 

3. Les charges nouvelles imposées aux collectivités et la suppression de leur autonomie fiscale les conduisent à la diminution de nombreuses aides aux associations.

 

4. La réglementation européenne privilégie le droit de la concurrence et refuse, sauf exception, la contribution des associations au bien commun. Elle créée pour les collectivités une insécurité juridique qui les amène à privilégier les appels d’offres, faisant basculer l’action associative dans le champ concurrentiel.

 

5. La réforme des collectivités territoriales renforcera l’impossibilité de cofinancements et l’instrumentalisation des associations dès lors que celles-ci n’auront plus qu’un seul financeur. Elle remet en cause les différentes formes de concertation entre associations et collectivités.

 

6. Les plans de rigueur successifs conduisent à de nouvelles ruptures de financement de la part de l’État et des collectivités locales en faisant reposer la totalité de l’effort de solidarité sur les salariés et les structures porteuses d’intérêt général, sans faire participer à un niveau identique les détenteurs du capital et les grandes entreprises transfrontalières du CAC 40.

 

Cela signifie que la vie associative est en train de connaître le sort qu’ont connu les services publics au cours des dernières années : une remise en cause pure et simple au profit de logiques marchandes !

 

Face à cela, plusieurs centaines d’associations se sont regroupées au sein d’un collectif des associations citoyennes pour dénoncer cette situation et en montrer les dangers. Mais leur démarche se veut également constructive et vise à élaborer des propositions alternatives, à inter agir en collaboration avec les collectivités territoriales, les syndicats et l’ensemble des forces vives des territoires.

Pour une véritable politique associative

Nous attendons d’un nouveau gouvernement un discours fondateur reconnaissant l’importance des actions associatives au service de l’intérêt général et du bien commun, de la démocratie et du vivre ensemble. Il s’agit de préparer la vie associative et l’engagement des citoyens dans la vie publique dont notre société a besoin au XXIe siècle. Il faut pour cela mettre en place une véritable politique du développement associatif qui reconnaisse par une série d’actes concrets et symboliques, l’importance des actions menées par ce secteur au service de l’intérêt général et du bien commun. Nous pouvons la résumer par 6 axes de propositions :

 

1. Renforcer le rôle des associations en matière de démocratie participative, de participation citoyenne et d’éducation à la citoyenneté en redonnant toute sa place à l’engagement bénévole, en favorisant l’accès des citoyens au débat public et leur participation à la décision publique.

 

2. Construire de nouvelles relations entre associations et collectivités, confrontées aux mêmes enjeux de survie des territoires, en développant des actions partenariales pérennes dans un esprit de complémentarité et de reconnaissance réciproque du rôle de chacun.

 

3. Créer de nouvelles modalités de financement pour les actions porteuses d’intérêt général ou d’utilité sociale, afin de les sécuriser dans la durée, en distinguant clairement les activités lucratives des activités économiques d’utilité sociale, en préservant du marché certains secteurs d’activités correspondant à des besoins de société auxquels ne peuvent répondre des entreprises privées. Sécuriser par la loi les actions menées au service de l’intérêt général et respectant certains critères élaborés en concertation avec l’ensemble des parties prenantes au projet (État, collectivités territoriales, associations, partenaires sociaux, mécènes…).

 

4. Abroger certaines dispositions de la réforme des collectivités territoriales en restaurant la compétence générale des départements et des régions et les différentes formes de concertation nécessaires à la mobilisation de tous les acteurs des territoires.

 

5. Mettre en œuvre une autre RGPP (révision générale des politiques publiques), fondée de manière équilibrée sur des critères tout à la fois quantitatifs et qualitatifs.

 

6. Peser sur l’élaboration de la réglementation européenne, afin d’exclure du champ de la concurrence les actions porteuses d’intérêt général, économiques ou non. Au-delà, il serait nécessaire de développer un droit européen de l’intérêt général appuyé sur la charte des droits fondamentaux des peuples, au sein desquels serait reconnu de façon positive le droit d’association.

Partager cet article
Repost0
7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 10:06
Des peuples, de leur existence, de leur capacité de résister à l’oppression
samedi 19 mai 2012
par  Florence Gauthier
 

La question du peuple est au cœur de très nombreux débats. Certains nient tout simplement son existence. D’autres lui donnent des définitions plus ou moins fantaisistes. Comme il n’y pas de Constituante sans peuple, nous publions ci-dessous un article de l’historienne Florence Gauthier, professeur à l’Université Paris 7-Denis Diderot, sur cette question. Il ne s’agit là que d’un premier apport qui sera suivi prochainement par d’autres.

 

***

Qu’est-ce qu’un peuple ? Le produit d’une histoire, celle de ses relations avec les autres.

L’impérialisme occidental est apparu en 1492, avec la conquête de cet immense continent appelé « Amérique » et dont les peuples ont été vaincus, mis en esclavage et détruits (Las Casas, N. Wachtel), tandis que leurs nouveaux maîtres perdaient leur humanité en devenant de nouveaux despotes, occupés de réduire leurs prochains en « instruments de travail animés » (Aristote). C’est ainsi qu’après avoir épuisé les « Indiens d’Amérique », ces nouveaux despotes déportèrent des captifs africains, pour en faire des esclaves en Amérique. Ce faisant, ils « inventaient », avec la plantation sucrière, une forme de capitalisme esclavagiste. Le sucre permettait, sous un volume réduit, une spéculation remarquable qui assura la fortune des sucriers près de trois siècles durant.

Ce système d’économie de domination connut une crise au XVIIIè siècle qui prit la forme d’un cycle de révoltes et de révolutions, durant plus d’un siècle, à la recherche des moyens de décoloniser et de libérer l’humanité de cette nouvelle forme d’oppression.

 

Du XVIe au XVIIIe s., l’idée d’humanité était liée à un universalisme anticolonialiste.

Dès les débuts de la conquête de l’Amérique, des Espagnols prirent peu à peu conscience des violences et des injustices que les conquistadors commettaient. Ces « indignés » rassemblèrent des témoignages de ce qu’ils appelèrent « des crimes contre les droits de l’humanité ». Ils redéfinirent l’humanité ainsi : c’est l’appartenance au genre humain. Chaque individu naît libre et a le droit de le demeurer : la liberté humaine se concevait en opposition à l’esclavage. Mais aussi, chaque peuple a des droits : à son territoire, à ses institutions, à sa culture et à ses croyances. Pour réaliser cet objectif, une alliance entre les peuples était nécessaire afin de mettre leurs moyens en commun pour se défendre contre les conquêtes et les systèmes d’économie de domination.

Du XVIe au XVIIIe siècles, des théories politiques se sont développées pour réaliser ce qui était un humanisme conjuguant les trois niveaux de l’existence humaine : les droits des individus, les droits des peuples et les droits de l’humanité tout entière, contre leurs oppresseurs. Cette conception du droit était celle du droit naturel.

 

Au cœur des droits de l’humanité, le droit naturel

Ce droit naturel venait d’une expérience antérieure. Au XIIe siècle, dans le domaine ouest-européen, des juristes fabriquèrent cette « petite phrase », « droit naturel » (Brian Tierney), afin d’institutionnaliser un vaste mouvement de révolte paysanne qui avait débuté un siècle auparavant. Ces paysans refusaient la féodalité, qui s’était développée depuis la chute de l’empire romain, parce qu’elle cherchait à généraliser une forme de servage. La révolte paysanne se développa durant plusieurs siècles, dans les Royaumes de France, d’Angleterre, d’Allemagne, en Espagne, en Italie du Nord, dans les Pays-Bas : même revendication centrale avec une chronologie différente (Marc Bloch, Rodney Hilton).

 

Les paysans obtinrent une transformation de la seigneurie qui supprima le servage. Les paysans partageaient des droits avec le seigneur : par exemple, les tenures paysannes étaient héritables et le seigneur ne pouvait chasser un tenancier de sa tenure. Les tenanciers devaient payer une rente au seigneur sous forme d’une partie de leur récolte dont le montant fut fixé et évalué en argent dans les « coutumes ». Le seigneur en France devint un rentier du sol, tandis que la communauté villageoise prenait la direction de l’organisation de l’économie rurale.

 

Les communautés villageoises furent reconnues comme ayant une personnalité juridique et leurs membres acquirent la liberté personnelle « par droit naturel ». Le roi reconnut leur forme de droit aux communautés villageoises avec leurs assemblées des habitants des deux sexes –mais oui et c’est bien dommage de l’avoir oublié !- qui organisaient la vie économique et sociale, géraient les biens communaux et les droits d’usage, protégeaient leurs « libertés et franchises », soit leur forme de pratiques démocratiques sur le plan local.

 

Ce fut à l’occasion du refus du servage par la paysannerie, que la monarchie, en France par exemple, comprit qu’elle pouvait créer son propre espace public en se présentant comme l’arbitre entre communautés villageoises et seigneurie. La justice royale devenue justice d’appel, permit au Roi d’affaiblir les pouvoirs des seigneurs. Le Roi de France s’engagea à protéger ses sujets de toute tentative de rétablissement de l’esclavage ou du servage et reconnut le droit propre aux communautés villageoises et les chartes des villes. Le Roi organisa encore les États généraux, comme forme de son grand conseil. Le Tiers état, soit l’ensemble du peuple roturier (ou non noble), envoyait ses mandataires, comme les ordres privilégiés du clergé et de la noblesse (qui représentaient moins de 1% de la population), pour débattre de la levée des impôts « ordinaires » et, éventuellement, « extraordinaires » en cas de guerre (Bavelier).

 

On aperçoit ici la forme de « gouvernement mixte » de ce royaume, à la fin du Moyen-âge. Des éléments de la souveraineté du peuple coexistaient avec celle du roi, mais aussi des institutions démocratiques (droit du peuple avec ses libertés et franchises et sa représentation dans les États généraux) ; aristocratiques (droit seigneurial, privilèges de la noblesse) ; et monarchiques (lois du roi et son pouvoir d’arbitrage).

 

Les sources attestent qu’au tout début du XIVe siècle, le Roi de France reconnaissait que la servitude était incompatible avec le droit naturel. Ce droit naturel avait été défini par les juristes au XIIe siècle comme « un pouvoir, une faculté humaine, une liberté, exercés selon la raison » (M. Bloch, B. Tierney).

 

En 1576, Jean Bodin, théoricien de la monarchie, précisait que le peuple, propriétaire collectif de la souveraineté, ne pouvait s’en dessaisir et que le roi en était le dépositaire à la condition de rester « sujet aux lois et aux conventions par lui traitées avec ses sujets ».

 

Les théories des droits des peuples du XVIe au XVIIIe siècles se sont nourries de la résistance médiévale à l’asservissement L’humanisme anticolonialiste s’est appuyé sur ces libertés et franchises médiévales qui leur ont permis d’élargir la résistance à l’oppression au genre humain tout entier. Les chartes de liberté des communautés villageoises et des villes ont inspiré l’idée d’alliance des peuples contre la nouvelle oppression des conquêtes coloniales. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les monarques devinrent absolutistes et l’économie coloniale esclavagiste concurrença celle des métropoles. Le système esclavagiste entra en crise profonde. De nombreuses révolutions se succédèrent, en Angleterre, dans les Pays-Bas, puis en Amérique avec l’Indépendance des États-Unis, puis en France.

 

Dans cette période, le Roi de France viola les lois et conventions du Royaume en s’endettant dangereusement d’une part et d’autre part en cessant de réunir les États généraux qui devaient consentir l’impôt. La monarchie devint un despotisme et le roi un tyran. Alors le peuple puisa dans son histoire les principes de sa faculté de résistance et les retrouva dans le droit naturel et sa conception de la liberté par opposition à l’esclavage : « on est libre en société lorsqu’on obéit à des lois à l’élaboration desquelles on a participé et donné son consentement ». Le peuple puisa encore dans ce qu’il restait de ses pratiques démocratiques pour construire son futur. Il actualisa dans ses Cahiers de doléances son programme économique et social ainsi que les principes de sa constitution.

 

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen votée le 26 août 1789 reprenait les principes du droit naturel : la liberté était conçue par opposition à un système d’oppression qu’il soit économique ou politique ; la souveraineté y est définie comme un bien commun, une chose publique, une république du peuple ; le contrat social est passé entre les citoyens eux-mêmes qui décident ensemble de définir les principes constituant leur société et non pas comme un contrat imposé par les gouvernants au peuple ; la loi ne peut être obéie qu’à condition de respecter la liberté des citoyens, qui consiste à participer à l’élaboration de la loi et de donner son consentement.

 

Mais les partisans d’un contrat de domination entre les gouvernants et le peuple s’opposèrent à l’idée d’un contrat social et firent tous leurs efforts pour imposer leurs vues.

A suivre…

Références bibliographiques :

Bartolomé de LAS CASAS, Très brève histoire de la destruction des Indes, (1552) La Découverte, 1979.

Nathan WECHTEL, La vision des vaincus, Paris, 1971.

ARISTOTE, La Politique, trad. de Marcel Prélot, PUF, Chap. 1. Du maître et de l’esclave.

Brian TIERNEY, The Idea of Natural Rights. 1150-1625, Michigan/Cambridge UK, 1997.

Marc BLOCH, Rois et serfs. Un chapitre d’histoire capétienne, (1920) Boutique de l’histoire, 1996.

Rodney HILTON, Bondmen made free (1977) trad. de l’anglais, Les mouvements paysans du Moyen-âge et la révolution de 1381, Seuil, 1983.

Jean BODIN, Les six livres de la république, (1583), Livre I, chap. 8, 122-129.

Adrien BAVELIER, Essai historique sur le droit d’élection et sur les anciennes assemblées représentatives de la France, (Paris, 1874) reprint Genève, 1979.

Partager cet article
Repost0
6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 16:10

Quand les manuels scolaires font l'éloge des marchés

Rédigé par Bertrand Rothé


La doxa libérale est malmenée comme jamais depuis quelques années, mais elle continue de régner en maître au lycée. Tour d’horizon des nouveaux manuels d’histoire de première où la critique du capitalisme se voit ignorée, voire même diabolisée.


(Manuels scolaires - MEIGNEUX/SIPA)
(Manuels scolaires - MEIGNEUX/SIPA)
Un socialiste est aujourd’hui président de la République française. Mais le socialisme, lui, késako ? Les nouveaux manuels d’histoire qui expliquent les XIX et XXèmes siècles aux élèves de première devraient aider à y répondre. Flambant neufs, ceux-ci viennent à peine de sortir des imprimeries suite à une réforme des programmes initiée par le gouvernement Sarkozy. A la définition du socialisme, on n’y trouve pourtant que des réponses alambiquées. Et même, ça tiraille sec. Les responsables du nouveau programme nous imposent leur catéchisme libéral, mais l’on sent bien que les rédacteurs des manuels, eux, doutent que le Parti socialiste soit encore socialiste. D’après leur grille de lecture, il y a en tout cas peu d’espoir que le PS remette un jour à nouveau en cause le capitalisme.

Une critique en creux

Chez l’éditeur Belin, le libéralisme trône dès la deuxième page du cours, alors que le socialisme se traîne à la trois cent douzième. Excusez du peu. La relégation n’empêche pas ce dernier terme d’être défini : «Idéologie et mouvement politique prônant, par la révolution ou par des réformes, la remise en cause de l’économie capitaliste.» La double peine. Comment nous suggérer que depuis 1983 le PS s’est pris les pieds dans les mots ? Tous y sont, mais dans le désordre : «Depuis sa révolution, ce mouvement politique remet en cause son socle idéologique et prône les réformes nécessaires au capitalisme.» Quelle claque ! D’après notre brochette de rédacteurs agrégés, seuls Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou ont encore le droit au label.

Les éditions Nathan éditent, elles, deux manuels de première. Les deux ont un lexique, et dans les deux lexiques il n’y a pas de définition du socialisme. Comment faut-il l’interpréter cet oubli ? Le socialisme est-il devenu inutile ? Dans les deux ouvrages en tout cas, le libéralisme a le droit à une belle définition. Un des deux précise ainsi que le libéralisme veut «assurer l’enrichissement général», alors que dans la même colonne la finalité du marxisme est, elle, totalement ignorée.

Dans un des manuels, un cours consacré aux idéologies s’avère aussi assez instructif. Au titre des courants qui «ont justifié ou combattu le capitalisme et la mondialisation», le socialisme n’a le droit de cité qu’en couleur sépia, au XIXème siècle. Il représente alors «la voie réformiste qui entend améliorer le sort des plus démunis en faisant adopter des lois sociales». Après ? Après ils disparaissent. Au XXème siècle, ils sont remplacés par les socio-démocrates. Le coup est rude. C’est pour cela que, parmi «les dirigeants des grandes puissances économiques» qui s’inspirent du libéralisme au cours des années 1980, le manuel oublie de citer Laurent Fabius et feu Pierre Bérégovoy. Il n’y en a que pour Reagan et Thatcher. Il eut pourtant été instructif de faire comprendre comment notre PS hexagonal changea alors de camp. La couverture de Paris Match où Hollande et Sarkozy soutenaient ensemble, sourire aux lèvres, la concurrence libre et non faussée du traité constitutionnel européen, en 2005, aurait pu illustrer le propos. Par tact, les rédacteurs se sont abstenus. Cela aurait pourtant permis aux étudiants de comprendre l’évolution du PS et pourquoi «au tournant du XXIème siècle» on ne parle plus du tout des socialistes parmi les résistants à la mondialisation et au capitalisme. Ils sont insensiblement remplacés par le «courant antimondialiste qui se mue bientôt en mouvement altermondialiste».

L’autre manuel Nathan traite tardivement du socialisme. En page 337 seulement ! Seul le féminisme est plus mal traité, ses combats n’étant relatés qu’en dernière page du manuel. Autant dire que pour terminer son programme, le professeur pourra aisément sauter ce «cadrage». Le chapitre s’intitule «L’organisation d’un puissant mouvement ouvrier». Comme le programme constate le déclin du monde ouvrier, ce passage pourrait faire penser que le PS a disparu avec les bleus de travail. A moins que l’explication de ce traitement ne se trouve résumé en douce dans la biographie de François Mitterrand, hors cours, à la fin du manuel. Pour le coup, la charge est violente : «Issu d’un milieu de droite…, il dirige la Vème République pendant 14 ans, incarnant d’abord l’alternance et les grandes réformes, puis la conversion du socialisme à la "rigueur"». Le mot libéralisme aurait été plus juste, mais point trop n’en faut. On se contentera de «rigueur». Seuls les lecteurs attentifs remarqueront cette critique en creux. Mais c’est incontestable, voilà les socialistes habillés pour l’hiver. Malheureusement nos profs rédacteurs ne peuvent pas aller plus loin, ils sont encadrés par les responsables des programmes, qui par leurs choix, ont restreint le champ des possibles.

La fiscalité, connais pas

Les nouveaux manuels de première ne parlent pas de fiscalité. La question de l’impôt a tout simplement disparu du nouveau programme. C’est dommage, les manuels d’avant la traitaient. Hachette Education proposait ainsi «deux réponses théoriques à la dépression : plus d’impôts ou moins d’impôt», la légende des tableaux confrontait «la réponse libérale : la déflation» à «la réponse keynésienne : la relance». Tout cela est tombé aux oubliettes.
Pour légitimer une éventuelle réforme fiscale du nouveau gouvernement, ne comptez pas davantage sur un cours qui traiterait de l’augmentation des inégalités depuis les années 1990. On aurait pu l’espérer après le chapitre sur la mondialisation. L’apparition à la fois de travailleurs pauvres et d’ultra riches, une de ses conséquences, aurait pu être choisie comme un exemple de ces «Mutations des sociétés» traitées par le programme.

Rien. Les responsables du programme ont préféré un très consensuel cours sur «l’immigration et la société française au XXème siècle», ce qui fait réagir Annette Wieviorka, dans un article récent du la revue l’Histoire : «Les nouveaux programmes d’histoire tendent à faire communier les adolescents dans les douleurs du passé.»

La mondialisation est inévitable

Si par hasard les socialistes avaient l’audace de proposer une pause dans le néolibéralisme mondialisé, ils vont également devoir ramer à contre courant. Le nouveau programme conduit à une résignation sans faille. La mondialisation y est présentée comme une lame de fond. La doxa libérale a bien fait son travail. Les étudiants doivent comprendre que la mondialisation configure le monde depuis cent soixante ans, soit plus de cinq générations, et que ce n’est pas un petit pays comme la France qui pourra l’arrêter. Comme le prouvent des articles récurrents publiés dans le Monde, les profs d’économie des séries économiques et sociales (ES) tentent de résister aux injonctions du patronat et des chroniqueurs des Echos, mais les responsables des programmes d’histoire, eux, se sont couchés.

Aucun élève de lycée ne doit songer à y échapper. Pour cela les 10 premières heures de cours sont consacrées à «Croissance économique, mondialisation et mutations des sociétés depuis le milieu du XIXème siècle». Même dans ses rêves les plus libéraux, Pascal Lamy, le patron de l’OMC, n’aurait pas osé. Le socialisme peut, au mieux, panser les blessés de la mondialisation. L’Histoire a prévenu notre nouveau président.

L’Etat providence est condamné

Le Belin termine son chapitre sur «Les bouleversements économiques et sociaux» par : «Depuis la crise des années 1970, les sociétés postindustrielles entrent dans une phase de croissance démographique et économique plus lente. Le chômage et la précarité renaissent : même s’ils sont amortis par l’Etat providence, ils rendent plus difficile son financement». Point. Un nouveau chapitre commence. L’histoire ne s’occupe pas de l’avenir. Sauf que les manuels réfléchissent à « quelle mondialisation pour demain ?». Un poids deux mesures. Devant la mort programmée de l’Etat providence, l’élève devra se débrouiller seul avec cette conclusion. L’historien chargé de son éducation ne lui dira pas que la France n’a jamais été aussi riche. Il ne fera pas davantage le lien entre ces difficultés de financement et l’explosion des inégalités.

Les idéologies n’ont aucun pouvoir

Il n’y a donc plus rien à espérer. Le programme précédent faisait encore une petite place aux idéologies. L’introduction se faisait par les «transformations économiques, sociales et idéologiques». Dans le nouveau, les idéologies ont disparu. Parties, à la trappe... C’est l’économie qui gouverne le monde et façonne la société, qu’on se le dise dans les cours de lycée. Avant, on étudiait «les courants qui tentent d’analyser la société industrielle pour l’organiser ou lui résister (libéralisme, socialisme, traditionalisme, syndicalisme)». Tout cela est derrière nous. Le programme ne fait plus référence aux résistances au capitalisme. Certains manuels y consacrent encore une page, mais ce n’est pas obligatoire. C’en est donc fini de la conviction commune à Keynes et à son cher ennemi le libéral Hayek «que ce sont les idées qui mènent le monde». Il n’y a pas d’alternative. Ici aussi le TINA de Thatcher s’est imposé. There is No Alternative.

La révolution impossible

Si par hasard, certains rêvent de forcer le destin par un grand soir, ils devront donc y regarder à deux fois avant de prôner la révolution. Le programme ne leur en donne qu’un seul exemple et celui-ci conduit directement au Goulag. La flèche est large et rouge de sang. Voilà le pourtant très conservateur Raymond Aron dépassé sur sa droite, lui qui écrivait dans son fameux cours : «Il serait injuste de juger l’ensemble du régime soviétique et son œuvre d’après le phénomène de terreur policière.» La Révolution russe de 1917 tue, mutile, déporte au même rythme que son cousin nazi. Et là, nos rédacteurs sont de concert avec les responsables des programmes. Dans un des manuels Nathan, la définition du Goulag renvoie à quatre pages, autant que les camps d’extermination. Le monde a bien changé en trente ans. Dès le deuxième renvoi, le bilan du NKVD dissuadera les plus énergiques. En deux ans, entre octobre 1936 et juillet 1938 précise la légende, 556 529 opposants seront condamnés à la peine de mort. De tels chiffres invitent à réfléchir à deux fois avant de s’insurger.

En histoire donc, comme ailleurs, les institutions défendent le libéralisme, avec d’autant plus de force que les individus doutent.
Partager cet article
Repost0