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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 10:55

Bonnet blanc et blanc bonnet

mai 9th, 2010

« Tous les regards se tournent vers DSK » (Europe 1)


« DSK est le mieux placé pour 2012, la droite le redoute » (Le Figaro)


« Vers un duel Sarkozy-DSK » (Le Parisien)


Lorsque, le 14 février dernier, dans un billet intitulé Une hirondelle ne fait pas le printemps, nous écrivions qu’ «  il importe d’être lucide dans la recherche d’une sarkozy-et-strauss-kahn.jpgalternative politique à Sarkozy et de ne pas se précipiter dans les bras du premier venu dont l’arrivée aura été préparée par ceux qui ont intérêt à ce que ce programme de “triple flinguage” se réalise. Attention à ce qu’une alternative à droite, ou avec un candidat centriste ou de gauche “libéral-compatible”, ne soit pas un miroir aux alouettes », nous ne pensions alors pas que le pronostic se réaliserait aussi rapidement.
  
Il faut dire qu’il y a urgence : avec 34 % d’opinions favorables seulement (et seulement 33 % des Français qui souhaitent une candidature Sarkozy en 2012), la réélection de Sarkozy apparaît de plus en plus problématique.
  

Un « cahier des charges » très clair…
  
Pour de nombreux lobbies, il est donc essentiel que l’autre finaliste de la présidentielle de 2012 présente les mêmes garanties et offre les mêmes avantages que l’actuel locataire de l’Élysée
 : au-delà du discours que cet « autre finaliste » devra tenir au bon peuple et sur lequel il dispose d’une grande latitude (ce n’est, après tout, que de la com’, du boniment de foire ; à lui de trouver la bonne recette), il importe avant tout qu’il continue de respecter le cahier des charges suivant :

– en premier lieu – c’est une évidence – ne pas s’opposer aux intérêts de ces lobbies. Pour la galerie, cela n’interdit pas les effets de manches contre les bonus des traders ou la dénonciation du « pouvoir de l’argent » mais, dans la « vraie vie », pas question, par exemple, de remettre en cause la règle selon laquelle la BCE ne peut pas prêter aux États membres.
Cette disposition permet en effet aux banques d’emprunter auprès de cet organisme à un taux bien inférieur à celui auquel elles vont ensuite reprêter aux États membres, engrangeant au passage des marges de plusieurs milliards d’euros ;

– en second lieu, poursuivre, morceau par morceau, le transfert au privé des services publics les plus rentables. Leur nombre s’est réduit, hélas, les plus belles pièces de cette vente aux enchères ayant déjà trouvé preneurs.
Il reste cependant un article de choix : le système de protection sociale, sur lequel lorgnent compagnies d’assurances, sociétés pharmaceutiques et autres réseaux de cliniques privées. En laissant à l’État – c’est-à-dire à nous – le soin de s’occuper des pauvres et des indigents, l’objectif de ces différents lobbies est de récupérer les consommateurs les plus rentables (classe moyenne supérieure et, bien sûr, classes les plus aisées), ceux qui ont les moyens, directement ou via leur entreprise, d’assurer leur santé ;

– enfin, continuer à mettre en place une fiscalité « adaptée aux enjeux du XXIe siècle ». En clair, touche pas à mes privilèges. Sarkozy avait réalisé un très joli coup dès le début de son mandat avec la loi TEPA, remarquable concentrateur de richesses sous prétexte d’aide à la transmission du patrimoine familial et de soutien au pouvoir d’achat.
Sur ce dossier, il faudra au minimum biaiser pour donner à ronger quelques os sans importance réelle mais pouvant faire l’objet d’un important battage médiatique, au mieux ne rien faire en optant pour une politique du « ni ni ».

… pour le candidat idéal

Pour remplir ce cahier des charges, et parce qu’il faut bien un opposant étiqueté « de gauche » face à Sarkozy au second tour de la présidentielle, Strauss-Kahn apparaît comme le plus indiqué : avec lui, pas de risque de dérapage vers « l’ultra-gauche ». Membre de l’establishment financier, le cénacle dans lequel il évolue, notamment depuis sa nomination au FMI, serait ravi de le voir accéder à ce poste.
  
dsk2.jpgCerise sur le gâteau, il est catalogué « social-démocrate responsable » et homme de gauche ! Cette étiquette, qui en fait rire plus d’un, présente un avantage majeur : Strauss-Kahn est remarquablement placé pour mener une politique d’endormissement collectif, de fausses promesses et de tergiversations permanentes. Avec Strauss-Kahn à l’Élysée, la probabilité d’une remise en cause sérieuse du pouvoir des lobbies est à peu près aussi élevée que celle de rencontrer un ours polaire au milieu du Sahara.
  
Une finale Sarkozy - Strauss-Kahn en 2012, c’est en définitive le dream team des lobbies, notamment ceux de la « bancassurance », et de l’establishment financier. Pour eux, c’est un match de rêve, un « Pile je gagne, face tu perds ».
Pour la France et les Français, c’est la garantie que la société inégalitaire qui se renforce un peu plus chaque jour consolidera ses assises pendant cinq autres années.
  
  
Lundi
© La Lettre du Lundi 2010

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