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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 10:28

L'appel pour une justice indépendante et impartiale

 

Mediapart accueille l'Appel du 14-Juillet pour une justice indépendante et impartiale dans les affaires Bettencourt. Vous pouvez le signer en ligne sur le site de médiapat.

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APPEL DU 14 JUILLET 

Pour une justice indépendante et impartiale 

À propos des affaires Bettencourt 
 

Les affaires Bettencourt qui dominent la vie politique française depuis plus de trois semaines donnent en spectacle une justice aux antipodes des principes directeurs du procès pénal et des exigences du droit européen récemment rappelées par la Cour européenne des droits de l'homme dans ses arrêts «Medvedyev».  

Le procureur de la République de Nanterre comme le procureur général de Versailles, du fait de leur lien direct et statutaire avec le pouvoir exécutif, ne peuvent présenter aucune garantie d'impartialité.  

Quant à la procédure d'enquête préliminaire privilégiée par le pouvoir dans ce dossier, elle est secrète et non contradictoire.  

Il est urgent qu'une instruction soit ouverte et qu'elle soit confiée à un collège de juges indépendants respectant les règles du procès équitable, notamment la présomption d'innocence, le principe du contradictoire et les droits de la défense.  

Le discrédit jeté sur notre justice ne doit plus durer.  

 

NDLR:Même si nous sommes plus que prudents au regard des dispositions du droit européen dont nous connaissons  les tendances ultralibérales, nous ne pouvons que nous associer à cet appel concernant l'indépendance de la justice dans notre République.

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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 22:38
Affaire Bettencourt ou comment la justice se hâte lentement

Tribune parue dans Libération le 9 juillet 2010

Tribunes, publié le 9 juillet 2010, mis à jour le 12 juillet 2010

 

Depuis quelques heures, une petite musique court sur les ondes : le procureur de la République de Nanterre estime « qu’il pourrait être envisageable de faire vérifier les éléments révélés dans les conversations » enregistrées au domicile de Liliane Bettencourt et le procureur général de Versailles confirme qu’il « envisage effectivement une enquête pour blanchiment ».

 

Diable ! Le parquet serait donc finalement indépendant et s’apprêterait à faire subir à l’exécutif de durs moments ! Regardons-y d’un peu plus près…

 

 

Premier bémol : le rapport du procureur de Nanterre à sa hiérarchie, dont le journal le Monde a révélé quelques éléments, lui propose une analyse de l’affaire et de ses suites envisageables « sauf meilleur avis de votre part ». La formule, classique, est celle de la soumission au bon vouloir de l’autorité supérieure ; autrement dit le procureur de Nanterre n’agira qu’avec l’accord de son procureur général. C’est un peu : « retenez-moi, où je fais un malheur ! » Ce n’est pas, en tout cas, la meilleure preuve de l’indépendance d’un procureur « de base ».

Quant à l’autorité supérieure du procureur général, la garde des Sceaux soi-même, que dit-elle ? Qu’elle « ne fera pas obstacle » à une enquête que le parquet peut effectivement décider d’engager. Si l’on prend la ministre aux mots, elle aurait donc délibérément choisi de laisser le parquet libre d’agir. On serait confondu d’admiration devant une telle largeur d’esprit si les instructions individuelles par lesquelles la ministre demanderait le classement d’une affaire étaient autorisées.

 

Mais, deuxième bémol, elles ne le sont pas. Autrement dit, la ministre n’a pas le choix, mais elle laisse néanmoins entendre qu’elle l’aurait… Lapsus ou propos délibéré ? Dans un cas comme dans l’autre on reste songeur quant à la conception qu’ils traduisent de ses relations avec la hiérarchie parquetière…

 

Au demeurant, la garde des Sceaux a l’art des formules accommodantes chaque fois qu’il s’agit de s’expliquer sur les liens entre l’exécutif et la justice. Interrogée sur les relations entre l’entourage de madame Bettencourt et le conseiller justice de l’Elysée, elle croit en effet suffisant de répondre : « Il est logique que l’on s’informe, et informer ne veut pas dire intervenir. » Lorsque l’on apprend, par les fameuses écoutes, qu’en réalité madame Bettencourt a pu être informée, par avance et par les bons soins de ce même conseiller justice, de la décision que le procureur de la République prendrait, plusieurs semaines plus tard, de classer la plainte de sa fille, on voit que l’information n’est pas seulement montante, mais aussi descendante et qu’elle se nourrit de concertations étroites entre l’Elysée et le parquet de Nanterre.

 

 

Troisième bémol : l’enquête préliminaire, que le parquet « envisage » d’ouvrir présente finalement de nombreux avantages. Car quelle serait l’alternative, au point où nous en sommes des révélations qui sont désormais sur la place publique, sinon l’ouverture d’une information judiciaire, confiée à un juge d’instruction, autrement dit un juge indépendant ? Nul ne doit être dupe : c’est bien le contrôle d’une enquête, désormais devenue inévitable, qui constitue aujourd’hui l’enjeu pour l’exécutif. Et de ce point de vue une enquête préliminaire est bien le moindre mal !

 

Pour preuve, la promptitude avec laquelle le procureur de la République de Nanterre a relevé appel du jugement du tribunal correctionnel décidant un supplément d’information dans le cadre de l’affaire d’abus de faiblesse dont il était saisi et qui justifiait toutes sortes d’investigations sur la gestion de la fortune de madame Bettencourt. Il faudrait être naïf pour admettre, comme on tente de le faire croire, que cet appel serait le fruit de la seule animosité personnelle qui opposerait ce procureur à la présidente de ce tribunal. Ce serait faire injure, d’ailleurs, à la collégialité dans le cadre de laquelle ce supplément d’information, à haut risque pour l’exécutif, a été décidé par un tribunal composé de trois magistrats indépendants.

Maîtriser l’enquête, c’est bien sûr en contrôler l’objet et le périmètre, mais c’est aussi en dominer la chronologie. Et de ce point de vue, quatrième bémol, le moins que l’on puisse dire, c’est que, pour l’instant, le temps est géré de manière assez équivoque. On remarquera d’abord que le procureur de la République de Nanterre a été plus prompt à ouvrir une enquête préliminaire pour violation de la vie privée qu’à s’intéresser au contenu même d’écoutes qui suffisait pourtant largement, dès l’origine, à justifier quelques investigations.

 

On ajoutera que si l’ouverture d’une enquête pour blanchiment est officiellement différée, le temps de vérifier l’authenticité de ces enregistrements, cette précaution n’a pas été jugée nécessaire, alors même qu’elle l’était tout autant, pour enquêter sur une atteinte à la vie privée. On remarquera enfin qu’un rapport du 23 juin du procureur de la République de Nanterre est encore examiné avec circonspection, près de quinze jours après, par sa hiérarchie, qui « envisage » d’y donner suite un jour prochain : décidément, cette prudence fait contraste avec la célérité avec laquelle il a été décidé que le tribunal ne devait surtout pas s’occuper de cette affaire.

 

 

Que conclure de tout ceci à ce stade ? D’abord, que, comme le Syndicat de la magistrature le dit, le statut du parquet et l’indépendance toute relative dont il dispose ne sont pas à la mesure des pouvoirs considérables qui sont les siens et de la tentation permanente de l’exécutif d’en disposer comme d’un bras armé pour mieux contrôler les affaires sensibles. Et aussi que lesdites affaires sensibles ne peuvent et ne doivent être confiées qu’à des magistrats, qu’ils s’appellent juges d’instruction ou autrement, disposant de toutes les garanties d’indépendance nécessaires. Car ne nous y trompons pas : sans l’initiative d’une procédure prise par la fille de Madame Bettencourt et la ténacité d’une presse qui retrouve ses réflexes de contre- pouvoir, il n’est pas tout à fait sûr que le parquet général de Versailles « envisagerait » aujourd’hui d’ouvrir une enquête pour blanchiment.

Patrick Henriot, vice-président du Syndicat de la magistrature

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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 11:06
Justice: la balance coincée
Lorsqu'on n'est ni journaliste, ni avocat, ni américain, on a tendance à prendre la justice avec des pincettes et à se retenir d'oser la moindre critique. Les journalistes eux, savent en général à peu près où ils mettent les pieds, les avocats sont de la maison, et les américains ont le 1er amendement à leur Constitution qui leur garantit la liberté d'expression. Chez nous, si le vulgum pecus trouve à blâmer le fonctionnement de la Justice, il hésite à le dire. C'est que dans notre pays, l'indépendance de celle-ci relève de la fiction, tout comme l'idéal démocratique dont se gargarisent les politiques. On se représente plus aisément la Justice armée d'un bâton que tenant la balance de l'équité… Il vaut mieux être riche et puissant pour se frotter à elle.

Tenez, prenons le cas de l'affaire Sarkozy-Woerth qui a fait grimper en quelques jours la température de notre vie publique… Nous avons un président qui se retrouve avec un deuxième soupçon de financement illicite d'une campagne électorale. Le premier, remonte à la candidature d'Edouard Balladur à la présidentielle, dont Nicolas Sarkozy, ministre du Budget, était le directeur de campagne. Pour savoir s'il y a eu ou non versement de rétro-commissions délictueuses, il faudrait que le magistrat instructeur de l'affaire Karachi puisse avoir accès à tous les documents encore classifiés. Pour le moment, ce n'est pas le cas. La justice est soumise au bon vouloir de l'exécutif.
Donc, il y a désormais une seconde affaire, où dans le sillage de M. Woerth, le président est à nouveau soupçonné d'avoir reçu de l'argent liquide pour soutenir sa propre campagne électorale. Notez bien qu'à ce stade du roman feuilleton, personne ne peut encore affirmer que c'est bien le cas. M. Sarkozy pourrait aussi bien être innocent.

Et c'est là que l'envie de critiquer dame Justice vous démange. En effet, que voit-on? L'enquête sur cette histoire tellement explosive que Nicolas Sarkozy pourrait se trouver contraint à la démission avant le terme de son mandat, est exclusivement aux mains du Juge Courroye. De ce dernier, on sait diverses choses qui autorisent le citoyen ordinaire à douter de son impartialité. Sa nomination comme Procureur de Nanterre s'était déjà faite contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature qui le trouvait insuffisamment expérimenté. Le Syndicat de la magistrature avait dénoncé à l'époque dans sa nomination «un verrouillage par la droite des postes stratégiques».
Il est d'autre part de notoriété publique que M. Courroye est un ami de Nicolas Sarkozy, lequel l'a décoré de l'Ordre national du mérite. Il serait évidemment mal venu de voir dans cette distinction l'anticipation des mérites d'aujourd'hui, ce que nous ne ferons pas. Ami du président, donc, M. Courroye se trouve en outre directement impliqué dans les enregistrements illégaux de l'affaire Sarkozy-Bettencourt-Woerth, où son nom est cité par M. de Maistre. Était-il normal, et tout simplement honnête que sa décision de déclarer irrecevable la plainte de la fille de Mme Bettencourt soit connue en haut-lieu avant qu'il ne rende officiellement son ordonnance?

Voilà donc l'homme qui contrôle l'enquête sur le dernier et plus gros scandale du régime sarkozyste. Son refus de désigner un magistrat instructeur véritablement indépendant apparaît comme une volonté farouche de protéger le président à tout prix. Et Nicolas Sarkozy n'a même pas encore ouvert son chantier de «réforme» qui signera la disparition du juge d'instruction… S'il n'est pas chassé du pouvoir au plus vite, les Français ont vraiment du souci à se faire pour leur justice!
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10 juillet 2010 6 10 /07 /juillet /2010 01:30

 

Philippe Courroye, procureur de Nanterre.
Philippe Courroye, procureur de Nanterre.© Reuters

De plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer, dans l'affaire Bettencourt, la désignation d'un juge indépendant, le parquet étant soumis à l'exécutif. Procédures secrètes et non contradictoires, les enquêtes préliminaires en cours sont sous l'étroit contrôle du pouvoir. D'autant que le procureur de Nanterre, réputé proche du chef de l'Etat, est cité sur les enregistrements clandestins et se trouve en guerre ouverte avec la présidente de la XVe chambre du tribunal, qui entend mener ses propres investigations!

 

Le 29 octobre 2009, dans une « lettre ouverte à ceux qui feignent de croire en l’indépendance du parquet », le Syndicat de la magistrature s’interrogeait sur l’attitude du procureur de la République de Nanterre dans « l’affaire Bettencourt » : réquisitions d’irrecevabilité de la plainte de Françoise Bettencourt-Meyers pour des motifs surprenants, appel contre la décision contraire du tribunal… Bref, une activité procédurière peu banale en matière de citation directe entre parties, où le parquet reste généralement discret.

 

Il était déjà évident pour tout observateur que ce procureur dépensait une énergie peu commune au service d’une partie – au demeurant et sans doute par hasard - la femme la plus riche d’Europe.

Mais ce que donnent à voir de la Justice les récentes révélations de Médiapart, c’est la tragique confirmation des relations malsaines nouées entre justice et politique, à savoir :

  • que, Patrick Ouart, conseiller justice de la présidence de la République, n’hésite pas, durant l’été 2009, à renseigner un individu, Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, sur la décision que prendra, un mois plus tard, le procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye ;
  • que le même Patrick Ouart indique à Patrice de Maistre, courant avril 2010, que le « président continue de suivre ça de très près (…). En première instance on ne peut rien faire de plus, mais on peut vous dire qu’en cour d’appel, si vous perdez, on connaît très très bien le procureur. Donc c’est bien ». Ce « procureur » n’est autre que Philippe Ingall-Montagnier, procureur général de Versailles, et, comme Patrick Ouart, figure de la droite judiciaire (ils appartenaient tous les deux à l’Association Professionnelle des Magistrats) ;
  • que Liliane Bettencourt donne des sommes d’argent à des membres de l’UMP, ce qui peut permettre de comprendre l’intérêt porté par le propre conseiller justice du Président de la République à ses affaires.

On aurait pu imaginer, après la diffusion de ces enregistrements, un peu de friture sur la ligne directe qui semble relier le Palais de l’Elysée et le parquet de Nanterre.

 

Or, non seulement ledit procureur de la République n’a pas paru s’émouvoir du fait que « sa » décision soit parvenue, avec un mois d’avance, à la connaissance de Patrick Ouart, non seulement il n’a pas annoncé l’ouverture pourtant indispensable d’une enquête sur les conditions dans lesquelles trois chèques semblent avoir été signés par Liliane Bettencourt au profit de Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy et Eric Woerth, mais surtout, il a immédiatement fait placer en garde à vue ceux qui, afin de démontrer la prédation dont serait victime leur employeuse, ont permis la révélation de ces manœuvres...

 

Ce faisant, Philippe Courroye s’est montré à la hauteur de sa nomination contre l’avis du Conseil supérieur de la magistrature par un pouvoir exécutif empêtré depuis quelques semaines dans une série d’événements pour le moins embarrassants.

Les « affaires Bettencourt » dévoilent donc, s’il en était encore besoin, la domestication totale de la hiérarchie du parquet par le pouvoir exécutif dans les affaires sensibles.

 

Pendant ce temps, fidèle à sa propagande habituelle, ce pouvoir exécutif s’obstine à psalmodier le même discours autistique. Quelques jours après ces révélations, Jean-Marie Bockel n’a en effet pas hésité à affirmer : « l’indépendance du parquet se manifeste tous les jours, y compris sur des dossiers sensibles ». C’est officiel : M. Bockel est un secrétaire d’Etat sans compétence particulière...

 

Le Syndicat de la magistrature déplore une nouvelle fois la perte de tous les repères éthiques d’une certaine hiérarchie parquetière.

Au-delà des investigations judiciaires qui s’imposent sur le volet financier de cette affaire, le Syndicat de la magistrature demande à la garde des Sceaux d’ordonner une inspection sur la façon dont ont été gérées, par le ministère public, en relation avec le conseiller justice de l’Elysée, les multiples ramifications de « l’affaire Bettencourt ».

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 17:09

Quand la République s'agenouille devant la bêtise...

David Desgouilles - Blogueur associé |


Le blogueur Davis Desgouilles s'indigne de la condamnation d'une femme conductrice de bus pour avoir tenté de remettre à sa place un jeune malotru...
Nicole est conductrice de bus. Il y a quinze jours, elle a ordonné à un gamin de douze ans de changer de place. Celui-ci a protesté et elle a fini par le traiter de menteur et de petit con.
Nicole était en dessous de la vérité. Il ne s’agissait pas seulement d’un petit con et d’un menteur mais aussi d’un dangereux pervers capable d’enregistrer la scène avec son téléphone portable. En revenant à la maison, cette graine de danger public a montré le film à ses parents qui, au lieu de botter le cul de leur progéniture, se sont précipités à la gendarmerie pour déposer plainte.
On comprend que le gamin soit un petit con et un pervers. Elevé (sic) par de tels imbéciles, n’importe quel gosse ne peut se sentir que le Roi du monde et se comporter effectivement comme tel. Jusque là, tout cela n’est pas si grave et, finalement, reste assez banal. Des imbéciles ont fabriqué un petit con. Classique.
Là ou je suis davantage préoccupé pour mon pays, c’est lorsque j’apprends que Monsieur le Procureur de la République, au lieu de classer sans suite la plainte des imbéciles comme il en a la possibilité1, poursuit Nicole. Ce faisant, il donne raison aux imbéciles et surtout au petit con.
Donc, ce Procureur est une andouille. Comme s’il n’avait rien d’autre à foutre, il veut que Nicole fasse l’objet d’un rappel à la loi devant un tribunal. Nicole est humiliée. Mais pas seulement Nicole. Moi aussi, je le suis. C’est notre société toute entière qui devrait l’être. Un Proc’ à plat ventre devant un gamin de douze ans. Un Proc’ dont la mission est de représenter justement la société. Le Procureur de la République.
A qui on botterait bien le cul, aussi.
  1. Merci à K.T, avocat de son état, qui me l’a confirmé. S’il avait classé sans suite, ces derniers n’auraient plus eu que la possibilité de se constituer en partie civile dans un délai de trois mois afin de forcer une instruction.  
Retrouvez les billets d'Antidote sur son blog


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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 14:17
Vers la suppression de l’Ecole Nationale de la Magistrature ?

Communiqués de presse, publié le 24 mars 2010, mis à jour le 24 mars 2010

A l’heure où l’indépendance et les missions de l’institution judiciaire sont plus que jamais menacées, la formation des magistrats est dans la ligne de mire du pouvoir politique, avec bien sûr le soutien « technique » de prétendus « experts ».

Déjà, dans le rapport qu’elle avait déposé en avril 2009, la Commission Darrois, chargée par le Président de la République de jeter les bases d’une « grande profession du droit », avait proposé de « créer des Ecoles de professionnels du droit assurant à l’issue des études universitaires la formation commune aux principaux métiers du droit, et constituant avec une scolarité de 12 mois un passage obligé entre les Universités et les stages professionnels organisés par les écoles d’application ».


Etrangement, lorsque le Syndicat de la magistrature avait été entendu par cette commission, présidée par un avocat d’affaires proche du chef de l’Etat et s’intéressant essentiellement à la profession d’avocat, il n’avait aucunement été consulté sur une éventuelle réforme de la formation des magistrats…


Dans le droit fil de cette proposition, suivant une lettre de mission du garde des Sceaux et de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le président du Conseil national du droit, Bernard Teyssié, a rendu le 1er mars 2010 un rapport relatif à la mise en place d’une formation commune afin « qu’émerge une communauté de juristes cohérente et de haut niveau ».

Sans avoir engagé la moindre concertation avec les organisations syndicales de magistrats, M. Teyssié propose d’instaurer une filière universitaire de recrutement dans la magistrature, prioritaire, voire exclusive.


En effet, il préconise la création d’un Master II destiné aux futurs professionnels du droit, dont l’obtention serait une condition d’accès à l’ENM, et qui pourrait se prolonger par une formation post-Master de 6 mois sanctionnée par un diplôme d’université (DU). Les titulaires de ce DU bénéficieraient ensuite, au moment d’accéder aux « écoles d’application », d’additions de points, de dispenses d’épreuves ou d’une dispense d’une partie de la scolarité.


Le rapport situe donc à BAC + 5 l’accès à l’ENM (contre BAC + 4 aujourd’hui), avec un système de faveurs pour les étudiants ayant atteint le niveau BAC + 5,5. Il ne dit rien, en revanche, sur le devenir des équivalences actuelles, notamment pour les diplômés d’un Institut d’Etudes Politiques. A l’ENM, la formation serait réduite à un stage juridictionnel comme le proposait le rapport Darrois.


Il s’agit donc à la fois d’allonger les études universitaires avant l’accès à l’ENM, de faire de l’ENM un simple lieu d’organisation de stages et d’empêcher ou de décourager les étudiants non issus des facultés de droit d’intégrer la magistrature.

Les conclusions de ce rapport doivent être discutées lors du Conseil d’administration de l’ENM qui se tiendra ce 25 mars. S’il devait être validé, un tel dispositif constituerait une grave régression à plusieurs titres :

  • il pénaliserait les candidats aux ressources modestes, qui perçoivent aujourd’hui un traitement dès leur arrivée à l’ENM à BAC + 4 ;
  • il conduirait à démanteler l’ENM et à parachever la transformation progressive de la formation complexe et ouverte des magistrats en un formatage purement technicien ;
  • il introduirait une rupture d’égalité entre étudiants en droit et renforcerait l’uniformisation du corps en marginalisant les autres candidats.

A terme, c’est la disparition du concours d’entrée dans la magistrature et la suppression de l’ENM qui se profilent.


A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler que la suppression de l’Ecole Nationale de la Magistrature est une revendication ancienne du Front National et figurait dans le programme de Jean-Marie Le Pen aux élections présidentielles de 2002 et de 2007…


Le Syndicat de la magistrature s’oppose fermement à ces orientations contraires aux exigences démocratiques d’égalité, de pluralisme et de qualité qui devraient guider toute réflexion sur le recrutement et la formation des magistrats.

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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 16:57
Les leçons de déontologie du procureur Courroye

Dans un long courrier daté du 7 décembre 2009, le procureur de la République de Nanterre a entrepris de dénoncer à la présidente du tribunal de prétendus « graves manquements » professionnels d’Isabelle Prévost-Desprez, présidente de la 15ème chambre correctionnelle.


Cette magistrate a été convoquée et sommée de s’expliquer devant sa hiérarchie, qui a refusé qu’elle soit accompagnée par un représentant syndical.


Pour le Syndicat de la Magistrature, il est inadmissible qu’un magistrat du parquet s’autorise à exiger des sanctions contre la présidente d’une audience correctionnelle.


Il n’est pas davantage acceptable que la hiérarchie du siège lui emboîte le pas aussi promptement en refusant qu’Isabelle Prévost- Desprez soit assistée d’un représentant syndical.

Si l’on s’en tient aux articles de presse relatifs à cette invraisemblable affaire, les griefs adressés à Isabelle Prévost- Desprez valent leur pesant de règlement de comptes : « réflexions critiques et manifestement désobligeantes sur la politique pénale du parquet de Nanterre », « critiques visant notamment le choix procédural de la citation directe préférée à l’ouverture d’une information judiciaire »…

Ainsi, le président du tribunal correctionnel, selon Monsieur Courroye, ne devrait avoir aucun regard critique sur la façon dont une enquête se présente devant sa juridiction.


Or, s’agissant des dossiers visés, ils se rapportent étrangement à des affaires pouvant mettre en cause des proches du pouvoir : Manuel Aeschlimann, Isabelle Balkany et Nicolas Sarkozy lui-même.

Ce qui semble agacer le très indépendant procureur de Nanterre, c’est qu’un juge conserve sa liberté de ton lorsque les noms de personnalités politiques de l’UMP sont mentionnés dans une procédure.


Les éléments de preuves qui ont motivé le procureur à « poursuivre » Isabelle Prévost-Desprez ne sont pas moins consternants : attestations signées par les subordonnés de Philippe Courroye, bruits de couloirs, rumeurs de palais…


Cette leçon de déontologie prêterait à rire si elle n’était administrée par un homme qui, à plusieurs reprises, a dîné avec des personnes impliquées dans des dossiers dont il avait la charge, s’est fait décorer de l’ordre national du mérite par le président de la République quelques mois après avoir classé sans suite l’affaire dite de l’appartement de l’île de la Jatte, et dont la gestion des affaires sensibles ne cesse d’être stigmatisée.


Fort de ses relations politiques affichées, Philippe Courroye se croit désormais invulnérable. Le fait que le Conseil supérieur de la magistrature ait considéré, en 2007, qu’il n’était pas suffisamment expérimenté pour devenir procureur de la République de Nanterre ne l’incite nullement à la modestie. Sûr de son fait, il n’hésite plus à entreprendre des manœuvres de déstabilisation contre un juge dont l’indépendance l’effraie.


Reste une question : un homme d’une telle envergure déontologique peut il être nommé procureur de la République de Paris ?

(Source Syndicat de la Magistrature)

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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 13:33
Le dossier du "1% logement" déménage en correctionnelle

Un juge d’instruction de Nanterre a renvoyé en correctionnelle 5 personnes, dont Thierry Gaubert, un ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy. Il est soupçonné de malversations autour de la collecte du "1% logement" dans les années 80-90.

Thierry Gaubert, ancien président d’un collecteur du "1% logement", Habitation française, a été renvoyé en correctionnelle par le juge d’instruction de Nanterre Richard Pallain.

Dans son ordonnance de renvoi rendue le 4 novembre, il lui est reproché "abus de confiance", "prise illégale d’intérêt", "escroquerie", "recel d’abus de bien sociaux" et "faux" dans une affaire de malversations présumées autour du "1% Logement" dans les Hauts-de-Seine.

En dehors de Thierry Gaubert, qui fut chef adjoint de cabinet de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était ministre du Budget sous Balladur (1993-1995), quatre personnes comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Nanterre.

Dont l’ancien directeur général d’Habitation française et le commissaire aux comptes d’une association satellite, Habitation pour tous, Didier Lamy. Didier Lamy est renvoyé pour "faux" : il lui est reproché d’avoir certifié les comptes de cette association comme -à tort- ceux d’un organisme collecteur du "1% logement".

A la fois expert-comptable/commissaire aux comptes que grand spécialiste des pratiques du 1% logement – les fonds affectés par une majeure partie des entreprises, via des organismes collecteurs, au logement social –, Didier Lamy était un pivot du secteur. Cette manne qui tombe chaque année, soit plus de 3,5 milliards d’euros, il en connaît par coeur les dessous puisqu’il a même publié il y a quelques années un livre sur le sujet. En tant que créateur, en 2001, avec son épouse d’un site dénommé Aidologement.com, l’intéressé s’est retrouvé au centre de plusieurs rapports de la Cour des comptes, qui tentaient de décortiquer l’usine à gaz.

Le 1% logement rapporte à celui qui a la clef - JPG - 47.3 ko
Le 1% logement rapporte à celui qui a la clef
© Pakman

Grâce à son site, le premier à délivrer en ligne les aides au 1% logement, que ce soit une avance gratuite du dépôt de garantie pour une location, des prêts pour réaliser des travaux ou des avances en cas de difficultés à rembourser un emprunt, les locataires devaient plus facilement trouver le coup de pouce financier attendu qu’en se noyant dans le maquis administratif.

Des rémunérations touchées dans des conditions parfois floues

« Malgré l’ancienneté du 1% logement, créé en 1953, ces aides restent méconnues du grand public, et donc un peu inaccessibles », racontait Lamy en mars 2001 au magazine Transfert. Un logiciel spécialement créé, baptisé du nom évocateur de Jéricho, devait permettre au public de remplir les formulaires en ligne. En échange de quoi, comme plusieurs « relevés d’observations provisoires » de la Cour des comptes datés de juillet 2008 le précisent, Lamy touchait de belles rémunérations dans des conditions parfois floues. D’autant plus que les locataires ne se sont pas toujours pressés au portillon pour utiliser son site… Les magistrats administratifs, qui ont lancé une série d’enquêtes – non achevées à ce jour – sur des organismes chargés de collecter auprès des entreprises l’argent du 1%, feront probablement la lumière.

Logement social : bagarre pour un pactole


Ces structures de collecte, les comités interprofessionnels du logement (CIL), auraient-elles versé trop d’argent pour pouvoir utiliser ce fameux site ? C’est ce que se demandait la Cour des comptes. Normal : Didier Lamy était le seul à proposer ce type de service et bénéficiait d’un quasi-monopole.


Exemples : concernant les collecteurs Cilgere ressources et Cilgere Entreprises, quelque 2,2 millions d’euros auraient été dépensés pour bénéficier du service d’Aidologement, comme acheter le fameux logiciel. Le collecteur Solendi aurait, lui, versé 620 000 euros ainsi que 2,4 millions destinés à un GIE « dont les dépenses sont presque exclusivement destinées à rémunérer les prestations », selon la Cour, d’Aidologement et de la société de Lamy.
(source Backchich)

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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 13:41
C'est couillon de "tomber" pour quelque chose qui est sommes toutes, anodin à côté du reste

Exemples :

Marchés publics d'Ile-de-France et voyages
L'audition de Jacques Chirac comme témoin a été refusée en 2001. Il n'a pas été inquiété pour les voyages payés en espèces pour lui et sa famille découverts pendant l'enquête.

HLM de Paris
Convoqué par courrier comme témoin en mars 2001 par le juge d'instruction Eric Halphen, Jacques Chirac a refusé de venir.

Frais de bouche
Le dossier concernant 2,13 millions d'euros d'argent public dépensés par le couple Chirac en huit ans pour des frais personnels liés au logement de fonction occupé à la mairie entre 1987 et 1995 a fait l'objet d'un non-lieu pour cause de prescription rendu en 2003 par un juge d'instruction, confirmé en 2004 en appel et l'année suivante en cassation. Jacques Chirac n'a jamais été interrogé.

Fraude électorale
Le 27 mai 2009, le député-maire UMP du Ve arrondissement de Paris, Jean Tiberi, ancien premier adjoint de Jacques Chirac et son successeur à la mairie de 1995 à 2001, a été condamné pour fraude électorale dans le Ve et déclaré inéligible pour trois ans. Jacques Chirac n'a pas été entendu dans ce dossier.

Sempap
Jacques Chirac a été entendu comme témoin durant l'instruction et n'est pas poursuivi.

Source LCI/TF1 http://tf1.lci.fr/infos/france/justice/0,,5485151,00-chirac-15-ans-d-affaires-.html

Et il y en a qui pense qu'on devrait tourner la page...les cons.
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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 15:16

Frédéric Mitterrand mouille en eaux troubles. Frédéric Mitterrand s'est porté garant de moralité pour un de ses filleuls accusé de viol collectif sur une jeune fille mineure.


Cette pénible révélation à la Une du Quotidien de la Réunion, relayée par Marianne.fr, intervient alors que se clôt tout juste depuis quelques heures la polémique sur son attraction passée pour les voyages émancipateurs. Cet artiste (méconnu) comme le décrivait récemment un article du journal Le Monde se révèle aussi fascinant qu'une boule à facettes. Je ne suis pas loin de penser qu'il n'est qu'au début d'un long parcours pour démontrer avec plus de brio encore que ces dernières semaines qu'il est en effet capable de s'assoir sur pas mal de principes républicains, ce qui pour un "chevalier de la Légion d'honneur" est pour le moins cavalier.

 

Je ne reviens pas sur le scandale entamé par la publication déjà quelque peu datée de son best-seller qui défraye aujourd'hui la chronique germanopratine, eut-il fallu suivre l'actualité de 2005 et son interview à la télévision à l'époque pour ne pas tomber (ou faire semblant) de tomber des nues aujourd'hui. Il importe à mon sens de recadrer le débat qui s'est initié sous la férule de certains groupes activistes, à l'époque de la narration de l'auteur il n'était pas ministre mais n'en connaissait néanmoins que fort bien les lois concernant la marchandisation des corps qu'ils soient mineurs ou majeurs.

 

Plus gênante est l'affaire qui secoue à présent la termitière UMP à laquelle Frédéric Mitterrand se rattache désormais par sa fonction et par l'idéologie, à défaut de n'avoir que des amis dans ce groupe politique.

 

Prendre fait et cause pour un violeur au motif qu'il s'agit d'un filleul mineur au moment des faits, c'est une chose qu'encore une fois ses amis politiques et privés lui demanderont d'assumer en conscience. On peut toutefois s'étonner et s'indigner de ce qu'il le fasse sous mandat, pendant son temps de service à la Villa Médicis lorsqu'il y avait été nommé par Nicolas Sarkozy en qualité de conservateur. Frédéric Mitterrand se considère si peu comme une personne privée qu'il ne s'engage en rien en son nom propre, mais au contraire c'est la République Française qu'il engage et même qu'il place devant lui pour parvenir à ses fins, comme si ce crime devait être couvert ou absous du fait de la couverture politique dont il bénéficie.

 

Que Frédéric Mitterrand auteur, ancien animateur de télévision et réalisateur de documentaires sur le milieu mondain international prenne des libertés avec la morale, je ne parle même plus de respect des lois internationales sur la prostitution, ce serait impardonnable au vu de la complaisance dont il bénéficie visiblement tant à gauche qu'à droite, et encore moins de la lutte contre le proxénétisme et la dignité de la personne humaine, c'est une chose qui ne se discute même pas. Le poulailler politicien peut caqueter tant qu'il veut les électeurs en jugeront. Mais que Frédéric Mitterrand directeur de la Villa Médicis se compromette et compromette le prestique de l'Académie de France à Rome en se portant garant de moralité pour un violeur, c'est une chose qui ne se peut admettre.

 

J'aurais souhaité entendre s'exprimer le Premier ministre à l'occasion, mais une fois de plus Matignon est réduit au silence. J'aurais souhaité que les partis d'opposition interviennent de manière moins intuitive, puisque l'actualité décidément donne du grain à moudre, de l'ivraie plutôt dans le cas du ministre de la Culture fraîchement nommé car derrière la petite affaire forcément il y avait l'affaire d'Etat. J'aurais souhaité que la commisération de la garde des Sceaux ne soit pas dispensée à fonds perdus alors qu'à présent il va lui falloir justifier de la mise en avant de la République Française pour couvrir les exactions de criminels coupables de "regrettables excès". C'est ainsi que Frédéric Mitterrand qualifie un viol collectif, un regrettable excès.

 

J'aurais souhaité enfin que Frédéric Mitterrand montre de la pitié pour les victimes, au lieu de se poser soit en victime, soit en prince secourable des bourreaux.
source vingt minutes

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