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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 12:56

En Allemagne en 2002, Schröder le Président du SPD, impose de justesse sa coalition avec les Verts face au Chrétien-Démocrate Edmund Stoiber aux législatives. La hausse du chômage et les mauvaises perspectives économiques l’incitent à mettre en place l'agenda 2010 qui provoque la colère de son électorat et une chute de sa popularité, une série de réformes destinées à réduire les dépenses de l'État, notamment en fusionnant les allocations sociales avec celles du chômage, les salaires à un euro pour les chômeurs, etc…comme le préconisait la commission présidée par Peter Hartz. Le 22 novembre 2005, trente-cinq jours après la fin de son mandat, Schröder cède sa place à Angela Merkel, se retire de la vie politique et se lance dans le monde des affaires.

Dix ans plus tard, est-ce l’avenir qui nous est promis avec la mise en œuvre des mesures du gouvernement Hollande : le retour de l’UMP avec en prime l’extrême-droite dans bagages?

Dans un précédent article, je me posais la question : où va Hollande ? Question faussement naïve, je l’avoue, car je me doutais bien de la direction empruntée par ce Président élu par une majorité de gauche. Une majorité dont il ne respecte pas l’une de ses composantes qui représente 4 millions d’électeurs, ceux du Front de Gauche. Par touches successives, François Hollande nous emmène tout droit sur la troisième voie chère à Tony Blair et  Schröder, une voie sociale-libérale qui a tous les inconvénients du libéralisme et pas grand-chose de social. Passé le mois de juillet 2012, avec quelques mesurettes marginales, le premier acte fondateur a été la signature du TSCG, le traité européen de stabilité qu’il s’était engagé à renégocier. Il n’a rien obtenu d’Angela Merkel, sauf un codicille de croissance économique sans crédit supplémentaire et sans garantie[1]. De la poudre aux yeux ! Puis ce fût une série de mesures prises sous la pression du MEDEF qui exigeait une baisse du « coût du travail, des charges sociales[2] ». Traduire par baisse des salaires et des cotisations sociales, pour restituer aux mots leur véritable signification. Plutôt que de toucher aux dividendes et aux prébendes des champions du CAC 40, il adopte certaines dispositions du rapport Gallois : 30 milliards d’allégements sur le budget dont 20 milliards pour les cotisations patronales et 10 milliards d’allègement de cotisations salariales, un inédit. Pourtant la Cour des comptes avait déclaré en 2009, que : « les nombreux dispositifs d’allégement des charges sociales étaient insuffisamment évalués en dépit de la charge financière croissante qu’ils représentaient pour les finances publiques : 27,8 milliards d’euros, soit 1,5% du PIB. S’agissant des allègements généraux sur les bas salaires, leur efficacité sur l’emploi était trop incertaine pour ne pas amener à reconsidérer leur ampleur… »

Et puis, il faut y ajouter la hausse de la TVA en 2014, alors que les socialistes s’y étaient opposés en 2011 sous Sarkozy. Il s’agit de faire payer aux seuls salariés une prétendue déficience de compétitivité, de leur faire payer le crédit d’impôt (CICE) aux entreprises. Cette augmentation du plus injuste des impôts – car il touche de la même, façon les pauvres et les riches – aura un effet récessif sur la consommation des ménages qui n’avait pas besoin de cela dans cette période vaches maigres.

Avec la nouvelle loi dite ANI[3], qui va entériner l’accord inique conclu entre le Medef et des syndicats minoritaires (CFDT, CFTC, CGC), nous atteignons le comble de l’iniquité[4], dans la ligne de ce que proposait Sarkozy avant qu’il ne soit chassé du pouvoir par une majorité de Français qui ne voulaient justement pas de cette politique d’austérité et de régression sociale.  A la baisse des salaires et l’augmentation du temps de travail s’ajoutent des mesures qui accroissent la flexibilité des travailleurs, non seulement sans garanties d’emploi, mais en supprimant les garanties légales qu’ils avaient. Il y a quelques années, l’émotion suscitée par un tel programme pour un gouvernement qui se prétend de gauche, aurait provoqué…une révolution citoyenne ! Est-ce imaginable de diminuer les salaires ? Et ce n’est pas tout, les retraités vont aussi passer à la caisse. Ce seraient de nouveaux riches, qu’il faut ponctionner et pour ceux qui sont sur le point de l’être, il faudrait encore retarder l’âge de départ. Où s’arrêtera-t-on sous prétexte de compétitivité ? Il faut-être compétitif avec qui ? Les Chinois, les Indiens, les Brésiliens ? Mais il faudrait pour cela s’aligner sur les salaires chinois, indiens, brésiliens…Les solutions aux problèmes de la désindustrialisation[5], donc de l’emploi, comme de la dette, ne sont pas dans ces dispositions. Ça tombe sous le sens commun, pas besoin d’avoir fait l’ENA pour le comprendre ! On envisage et on prend des mesures de contrainte sociale et salariale, mais jamais, ou à la marge, de lois fiscales qui taxeraient fortement les profits et les dividendes. Pourtant ce qui est en cause c’est plus le coût du capital que celui du travail. Les revenus nets distribués représentent 9% de la valeur des sociétés non financières, niveau historique record depuis la seconde guerre mondiale, contre 5,6% en 1999[6].

La politique de l’Union Européenne, a l’inverse de celles des Etats-Unis, du Japon, du Royaume-Uni, de drastiques mesures d’austérité pour réduire la dette publique, outre les conséquences désastreuses qu’elle provoque sur le plan social, conduit à une appréciation de l’Euro[7] qui augmentent  les coûts des produits européens. Ceci alors que ces pays font tout ce qu’il faut pour affaiblir leur propre monnaie. L’Europe de l’Euro devrait donc mener une politique de contrôle des changes, tout comme les Chinois qui ne s’en privent pas.

Les mesures de rigueur budgétaires s’allongent, n’en finissent pas, et la reprise économique s’éloigne d’autant, à la différence là-encore d’une politique américaine qui favorise la relance économique et la consommation, sans s’acharner à réduire la dette publique, mais plutôt celle du privé, pour soutenir les revenus. Le poids des dettes s’en trouve mécaniquement allégés. Cette rigueur pèse sur une croissance attendue de 0,8% en France. Le gouvernement, après avoir longtemps fait la sourde oreille, a dû convenir qu’elle ne dépasserait pas les 0,3% comme l’indiquait le FMI ; et encore, ce n’est pas sûr, la récession guette l’économie française selon de nombreux indicateurs[8]. Ce seront des recettes fiscales en moins, donc un alourdissement du déficit. Et alors, une nouvelle cure d’austérité, de nouvelles attaques contre la protection sociale ? A ce régime, le malade est certain de mourir guéri !

 

Il y a une alternative, d’autres solutions.

Des mesures urgentes et immédiates pour dégager de nouvelles recettes :

- la suppression des niches fiscales sans utilité ; elles représentent 42Mds d’€. Celles liées à l’impôt sur les sociétés : 80Mds.

-Taxer les revenus du capital à la même hauteur que les revenus du travail avec 14 tranches progressives, avec un revenu maximum équivalent à 20 fois le revenu médian[9]. Gain : 20 Mds d’€.

- relancer la consommation, soit la demande et non l’offre comme le propose le maire socialiste de Lyon, Gérard Colomb, avec un smig à 1 700€ brut, le relèvement des minima sociaux.

- Partager le travail et donc franchir une nouvelle étape par la réduction du temps de travail, C’est-à- dire abolir tous les dispositifs qui ont remis en cause les 35h et la retraite à 60 ans.

« La mise en œuvre des 35h entre 1998 et 2001 avait pourtant apporté la preuve, avec deux millions d’emplois créés sur cette période, des comptes extérieurs en excédant, des comptes sociaux équilibrés, que le partage du travail est un levier d’action majeur dans la lutte contre le chômage. » Ce n’est pas moi qui le dit - mais j’y souscris – c’est Guillaume Duval dans le numéro de mars d’Alternatives économiques. Et encore, contrairement à ce qu’assènent les économistes patentés et commentateurs institutionnels, toujours les mêmes, les salariés hexagonaux travaillent aujourd’hui chaque semaine plus longtemps que la moyenne de la zone Euro, et notamment plus longtemps qu’en Allemagne où il a été réduit de 0.3h pour 0.1h en France et de 0.6h dans la zone euro.

- une vraie flexi sécurité, ce sont de nouveaux droits pour les salariés et non leur remise en cause, avec l’interdiction des licenciements économiques dits boursiers et la mise en œuvre d’une véritable sécurité sociale professionnelle qui assure la continuité de leurs droits en cas de licenciement.  C’est l’inverse qui est accepté avec la loi ANI.

Et pourquoi ne pas exproprier les propriétaires d’entreprises qui organisent des faillites frauduleuses. Ces entreprises seraient remises aux salariés organisés en coopérative, comme cela se fait au Venezuela.

- Il est nécessaire de préparer et mettre en œuvre une Planification écologique qui permette de réussir la transition énergétique (fin du nucléaire et des énergies non-renouvelables) et la réindustialisation, au besoin en nationalisant les filières stratégiques abandonnées par le grand capital, dans le cadre d’un production nouvelle pour produire mieux et autrement, consommer intelligemment ce qui correspond à la satisfaction de nos besoins, principalement ceux qui sont essentiels à tous.

 

Ces propositions, on peut les trouver dans le programme du FRONT DE GAUCHE : l’HUMAIN d’ABORD. Il n’a rien perdu de son actualité.

 

 Allain Graux

Le 18.03.2013

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