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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 15:43

 

par Caroline Courson (son site) samedi 15 décembre 2012 -

L’hiver Grec ou les jours sombres à venir

Avenir : ce mot peut-il encore exister et avoir un sens quelconque dans le grand dictionnaire de l’Europe torturée ?

 

Un avenir pour quoi, un avenir pour qui, lorsque n’existent plus qu’un jour après un autre jour, une minute après une autre minute, à égrener le chapelet sans fin du froid et de la faim ?

 

A Athènes et dans tout le pays, le quotidien de l’hiver qui s’installe est suspendu au bon vouloir des vendeurs de bois, derniers garants possibles de l’existence d’un vrai « foyer » , qui s’enrichissent sans vergogne au même titre que les trafiquants d’or, grands amateurs de bijoux de familles en détresse… Oui, ces métiers là en ont peut-être encore un, d’avenir, tant que le peuple continuera à accepter leur cynisme et à se rendre à leurs exigences de marchands du temple !

 

Pas le choix ? Certainement ! Mais ça fait déjà 4 ans que la Troïka impose ses diktats politiques et économiques destructeurs de vie, et à ce train là, ça peut encore durer longtemps…

 

Dans l’Europe entière d’ailleurs (Espagne, Portugal, Italie, France…), les multinationales industrielles (Unilever, Leclerc, L’Oréal, Procter et Gamble…) spéculent ouvertement sur « le retour de la pauvreté » et adaptent cyniquement leurs stratégies marketing à cette misère qui s’installe : ils vendent pour quelques centimes de toute petites quantités de produits qui semblent ainsi plus abordables, laissant aux consommateurs l’illusion d’un certain pouvoir d’achat qui perdurerait. Sauf que, lorsqu’on ramène le prix au kilo, il s’avère en fait beaucoup plus élevé !

Voici donc l’avènement d’une nouvelle race de bandits, pas manchots pour deux sous : les spéculateurs de la paupérisation.

 

Ils existent depuis toujours, mais on pensait naïvement, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ne plus avoir à se rendre jamais à leurs exigences malhônnetes, hélas.

 

Reste qu’en Grèce, horrible redondance de l’histoire littéraire, la tragédie est partout : le 8 Décembre, en ce mois de Père Noël obligatoire, trois jeunes frères ont péri dans les flammes de leur « nouveau » moyen de chauffage, victimes collatérales du retour obligatoire à « la civilisation du bois » après 40 ans d’âge (tranquille ?) du fioul domestique. Trois jours plus tard, un vieux couple s’est donné la mort près d’Athènes pour « ne plus peser lourd dans la vie de leurs enfants ». Ce même jour, un homme affamé s’est jeté sous les rames du métro à Tavros.

« De nombreux citoyens des pays dits centraux n’ont sans doute pas réalisé qu’ils traversent pour l’instant leur 1938 (et ses illusions), tandis que les Grecs et peut-être bien les Espagnols, les Italiens et les Portugais subissent déjà l’hiver terrible de 1942 » (Panagiotis Grigoriou).

 

La stratégie de survie est, pour l’instant et pour presque tous, l’acceptation passive du « attendons demain et on verra bien… ». Mais cet immense désir d’adaptation que démontrent la majorité des citoyens à une situation devenant de plus en plus « folle » n’est peut-être pas la panacée. La grenouille qui s’évertue à s’habituer à l’eau qui chauffe progressivement finit quand même par mourir.

 

Car il y a aussi la montée de ce fascisme de l’Aube prétendue Dorée pour attirer les gogos, et le droit qui vient de lui être donné de porter des armes jusqu’en plein cœur du Parlement. Honte et sacrilège au pays mythique du pouvoir, pacifique et électoral, du Peuple et de ses citoyens !

 

Le plus grand cinéaste grec, Costa-Gavras, vient de sortir un film intitulé « Le Capital » où il nous montre comment les banques et les magnats de la finance internationale « jouent » à spéculer à tout va pour augmenter indéfiniment des profits dont ils n’ont que faire, ils n’arrivent même plus à dépenser tout l’argent qu’ils gagnent ! La scène finale les saisit dans leurs jeux, surexcités et bêtement heureux de leurs gains futurs tandis que le héros s’interroge : « Ce ne sont que des enfants, ils s’amusent, ils se distraient. Jusqu’à quand vont-ils continuer comme cela ? Jusqu’à ce que tout pète ! »

 

Mais pour l’instant, tout continue, comme avant… N’y a-t-il pas encore assez de douleurs pour qu’on se permette d’en attendre de plus horribles à venir ?

 

Là où la révolte devrait être quotidienne (il y a plus que matière aux soulèvements populaires !) si tout le monde voulait pousser ensemble un immense cri de détresse, ne reste qu’un semblant de démocratie froide et poisseuse, comme le brouillard saupoudré de fumées au cœur des villes de Décembre.

 

Mais l’Europe s’en fout, elle sommeille sur ses lauriers : on vient de lui remettre en grande pompe (Ah qu’ils étaient mignons Hollande et Merkel dans leur satisfaction béate et Candide « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » !) le prix Nobel de la Paix.

 

On va quand même pas pleurer la bouche pleine… de décorations ? Alors qu’on devrait se contenter de pain – ou de brioche (pré-révolutionnaire ?)

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