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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 10:41

On est tenté de répondre : droit dans le mur ! Si on examine la valse hésitation de ses choix, en particulier en matière économique et sociale.

Au début de l’été, on pouvait encore avoir quelques illusions, avec des mesures faibles et insuffisantes, mais qui semblaient s’orienter dans le bon sens, à gauche. Le sens de l’orientation dont François Hollande se réclame et pour lequel il a été élu le 6 mai. Le SMIC a été légèrement revalorisé - quelques miettes de pain - ainsi que l’allocation scolaire de rentrée, la mise en place des emplois d’avenir et des contrats de génération. Arnaud Montebourg s’est agité pour essayer de stopper les charrettes de licenciements, un temps bloqués par le Medef, le temps de la campagne électorale pour favoriser Sarkozy. Mais l’impatience et l’espérance ont renvoyé cet autre agité dans ses foyers.

Parallèlement, ce fut rapidement la fin du printemps avec la mise en œuvre de la stratégie de la rigueur juste. Il fallait absolument ramener le déficit public à 3 % dès 2013, pour satisfaire aux critères imbéciles de la politique européenne d’austérité qui est cause de la faillite de la Grèce, des énormes crises sociales, du chômage massif en Italie, en Espagne, au Portugal, et partout en Europe à divers degrés. Cela s’est traduit par le vote du traité « merkozy » que Hollande nous avait promis de ne pas signer en l’état. Ce qu’il a fait néanmoins sous prétexte d’un codicille de croissance économique insignifiant et inopérant.

Le plan d’austérité hollandais, tout comme celui de Sarkozy consiste à tailler dans les dépenses publiques. Certes les taxes ont d’abord augmenté pour les entreprises et les ménages les plus aisés, mais pour aussitôt être compensées par un cadeau fiscal de 20 milliards aux entreprises, compensé par la hausse de la TVA qui, elle, pèsera sur la consommation des ménages les moins favorisés. Cette TVA, appelée sociale par Sarkozy et qui mise à la porte, le temps des législatives, est revenue par la fenêtre. C’est, parait-il, pour renforcer la compétitivité des entreprises mise à mal par la crise, dont les marges seraient devenues trop faibles. Mais si on regarde la progression des dividendes, en particulier des boites du Cac 40[1], des salaires des hauts dirigeants de ces entreprises, on se dit que la crise n’est pas pour tout le monde. Si la consommation baisse, ce n’est pas celle du luxe, de LVMH, de M. Arnault réfugié en Belgique, des entreprises de construction de yachts…Ces cadeaux sont faits sans contrepartie véritable et sans garantie aucune que les fonds dégagés seront employés pour investir.. Nous savons par expérience que ce genre de mesures ne sont que des effets d’aubaine sans impact réel sur l’emplois, le développement de la recherche, qui se dégradent chaque jour davantage.

Nous savons que la relance de l’économie n’est pas un problème d’offre, de baisse des dépenses publiques, même s’il est utile de gérer mieux, d’éviter les gaspillages. La reprise de l’activité est une affaire de demande, et de consommation intérieure en France, pas seulement d’exportation, alors que 20% seulement des entreprises sont visées par la concurrence internationale.

La question du déficit et de la dette publique est un problème d’insuffisance de recettes, pas de la baisse des dépenses publiques dans lesquelles la droite a déjà taillé largement. Or ce que l’on a pris aux entreprises d’un côté, on leur rend de l’autre, pour un effet qui sera …nul ! Pourtant il y a des pistes, des niches qui peuvent rapporter gros : les cadeaux fiscaux et sociaux aux entreprises, particulièrement à des multinationales qui réussissent à ne rien payer ou moins que les artisans et PME, pour plus de 100 milliards. Et la fraude fiscale qui pourrait rapporter encore 50 à 60 milliards d’euros[2]. On pourrait en faire des choses avec ce fric-là ! Par exemple nationaliser Mittal…Encore que ce requin de la finance lié à Goldman Sachs mérite juste d’être exproprié sans compensation pour intérêt stratégique supérieur de la nation, et l’entreprise socialisée, remise pour partie aux mains des travailleurs, comme au Venezuela …Mais on est en France, avec un gouvernement de …la sociale démocratie libérale ! Car il ne faut plus dire de gauche, ce terme ne lui appartient plus.

Mais, me dira-t-on, les riches vont partir si on les persécute fiscalement. Les pauvres ! Mais si M. Depardieu, qui a profité  des aides publiques à la production cinématographique pour s’enrichir, et pas seulement grâce à son incontestable talent, s’exile en Belgique pour ne pas payer un surcroît d’impôts, il faut le boycotter. Lui, ses films, son vin et ses restaurants. Et puis, voter une loi – comme aux Etats-Unis – qui permettrait de prélever la différence entre ce qu’il aurait payé en France et ce qu’il payera en Belgique. Et, même le déchoir de sa citoyenneté s’il est avéré qu’il fraude et qu’il ne se comporte pas comme un honnête citoyen. Il vaut mieux bien accueillir chez nous ces étrangers qui travaillent et paient leurs impôts et leurs cotisations sociales, en leur accordant le droit de vote et leur permis de résider en France. Que les mauvais citoyens s’en aillent tous !

La diminution de que l’on appelle le coût du travail et qui n’est pas une charge, mais rien d’autre pour les cotisations sociales, qu’une partie différée de notre salaire, est un cadeau au moment où le gouvernement annonce 10 milliards supplémentaires de diminution des dépenses publiques à partir de 2014. Des cadeaux pour les uns, des restrictions pour les autres. Pourtant le FMI lui-même montre qu’augmenter les impôts est moins inégalitaire que de baisser les dépenses en période de réduction des déficits[3]. Cela s’ajoute « à l’augmentation de la TVA qui est un transfert de richesse des ménages vers les entreprises[4] ».

 Le gouvernement espère la création de 300 000 emplois[5] avec ces mesures. Mais il ne semble pas avoir tenu compte des effets de la hausse de la TVA qui pourrait bien coûter la moitié des effets escomptés pour un montant énorme dépensé par emploi crée…

Cette politique brouillonne et brouillée, avec des images symboliques comme le renoncement face à Mittal à Florange, PSA à Aulnay, et l’acharnement pour maintenir le projet pharaonique de l’aéroport de Notre Dame des Landes, aboutit aux résultats du scrutin récent des élections législatives partielles, avec un effondrement de la majorité EELV-PR-PS, où les électeurs de la gauche se sont largement abstenus, favorisant ainsi une remontée spectaculaire de la droite malgré ses divisions. L’abstention massive vaut à droite comme à gauche, mais plus à gauche qu’à droite, car elle ne progresse pas véritablement ou peu, tout comme le FN. La gauche, la vraie, celle du Front de gauche qui regroupe aujourd’hui quasiment toute la gauche de gauche (9 organisations) ne paraît pas, hélas, être une alternative crédible aux yeux embués des électeurs, à la politique insensée du gouvernement Hollande.

 

Le Front de gauche a des solutions.

Les groupes du FDG ont remis des propositions fiscales lors de leur entrevue avec le premier ministre le 8 novembre. Toutes ont déjà été votées par la majorité de gauche du Sénat (FDG, Socialistes, EELV) en septembre 2011. Elles représentent près de 30 milliards d’euros.

On peut rétablir l’ISF a hauteur de 800 000 €, supprimer les niches fiscales abaissant le rendement de l’ISF, ainsi que la niche « Copé », tranche supplémentaire d’impôt à partir de 100 000€ et non 150 000 comme prévu au budget 2013, augmentation de l’impôt sur les plus-values, majoration de l’impôt sur les sociétés pétrolières.

Pourquoi ce qui a été voté par la gauche dans l’opposition ne pourrait pas être appliqué aujourd’hui par la nouvelle majorité présidentielle ?

Et il faut un véritable cap, une vraie rupture avec ce système du capitalisme financier qui de crise en crise mène à la faillite et à la destruction même de la vie et de la civilisation humaine sur notre planète. Il n’ait pas besoin d’épiloguer sur ce qui vient de ne pas se passer à Doha au sommet environnemental. Une honte !

L’avenir ne notre société doit-être repensée, le développement économique s’établir sur la satisfaction réelle et utile des besoins culturels et sociaux des individus, pour leur émancipation et leur épanouissement, par la « planification écologique », avec l’appui populaire, l’élection d’une assemblée constituante pour en finir avec ce régime présidentialiste que la commission Jospin veut encore renforcer au lieu de supprimer. Montebourg, où est la VI° République que tu proclamais il n’y a pas si longtemps ?

Socialistes, écologistes, républicains, rejoignez la vraie gauche ! Sinon le pire, la peste brune point à l’horizon…

 

Allain Graux  

 Le 12.12.12



[1] Les 14 dirigeants les mieux rémunérés du CAC 40, ont encaissé plus de 4 millions et demi d’euros, soit deux fois et demi le revenu annuel d’un travailleur payé au SMIC. M. Agon de l’Oréal a perçu 7 700 000€, Ghosn de Renault qui licencie ou « réduit la voilure » 13 300 000€ ! Et les petits  du Cac, une centaine à plus d’un ou eux millions par an…

Le Taux de pauvreté touche plus de 8 millions de personnes qui survivent avec moins de 964 € par mois, 14,6 % de la population, plus qu’au Venezuela où la grande pauvreté est descendue à moins de 9 % …

Le premier ministre a prévu 2,5 milliards d’euros dans son « pacte de solidarité » présenté le 11 décembre, soit près de dix fois moins que le cadeau fiscal aux patrons : 20 milliards ! 

[2] Fraude fiscale : le gouvernement, néanmoins conscient a pris de mesurettes annoncées le 14 novembre. Il en attend un milliard de recettes supplémentaires sur la lutte contre la fraude des particuliers qui placent leurs économies à l’étranger. Les redressements notifiés en 2010 et 2011 étaient de l’ordre de 16 milliards. Une goutte d’eau dans un océan de fraudes… ( Source : Alternative économique dec.2012 - p8)

 

[3] REF : fiscal monitor, annexe1, FMI, octobre 2012

[4] Alternatives économiques- dec2012 – Christian Chavagneux .p 8

[5] ibid

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