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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 09:42
Combien nous coûterait un « crash brutal » de l’euro ?

Par Jean Paul Letombe

Depuis des mois, on peut entendre des inepties sur les coûts exorbitants de la sortie de l’euro. Mais personne ne nous parle des coûts des différents plans de sauvetage de l’euro, et en particulier ceux dans le cas d’un « crash brutal » de la monnaie unique.

Nous estimons qu’en cas de « crash brutal » de l’euro et au regard de tous les plans d’aides mis en place, les coûts pour la France, seraient entre 500 et 800 milliards d’euros.

Ces sommes ne pourraient pas être prises ailleurs que dans l’épargne (les économies) des français, car il serait alors impossible d’emprunter à qui que se soit, et l’Etat serait donc obligé de réquisitionner l’épargne des français pour éviter la faillite.

La situation actuelle nous laisse penser que nous n’en sommes plus très loin tellement nous assistons à un emballement de la situation, et il nous semble urgent d’étudier une autre approche :
 
-> Idéalement : une évolution concertée de l’euro monnaie unique vers un euro monnaie commune.
 
-> Au mieux : une sortie concertée de l’euro monnaie unique et un retour à une situation stable : l’ECU.
 
Nous développerons très bientôt notre analyse sur comment, et à quels coûts, pouvons nous envisager de passer d’un euro monnaie unique à un euro monnaie commune et/ou d’abord à l’ECU … Dans l’immédiat, nous étudions plus précisément les coûts en cas de « crash de l’euro ».
 
500 à 800 milliards d’euros ! Vous êtes sûr ?
 
Pour bien comprendre nos estimations, il est nécessaire de faire l’inventaire des différents plans d’aides, ainsi que des mécanismes et prêts / garanties mis en place.
 
Plans d’aides :
 
- 05/2010 : 110 Mia €  : Premier plan d'aide à la Grèce
- 11/2010 : 85 Mia €  : Plan d'aide à l'Irlande
- 05/2011 : 78 Mia €  : Plan d'aide au Portugal
- 07/2011 : 109 Mia €  : Second plan d'aide à la Grèce
- 10/2011 : 130 Mia €  : Evolution du second plan d'aide à la Grèce
- 12/2011 : 150 Mia €  : Prêt probable par le FMI aux pays de la zone euro en difficulté (Italie)
- 12/2011 : 489 Mia €  : Prêts aux banques par la BCE
- 02/2012 : 130 Mia €  : Validation du second plan d'aide à la Grèce via le FESF(2) : 117 Mia € et FMI : 13 Mia €
- 02/2012 : 1 000 Mia €  : Prêts probables supplémentaires aux banques par la BCE à fin février 2012
 
-> Soit un total de 900 à 2 050 Mia € (milliards d'euros)
 
Mécanismes et prêts / garanties mis en place :
 
- Prêts Bilatéraux gérés par la Commission Européenne
 
 
- MESF : Mécanisme Européen de Stabilité Financière
 
 
- FESF(2) : Fonds Européen de Stabilité Financière
 
 
- FMI : Fonds Monétaire International
 
 
- MES : Mécanisme Européen de Stabilité
 
 
- BCE : Banque Centrale Européenne
 
 
-> Soit un total de risque pour la France de 156 à 430 Mia €.
 
Le choc d’un « crash de l’euro » sur les économies des français :
 
Afin de compléter nos estimations, il faut aussi considérer les 1 200 Mia € de dépôts (économies des français, hors livrets A et Bleu) détenus par les épargnants français et dont 30%, au moins, des montants pourraient disparaître en cas de « crash brutal » de l’euro : soit une perte potentielle de 360 Mia €.
 
Les 360 Mia € de pertes pour les épargnants français sont estimés sur la base de faillites partielles de plusieurs grandes banques (les trois principales banques françaises détiennent environ 49% des dépôts) et dont certains actifs spéculatifs (immobiliers et financiers) perdraient jusqu’à 50% de leur valeur. Les dépôts étant garantis par l’Etat in fine, alors notre estimation de 360 Mia € est bien un risque pour la France.
 
Il faut savoir que les médias nous ont expliqué que l’Etat garantissait jusqu’à 100 000 euros par client et par banque en cas de faillite bancaire. C’est vrai, mais la garantie est assurée par le Fonds de Garantie des Dépôts lequel ne dispose que de 2 Mia € en caisse pour garantir les 1 200 Mia € d’économies des français.
 
Autant dire qu’en cas de faillite d’une grande banque, ce sera à l’Etat d’agir, mais avec quel argent ? Qui prêtera à l’Etat dans une telle situation. De plus, si plusieurs banques rencontrent des problèmes alors l’Etat ne pourra que réquisitionner l’épargne des français pour éviter la faillite de la France, et beaucoup d’épargnants verront leurs économies disparaître.
 
Nous arrivons donc à une estimation entre 500 et 800 Mia € de coûts pour la France en cas de « crash brutal » de l’euro. Vu les montants en jeu, et les coûts bien moindres (de l’ordre de 120 Mia €) d’une sortie concertée et maîtrisée de l’euro, nous pensons qu’il est grand temps d’évoquer et d’étudier cette possibilité, au moins par précaution.
 
Conclusion
 
Si l’euro se retrouve en « phase terminale » il sera trop tard pour agir, et il faudra subir ! Il ne s’agit plus maintenant de faire preuve d’idéologie ou de dogmatisme, mais de pragmatisme car si le « crash de l’euro » se produit alors nous connaîtrons des troubles graves, et l’avenir même de notre pays sera en jeu !!!
 
Vouloir sortir de l’euro, ou évoluer vers l’euro monnaie commune ou encore revenir à l’ECU ne sont ni une fantaisie ni une idéologie, mais le seul moyen de reprendre notre souveraineté monétaire sans laquelle nous ne pourrons rien faire en cas de crise grave.
 
Laisser notre avenir dans les mains de la BCE et de la Commission Européenne serait une pure folie, tellement ces deux institutions sont à l’origine des problèmes que nous vivons aujourd’hui. Comme le disait si bien Albert Einstein : « On ne règle pas les problèmes avec ceux qui ont contribué à les créer » …
 
Enfin, bon nombre d’économistes de renom, dont certains furent au cœur de graves crises monétaires, font des analyses et propositions similaires. Il est inquiétant que, malgré leur notoriété et le fait que certains soient prix Nobel d’économie, nous ne les entendions pas dans les médias et ce malgré la campagne présidentielle. A chacun de se faire sa propre opinion sur les raisons de cela …
 
La fin de l'euro ? (dessin de na !)
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