Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 15:44
"Choc" de compétitivité : les autres propositions

Tous ceux qui de près ou de loin ont entendu parler ou lu le livre de Naomi Klein ont dû s'inquiéter du "choc" de compétitivité plaidé par des grands patrons et - apparemment, bien que personne ne l'ait lu - par le rapport Gallois. La "stratégie du choc" (dont nous avons déjà parlé ici) signifie d'abord le passage de pans entiers du secteur public au privé avec toutes les souffrances qui l'accompagnent : chômage de salaire, baisses de salaires pour les autres, augmentation considérable des coûts des ex-services publics en particulier pour les plus pauvres.
En attendant l'avis de Louis Gallois qui sera rendu le 6 novembre, nous espérons que les recommandations de celui qui fut longtemps directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement ne porteront pas le parfum néo-libéral que certains lui prêtent.
En réalité, la France est confrontée à plusieurs problèmes de compétitivité :
* Compétitivité vis-à-vis de son principal partenaire commercial, l'Allemagne. A l'époque du Franc et du Deutschmark, le problème se réglait par un ajustement monétaire voire une dévaluation de la monnaie la plus faible. Manque de chance, nos élites ont eu la mauvaise idée de nous donner une monnaie unique, l'euro, qui ressemble désormais à un boulet pour notre économie.
A un moment ou à un autre, il faudra se poser la question de la sortie de la France ou de l'Allemagne de l'euro. Dans un premier temps, une dévaluation fiscale (soutenue par JP Chevènement, voir ici) correspondant à la TVA sociale paraît la moins mauvaise piste.
* Compétitivité vis-à-vis des pays extra-européens à bas coûts
Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur, vient de le reconnaître : « Oui, l'Europe a été naïve. [...] Dans ce grand vent ultralibéral, on a cru que nous pouvions ouvrir toutes nos portes et toutes nos fenêtres, sans que les autres fassent la même chose ».
...un tel aveu d'incompétence a quelque chose de sidérant. D'abord, on a envie de lui dire : "mais bouge-toi, dans ce cas !". 
Et puis, on se dit qu'un petit conseil ne serait pas plus mal : supposons une agence démocratique qui note de A à E nos partenaires commerciaux selon des critères à la fois de respect des droits de l'homme, de la démocratie et des règles internationales du travail. Imaginons ensuite que l'Europe, lauréate du prix Nobel de la paix pour sa contribution à la paix et à la démocratie, taxe ses échanges commerciaux selon cette note : A : pas de droits de douane supplémentaires, jusqu'à E : 40% (par exemple) de droits de douane. L'Europe, qui en a les moyens en tant que premier marché mondial, contribuerait ainsi à un rééquilibrage des échanges selon des normes éthiques.
* Compétitivité vis-à-vis des autres pays de l'Europe
Comme le souligne fort justement Laurent Pinsolle dans un article récent dans Marianne ("Compétitivité, le mauvais débat"), l'ajustement à la marge des charges sociales, bien qu'il coûte très cher à notre pays, ne pourra compenser les différentiels de salaires avec d'autres pays à bas coûts, y compris au sein de l'Europe.
Pour que les standards sociaux polonais ou slovaques ne deviennent pas la norme chez nous, il importe d'agir. Nous ne pouvons indéfiniment, non seulement financer ces nouveaux entrés dans l'Europe et les laisser anéantir nos emplois. Un rééquilibrage (il paraît que le mot "protectionnisme" fait encore peur) est nécessaire.

Non, les recommandations du rapport Gallois ne changeront pas de façon significative la situation de notre pays, y compris si nous consentons aux sacrifices demandés. Dans l'immédiat, notre salut se trouve d'abord à Bruxelles, et c'est bien ce qui nous inquiète.
Carmagnole31
Partager cet article
Repost0

commentaires