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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 18:56
Sarközy, un gamin de 10 ans ?

Le 21 décembre, la chaine franco-allemande ARTE va diffuser un documentaire passionnant : « Portrait d’un inconnu, Nicolas Sarközy » qui permet de constater de quelle façon, l’autocrate président est analysé par les journalistes politologues des plus grands journaux mondiaux.

 

Dans ce documentaire, la France de Sarko est passé à la moulinette, et, de l’Elysée qui fonctionne comme une cour royale, plus absolue comme république monarchique que l’Angleterre, à la nomination du « prince jean » tellement invraisemblable que la rédaction du Journal Chinois « Wen Hui Bao » a cru longtemps qu’il s’agissait d’un hoax, ou d’un coup tordu monté par l’opposition, ces journalistes du monde entier s’étonnent de cette cour Elyséenne où tout le monde dit « oui et amen  » même si elle sait que le pays fonce dans le mur.

 

Ils constatent que le Chef de l’Etat français est brouillon, agité, imperméable aux subtilités de la vie politique, plus doué en paroles qu’en actes, gérant la France au jour le jour, dont « les idées partent dans tous les sens et varient en fonction des évènements du jour  ».

 

Ce président est-il, comme le disait Poivre d’Arvor, comme un petit garçon dans la cour des grands ? Ce qui lui a valu, on s’en souvient, la perte de sa place au journal télévisé.

 

Entre John Lichfield, du journal britannique « The Indépendant » et Joëlle Meskens du journal Belge « le soir », en passant par Jean Philippe Schaller, de la télévision suisse romande, Octavi Marti, du journal espagnol « el Pais », Alberto Romagnoli de la RAI, Zheng Ruolin, du quotidien chinois « Wen Hui Bao », Charles Bremner, du « Times », Angela Charlton, de l’ATPN, ou Stephan Merseburger journaliste allemand, et d’autres, on ne peut que remarquer leur convergence d’analyse.

Accablante.

 

Ce qui surprend, c’est qu’on a l’impression qu’il fait le contraire de ce qu’il prétend : «  Je ne veux pas le pouvoir pour le pouvoir (…) Je vais donc réhabiliter le travail, l’autorité, la morale, le respect, le mérite (…) Je vais remettre à l’honneur la nation, l’identité nationale, et rendre aux français la fierté de la France (…) Je vous promets de dire la vérité, etc.  »

 

C’est John Lichfield qui ouvre le bal en déclarant : « lorsque j’ai pu le rencontrer afin de l’interviewer, j’ai eu l’impression de parler à un gamin de dix ans (…) J’ai commencé à avoir des doutes (…) Ses idées n’étaient pas très claires  ».

 

Lorsque, très tôt au début de son mandat, il s’est rendu en Afrique, il a réussi à se mettre à dos quasi tout le continent africain, ne réalisant que trop tard la gaffe commise en déclarant : « l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire ».

 Comme le dit Marie-Roger Biloa, de l’Africa International, à partir de là il est apparu comme « un ennemi de l’Afrique, quelqu’un qui n’a que du mépris pour ce continent et qui considère l’Afrique comme une nuisance et non pas comme une opportunité ».

Rien de surprenant que le documentaire montre un manifestant africain brandissant une pancarte évoquant à coté du nom présidentiel le mot cher à Cambronne. (sur la vidéo à 10’19’’)

 

Stefan Simons, du « Spiegel » pense que « Sarközy réagit au jour le jour », mettant aux oubliettes le principe de « gouverner c’est prévoir (…) Il ne s’est rendu compte qu’après avoir prononcé cette phrase qu’il avait dit une connerie ».

 

Pour Charles Bremner du « Times » : «  Il ne s’ennuie pas de grands principes philosophiques, il dit les choses un peu comme des slogans et il n’a pas beaucoup réfléchi sur les conséquences de sa phrase ».

 

Quant à Angela Charlton, de l’ATPN, elle reconnait : « quand je lis mes articles de l’époque, j’ai un peu honte de voir ma naïveté ».

 

Lichfield déclare « une fois élu, Sarközy a donné l’impression qu’il prenait des initiatives, mais dans le désordre, sans aucune cohérence, je pense qu’il s’est égaré dès le début ».

« Il n’avait pas compris ce que c’est que d’être président, il a déçu les français dès son élection  » ajoute Jean Philippe Schaller de la Télévision Suisse Romande, continuant « le yacht de Bolloré, les lunettes, le bling bling, la Rolex, La fête au Fouquet’s, les français attendaient autre chose (…) c’était quand même le président du pouvoir d’achat, du travailler plus pour gagner plus, et les gens voyaient surtout les cadeaux faits aux riches, le bouclier fiscal… ».

Steven Erlanger, (New York Times) : «  les français n’aiment pas qu’on leur parle d’argent, ils n’aiment pas les gens riches, ni qu’ils étalent leur fortune (…) je pense que ça les dégoûte, ils n’aiment pas les yachts, ni voir leur président évoluer dans ce milieu  »,

Joëlle Neskens du quotidien belge « Le Soir », «  l’homme qu’on attendait s’est révélé très tôt ne pas être celui là (…)une tromperie amoureuse   ».

Et puis il y a eu le discours de Latran, avec sa célèbre phrase : « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur, le curé.. (…) les racines de la France sont essentiellement chrétiennes »

Pour Joav Toker, de la télévision israélienne « le discours qu’il avait prononcé frôlait des limites particulièrement porteuses de problématique dans l’histoire française dans le rapport état-religion  ».

 

Puis invité au Vatican, Sarközy se permit d’arriver en retard, « du jamais vu » d’après le journaliste italien Alberto Romagnoli, et John Lichfield de continuer « pendant le discours du pape, il envoyait des messages avec son portable, tout ça a fait du tort à Sarközy, il n’a jamais pris sa fonction au sérieux, il s’est cru plus important que sa fonction de Président ».

 

Charles Bremner approuve : « c’est un homme qui ne se maitrise pas, qui ne se comporte pas avec dignité », idem pour Jean Philippe Schaller qui déclare « de temps en temps il pète les plombs  », le « casse toi pauv’con » en est la parfaite illustration.

« C’était tellement dans le réflexe que oui, pour une fois, on voyait sa vrai personnalité » conclut Stéphane Merseburger.

 

« Les français ont vite compris que Sarközy n’était pas l’un des leurs, il voulait se présenter comme un homme du peuple, et il ne l’est pas, il n’est jamais sorti de Paris et de Neuilly » ajoute John Lichfield.

Jean-Philippe Schaller : « C’était soi disant un génie, un stratège, en fait il était toujours un pas en arrière, courant après cette France qui lui échappait  ».

John Lichfield  : « Le plus intéressant, c’est la brutalité de sa chute, sa cote de popularité, au début de l’été 2007 (…) était à un niveau record près de 70% et il a perdu 40% de sympathisants en moins d’un an, une chute incroyable, une baisse de popularité jamais vue dans toute l’histoire de France, et il n’est jamais remonté dans les sondages  ».

 

Et puis il y a l’étalage de sa vie privé, un véritable « Soap Opéra », Dallas, du spectacle, Shakespeare tous les soirs, « le bruit et la fureur  »… dixit Schaller.

« Carla et moi, c’est du sérieux, la phrase historique, quel moment » se souvient Alberto Romagnoli, continuant : « réunir 600 journalistes du monde entier, avec des caméras et tout ça pour leur dire : Carla et moi, c’est du sérieux ! »

Schaller de la TV suisse de conclure : « ça m’avait semblé hallucinant (…) en gros, on était les témoins de mariage du Président » ce qui pour Charles Bremner « était un peu enfantin, de se comporter comme ça, et à partir de ce moment là, on lui a donné moins de crédit ».

 

Les journalistes s’étonnent aussi du contrôle quasi complet que Sarközy exerce sur les médias français.

 

Comme le dit Lichfield « que Sarközy puisse utiliser ses liens avec ses amis riches pour influencer les médias qu’ils possèdent, c’est fou ! Ce serait impossible dans n’importe quel pays, mais en France, ça semble presque normal », « il se mêle des nominations dans les rédactions, il est dans la séduction permanente  » confirme Schaller, et Lichfield d’ajouter : « quand il est face à un journaliste de télévision, je suis gêné pour ce dernier qui a tant de déférence envers lui ».

 

Pour ces raisons, il craint la presse étrangère, et comme le dit Angela Charlton : « dès qu’on parle, on a un accent, dès qu’il comprend que c’est un étranger, ça se voit sur son visage, il se ferme » ce que confirme Steven Erlanger au sujet des journalistes étrangers : « il ne les aime pas, il les voit comme un danger pour lui (…) capable de quitter impoliment une interview quand une question le dérange  ».

 

D’après ce même Erlanger, il est jaloux d’Obama, élu juste après lui, puisqu’on a cessé de parler de lui pour s’intéresser au président Américain, d’autant que malgré les efforts désespérés que notre autocrate présidentiel fait pour s’attirer l’amitié d’Obama, celui-ci ne cesse de lui faire comprendre la distance qu’il y a entre eux, ce qui, d’après le journaliste, « le rend fou furieux. »

 

Tout est là : Sarközy voudrait qu’on l’aime, alors qu’Obama s’en moque.

Alors qu’Alberto Romagnoli assure que « les français y ont cru une fois, 2 fois sera plus difficile  » il laisse le mot de la fin à John Lichfield qui pense que : « Sarközy est capable de tout pour garder le pouvoir ».

 

Comme dit mon vieil ami africain : « il vaut mieux allumer une bougie que de maudire l’obscurité ».

 

l'image illustrant l'article provient de "kamizole.blog.lemonde.fr"

Merci à Corinne Py pour son aide efficace

Olivier Cabanel

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