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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:21
La controverse Censier

Je regarde le débat autour de la pétition appuyée par Joël Censier dont le fils a été assassiné le 22 août 2009 à NAY ( 64) et je me dis que j’ai déjà vu une controverse de cette nature.

 

Nous connaissons la controverse Valladolid. En deux mots, Charles Quint voulait que ses sages lui indiquent s’il était légitime de coloniser les populations d’Amérique du sud. Mais on se souvient davantage de la pièce de théâtre où l’ami Carnet et son camarade Marielle ont fait voir à leurs petits camarades ce que voulait dire être acteur. La pièce est centrée sur le thème : les « indiens » ont-ils une âme.

 

A nos yeux, nos yeux du 21ème siècle, nous mesurons combien cette recherche de justification de destruction d’une civilisation différente était absurde.

Absurde, tout autant que de chercher dans le témoignage de Joël Censier une intention politique.

 

Absurdes, les gens qui le soutiennent avec une arrière pensée, mais tout autant ceux qui veulent détruire son témoignage. Y aurait-il des justiciables de droite ou de gauche ? Absurde. Y aurait-il des victimes de droite ou de gauche ? Tout autant absurde.

 

Tant qu’il y aura des solutions de droite ou de gauche, nous ne verrons pas le bout du tunnel.

 

Il ne devrait pas y avoir de débat et une bonne fois pour toutes, comme le réclame Rebsamen dans le livre sur la sécurité du parti socialiste, il faut débarrasser la sécurité et la justice de tous soucis partisans pour faire le constat réel de la situation, pour prendre les décisions propres à assurer une justice digne de notre pays.

Les gens qui politisent le débat, de fait, aujourd'hui, placent les victimes du côté de la droite et les vilains criminels à gauche. Quand vont-ils arrêter de se tirer des balles dans les pieds ? N’ont-ils pas entendu le discours de leurs leaders … La sécurité est problème national, il n’y a pas de solutions partisanes, mais des solutions intelligentes.

 

Avons-nous regardé avec précision ce que dit Joël Censier. J’ai bien peur qu’aveuglés par leurs craintes de voir le débat sur la sécurité dominer la prochaine campagne électorale, beaucoup ne pensent qu’à interdire le témoignage du PERE DE LA VICTIME.

 

Plutôt qu’interdire, la mode de l’anathème est aujourd’hui une pratique courante et au nom de la liberté d’expression, beaucoup se font les censeurs de ce qui leur déplait. Ils n’ont pas encore osé nous présenter ce témoin comme un guerrier extrémiste bardé d’armes, les bandes de munitions croisées sur le ventre, mais si on laisse faire, c’est dans cette direction que le débat va dévier.

 

Un homme, une victime, donne son sentiment profond à la suite d’une affaire qui le touche dans sa chair. Il décrit avec ses mots ce qu’il a vécu.

 

Et alors …… alors ce n’est pas moi qui lui reprocherai le moindre de ses excès dans le constat qu’il fait de la procédure qu’il a vu se dérouler sous ses yeux, ses yeux à lui, ses yeux de victime. Et je pose la question, qui ose juger cet homme, au nom de quoi ?

 

Je trouve cet avocat, dont je ne citerais pas le nom par respect pour cette profession, complètement déplacé. C’est sur la place publique qu’il vient participer au procès qui n’a pas encore eu lieu. C’est un professionnel de la justice qui plaide devant un tribunal virtuel. Sa place est dans la salle d’audience et si ce que dit Monsieur Censier à quelque chose de mensonger, c’est dans une salle d’audience que l’avocat en question doit s’exprimer et ne pas se conduire comme un quidam commun. Je n’y vois pas grande dignité, ni grande estime pour sa charge.

 

Joël Censier se plaint de la procédure judiciaire, de la libération des présumés coupables avant tout jugement par une manœuvre procédurale.

Je ne retiens qu’une chose, c’est un retard dans la réponse des juges qui a provoqué la libération du principal mis en examen.

I

l n’y a pas lieu de s’opposer à qui que ce soir, à quoi que ce soit, lorsque l’on observe cela de l’extérieur, mais bien de tracer le déroulement de la procédure et de trouver où "le bât blesse" .

 

Je vous le dis sincèrement, il faut arrêter de changer les lois au moindre prétexte, mais il convient de donner les moyens aux magistrats de suivre les dossiers. Il convient de constater simplement que notre pays a négligé sa justice et que nous n’avons pas assez de juges.

 

Il convient de constater que nos prisons ne sont pas dignes, et que les peines sont raccourcies par manque de place, par manque de dignité dans le traitement des détenus. A quel résultat peut-on arriver en entassant les gens dans des conditions pareilles ? A la fin du 19ème siècle, la prison de Fresnes a été construite pour ne recevoir qu’un seul détenu par cellule.

 

Où en est-on aujourd’hui ? Avons-nous-le moindrement progressé ? La réponse est évidente. Non.

 

Alors cessons ces débats secondaires sur l’origine de l’énoncé des problèmes, concentrons-nous sur le problème lui-même, ne nous laissons pas manipulés par des controverses fabriquées de toute pièce, et attachons-nous à améliorer la situation en gardant à l’idée que demain, nous tous sommes susceptibles de passer dans les mains des juges.

 

Je sais qu’aujourd’hui, ce discours passera mal, qu’il va heurter de plein fouet l’actualité, l’assassinat d’une enfant en Haute Loire par ce qui semble être un récidiviste, mais je n’y change rien.

Soyons prêts à recevoir les paroles des parents de cet enfant mort pour rien, portons attention à ce qu’ils nous disent, mais ne tirons des conclusions que dans la réflexion.

Jacky Mestries, directeur de publication d'armee-media.com

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