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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 18:57
La zone euro sur le pont du Titanic

Hier, le CAC 40 a affiché sa 8ème séance de baisse, affichant des niveaux jamais vus depuis longtemps, démontrant l’échec du nouveau plan européen. Et si Jacques Sapir et Emmanuel Todd, qui avaient prévu la fin de l’euro fin 2011, avaient raison ?

75% du chemin vers l’explosion a été fait

 

Il y a deux chiffres qu’il suffit de suivre pour connaître l’état de la situation : le taux des emprunts d’Etat à dix ans pour l’Espagne et l’Italie. Il y a un an, ces taux étaient inférieurs à 4%. Il y a encore un mois, ils étaient à moins de 5% pour l’Italie et 5.5% pour l’Espagne. La crise de ce début d’été a provoqué une nouvelle hausse d’un point (synonyme, à terme, d’un renchérissement des intérêts de la dette de l’Italie équivalent à 1.2% du PIB, soit environ 20 milliards d’euros).

 

L’accord européen du 21 juillet a permis une légère accalmie mais les taux ont à peine baissé pendant quelques jours. En fait, on constate depuis un an que cette longue crise de la zone euro est comme une montée progressive de fièvre, sans que jamais le thermomètre ne baisse vraiment. La pression monte, par pallier sans que les différents plans européens ne semblent résoudre quoique ce soit. Mardi, les taux espagnols ont atteint brièvement 6.36% et les taux italiens 6.16%.

Vers l’apocalypse ?

 

Herman Van Rompuy peut bien se voiler la face, mais le mal est là et c’est sans doute parce que nous sommes en août que les médias ne semblent pas saisir la gravité de la situation. En effet, la plupart des analystes considèrent qu’au-delà de 6,5 à 7% de taux d’intérêt, les dettes souveraines européennes sont difficilement gérables. En fait, cela représente en un an un renchérissement à terme des intérêts de 2% du PIB pour l’Espagne et près de 4% pour l’Italie !

 

Bien sûr, l’Espagne bénéficie d’une des dettes publiques les plus faibles de la zone euro. Et l’Italie est partiellement protégée par la maturité moyenne très longue de sa dette, qui réduit la vitesse de propagation de taux supérieurs, ainsi que par le fait que sa dette est surtout domestique, mais nous nous approchons à grands pas de la cote d’alerte. Si le cap des 6.5% était rapidement passé, alors la zone euro pourrait rentrer rapidement dans une crise terminale.

 

Car si les taux dépassent 7% pour l’Italie, la situation sera totalement incontrôlable. La dette de Rome est la plus importante d’Europe (1900 milliards d’euros, 120% du PIB) et un nouveau plan engagerait la France et l’Allemagne à hauteur de plusieurs centaines de milliards d’euros, ce qui semble totalement improbable.

 

La seule solution serait alors le défaut et la sortie de l’euro (scénario que j’avais évoqué début 2009 pour une grande crise que j’avais placée en 2016).

 

Fin juin, il me semblait encore que « le supplice de l’euro pouvait encore durer ». Mais cette nouvelle poussée de fièvre fait que la probabilité d’une explosion rapide augmente fortement, même s’il ne faut pas oublier qu’il existe de puissantes forces de rappel.

Laurent Pinsolle

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