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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 17:23

16 novembre 2012
 PRAGUE

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    Michael kountouris

    Si la légitimité de l’Union européenne était intacte, les Européens consentiraient plus facilement aux efforts qui leur sont demandés. Ils pourraient alors espérer voir leurs propres intérêts récompensés.

    Le président français François Hollande a récemment souligné l’idée essentielle, pourtant souvent occultée, selon laquelle il y aurait des limites au degré de sacrifice qui peut être demandé aux citoyens des pays du sud de l’Europe en difficulté financière. Afin d’éviter de transformer la Grèce, le Portugal et l’Espagne en véritables "maisons de correction" collectives, a-t-il fait valoir, les peuples ont besoin d’espoir, au-delà des perpétuels horizons lointains de réduction des dépenses et de mesures d’austérité. Les notions de psychologie les plus élémentaires appuient le point de vue de Hollande. Renforcement négatif et report répété des retours positifs ne peuvent aboutir à un objectif qu’à condition de la perception d’une lueur au bout du tunnel – la récompense future des sacrifices d’au­jour­d’hui.

    Le pessimisme public régnant en Europe du Sud est en grande partie attribuable à l’absence d’une telle récompense. Tandis que la confiance déclinante des consommateurs et le pouvoir d’achat des ménages aggravent la récession, les prévisions de fin de crise sont sans cesse repoussées, et les peuples soumis au fardeau de l’austérité en arrivent à perdre espoir.

    Offrandes sanglantes

    Tout au long de l’histoire, le concept de sacrifice a mêlé théologie et économie. Dans le monde antique, les peuples procédaient à des offrandes souvent sanglantes auprès des divinités, dont ils pensaient qu’elles les récompenseraient au travers, par exemple, de bonnes récoltes ou d’une protection contre le malheur. Le christianisme, et sa croyance selon laquelle Dieu (ou le fils de Dieu) se serait sacrifié afin d’expier les péchés de l’humanité, a inversé l’économie traditionnelle du sacrifice. Ici, la souffrance divine constitue une illustration de l’humilité désintéressée avec laquelle les mésaventures terrestres devraient être endurées.

    Malgré la sécularisation, la croyance selon laquelle récompenses ou accomplissements exigeraient un sacrifice est devenue partie intégrante de la conscience culturelle européenne. Le concept de "contrat social" – apparu au siècle des Lumières afin d’appréhender, sans recours au droit divin, la légitimité de l’autorité de l’Etat sur ses citoyens – repose sur le postulat selon lequel les individus renonceraient à un certain degré de liberté personnelle dans le but de garantir paix et prospérité pour tous.

    Ainsi, les dirigeants politiques ont souvent demandé aux citoyens de sacrifier libertés personnelles et confort au nom d’entités spirituelles sécularisées, telles que la nation ou l’Etat – requête à laquelle les citoyens ont très largement accédé. Dans son premier discours à la Chambre des communes en tant que premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill avait inspiré l’espoir d’un pays assiégé au travers de sa déclaration célèbre affirmant que lui – et donc l’Angleterre – n’avait "rien à offrir, que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur".

    Des sacrifices dénués de sens

    Eu égard à une telle abondance de précédents, il peut sembler surprenant que la rhétorique du sacrifice utilisée sous la bannière de l’austérité se soit avérée aussi inefficace dans le cadre de la crise européenne actuelle. Certains observateurs déplorent le déclin de l’engagement des peuples dans tout ce qui transcende l’individu, notamment dans le système politique.

    Mais la réticence face à l’austérité en Europe du Sud ne puise nullement ses racines dans une hostilité généralisée à l’égard des sacrifices. Le point de vue des Européens consiste plutôt à considérer que les sacrifices réclamés par leurs dirigeants ne servent pas leurs intérêts. Churchill avait offert aux Britanniques une perspective à laquelle s’accrocher : la victoire. A défaut d’une fin claire et précise, susceptible de le justifier, le sacrifice perd tout son sens.

    La légitimité de l’Union européenne était censée reposer sur la prospérité. Au terme de la période de croissance économique rapide de la Communauté, les dirigeants européens en sont venus à se baser davantage sur la menace d’un mal plus grand que l’austérité: une aggravation de la déstabilisation des pays débiteurs, qui conduirait au défaut, à une expulsion de la zone euro, ainsi qu’à un effondrement économique, social et politique.

    Cependant, le discours de la peur voit aujourd’hui sa portée décliner, dans la mesure où le New Deal prenant forme en Europe du Sud présente davantage de répression et une moindre protection, violant ainsi les principes fondamentaux du contrat social. En effet, tandis que les citoyens européens sont appelés à faire des sacrifices quant à leur niveau de vie – voire à leurs moyens de subsistance – pour le bien de l’"économie nationale", les multinationales sont en plein essor.

    Injustice exacerbée

    Les conditions imposées par la troïka – Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international – conduisent à reporter indéfiniment la satisfaction des besoins de ceux auxquels il est demandé de faire des sacrifices, de même qu’à retarder la réparation de ­filets de sécurité sociale en lambeaux. Pourtant, les gouvernements nationaux continuent ­d’appliquer des politiques qui exacerbent l’injustice. Par exemple, le budget 2013 du Portugal réduit de huit à cinq le nombre de tranches d’imposition – une démarche vouée à dévaster la classe moyenne.

    Le sacrifice impliquait autrefois un renoncement au corps – à ses plaisirs, à ses besoins fondamentaux, et même à sa vitalité – pour le bien de l’esprit. Tandis que persiste le discours du sacrifice, la logique l’ayant sous-tendu pendant des millénaires a aujour­d’hui été abandonnée. Il est crucial que les dirigeants européens nourrissent leurs citoyens d’une espérance renouvelée. Il en va de la légitimité d’une Europe "post-nationale", reposant sur une obligation de la part de l’UE, inscrite dans le Traité de Lisbonne, de promouvoir "le bien-être de sa population".

    Traduction : Martin Morel

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    16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 11:44
    Steffi, 65 ans, travailleuse précaire brisée par le « modèle allemand »
    Marine Marck | vu dans Rue89
     

     


    Une femme attend dans le couloir d’une Bundesagentur für Arbeit, le Pôle emploi allemand, à Berlin, le 29 mars 2012 (Markus Schreiber/AP/SIPA)

    (De Moselle) Steffi (le prénom a été modifié), la soixantaine, est allemande. Célibataire, elle réside depuis le début des années 1990 à Grosbliederstroff, un petit village de Moselle. Elle parcourt tous les matins la dizaine de kilomètres la séparant de Sarrebruck, en Allemagne, où elle exerce la profession de comptable dans une agence de voyage.

    Elle est classée dans la catégorie des travailleurs transfrontaliers atypiques : elle réside à « l’étranger », mais rejoint son pays natal tous les jours pour y travailler. Jusqu’en 2009.

    Les nouveaux propriétaires de son agence ont décidé il y a trois ans d’« externaliser » le service de comptabilité – comprendre : licencier ses employés. Crise économique, explosion des réservations de voyage par Internet... Il faut tailler dans le tas pour survivre.

    Après 40 ans passés dans la même entreprise, Steffi se retrouve au chômage, désemparée :

    « Pendant les sept mois de préavis, j’ai travaillé en sachant que j’allais me faire virer. Tous les autres se sont mis en maladie. Moi, j’ai bossé jusqu’au dernier jour pour la boîte qui allait me licencier.

    Et puis je me suis retrouvée à la maison, en ne sachant pas quoi faire. J’avais des tas de livres sur l’art, que je me promettais de lire depuis des années sans trouver le temps. Là, j’avais le temps, mais plus l’envie. »

    Cinq propositions d’emploi en deux ans

    Sans perspective d’emploi immédiate, Steffi doit s’inscrire dans une agence pour l’emploi. En tant qu’Allemande résidant en France, elle a le choix : effectuer les démarches dans son pays d’accueil ou d’origine. Elle décide de s’adresser à la Bundesagentur für Arbeit (BA), l’agence pour l’emploi allemande, malgré les désavantages :

    • en Allemagne, les chômeurs de plus de 55 ans n’ont droit qu’à un an et demi d’allocations chômage, contre trois ans en France ;

     

    • en Allemagne, les impôts étant retirés à la source, les allocations chômage sont calculées sur la base du salaire net. Steffi est imposée en France, mais la BA a calculé ses allocations comme si elle payait ses impôts en Allemagne. En clair, l’agence pour l’emploi a déduit des « impôts fictifs » de son salaire. Résultat : des allocations bien inférieures à celles que Steffi aurait perçues en France.

    Steffi était consciente des sacrifices financiers auxquels elle consentait. Mais selon sa sœur, la décision semblait rationnelle :

    « Steffi pensait qu’en s’inscrivant dans son pays d’origine, elle aurait des formations plus adaptées, plus d’opportunités d’emploi. Surtout qu’elle doutait de se voir proposer un poste en Allemagne depuis le Pôle emploi français. Elle a renoncé à beaucoup d’argent [près de 500 euros mensuels selon elle, ndlr] et à de nombreux mois d’allocation chômage dans l’espoir de retrouver un travail plus rapidement. »

    Malheureusement pour Steffi, sa prise de risque ne sera pas récompensée :

    « En deux ans, la Bundesagentur für Arbeit m’a fait cinq propositions. Rien dans mes compétences. »

    « Je voulais que ça s’arrête »

    Steffi ne se décourage pas. Elle épluche les journaux à la recherche de petites annonces, elle compulse les sites spécialisés, elle rédige plus d’une centaine de lettres de motivation et envoie des candidatures spontanées aux entreprises qui l’intéressent, elle suit des formations... Sans succès :

    « Je recevais des réponses polies, me disant qu’il n’y avait pas de travail pour moi. Dans mon désespoir, je me suis inscrite dans une agence d’intérim. Contrairement à la France, les intérimaires sont très mal payés en Allemagne, mais je voulais travailler. »

    Ces deux ans sont, en plus, marqués par une bataille judiciaire épuisante. En Allemagne, l’indemnisation de licenciement n’est pas automatique, elle s’obtient devant le tribunal. Selon la loi, les employés ont droit à un demi-mois de salaire par année travaillée. Avec 40 ans d’ancienneté, Steffi aurait dû toucher 20 mois de salaire. Une douce illusion :

    « Mon employeur a plaidé la crise. Il a expliqué qu’en payant la totalité de mon indemnité de licenciement, il mettait son agence en danger. Le juge a proposé un arrangement : quatre mois de salaire. J’ai accepté tout de suite, parce que je n’en pouvais plus, je voulais que ça s’arrête.

    Mon ancien employeur ? Il a demandé à réfléchir ! Lui, il me proposait deux mois d’indemnité. Deux mois, pour 40 ans de services ! »

    L’Allemagne la prive d’allocations chômage

    Fin 2010, une mauvaise chute, elle se brise le poignet. Elle craque :

    « J’ai été en arrêt maladie pendant un an. A cause de ma main, mais surtout parce que j’étais en dépression. J’étais finie. Mes nerfs ont lâché. Je n’en pouvais vraiment plus. Tout était tellement désespérant, tellement décourageant... »

    Sa voix se brise. Elle cherche un mouchoir, essuie ses larmes.

    Son assurance maladie prend le relais des allocations chômage pendant son arrêt. En novembre 2011, elle fait signer un certificat d’aptitude au travail :

    « J’ai décidé de postuler aux mini-jobs à 400 euros par mois. L’Agence pour l’emploi pense que ça permet de remettre un pied dans le monde du travail. Il paraît que certains ont un vrai poste au bout. Moi, je voulais juste travailler. J’aurais fait n’importe quoi pour travailler. »

    Lorsqu’elle souhaite renouveler son inscription au Pôle emploi allemand, elle apprend qu’elle ne touchera plus les allocations chômage. Un règlement européen, intervenu en mai 2010, pendant sa convalescence, impose aux frontaliers de réclamer les allocations dans le pays où ils habitent. Steffi raconte :

    « Normalement, j’avais encore droit à trois mois d’allocation, mais ils n’ont rien voulu entendre. J’étais à leur merci. J’ai commencé par râler, puis je me suis résignée. J’ai fait transférer mon dossier à Pôle emploi en France. »

    Nouvel échec. Steffi n’a pas droit aux allocations chômage en France, car elle ne s’est pas inscrite à Pôle emploi dès la perte de son travail. Elle ignorait qu’elle devait signaler son licenciement à son pays de résidence :

    « Personne ne me l’a dit, nulle part. L’Agence pour l’emploi allemande connaissait ma situation, elle aurait dû me prévenir. »

    « Vive la France ! »

    En décembre 2011 et janvier 2012, Steffi ne touche plus rien : aucune aide, aucune allocation. Elle n’a même plus d’assurance maladie. Les yeux rougis, elle explique avec difficulté :

    « J’ai vécu grâce à ma famille : ma sœur, mon beau-frère, ma mère. Le crédit pour mon appartement, je l’ai payé avec mes économies. Heureusement. »

    Sa sœur s’emporte :

    « Et si elle n’avait pas eu de famille pour la soutenir, si elle n’avait pas eu de logement, elle aurait fait comment ? Au bout d’un moment, tu perds tout, tu te retrouves sous un pont, tu vis dans la rue ! »

    En janvier, des voisins français conseillent à Steffi de demander de l’aide en France : à la Caisse d’allocations familiales et à la Caisse primaire d’assurance maladie. Elle est assurée, provisoirement. Un soulagement :

    « Je ne savais pas que tout le monde avait droit à une couverture sociale. J’avais envie de hurler “Vive la France !”. »

    Un peu requinquée, elle décide de réclamer à l’Allemagne ses trois mois d’allocations chômage. Elle entre en contact avec le Comité de défense des travailleurs frontaliers de la Moselle (CDTFM), une association créée en 1973, qui lutte pour les droits des travailleurs frontaliers mosellans et allemands. Sur les quelque 23 000 actifs qui traversent la frontière chaque jour, plus de 10 000 sont affiliés au CDTFM.

    Le Comité accepte de l’aider. Son avocat envoie une lettre à « Bruxelles », au service de coordination de la Sécurité sociale et des Affaires sociales, qui analyse les problèmes rencontrés par les citoyens européens.

    La réponse est claire : « Oui, l’Allemagne devrait payer. » Le CDTFM transfère le courrier à la Bundesagentur für Arbeit. La réaction est quasi-immédiate : Steffi touchera, rétrospectivement, les allocations refusées quelques mois plus tôt. Elle ressent la nouvelle comme une véritable victoire :

    « Le fait que je puisse toucher mes droits, je le dois à cette association française. Ses membres s’engagent de manière totalement désintéressée pour les personnes en difficulté. Et si l’Agence pour l’emploi allemande avait refusé de payer, le Comité aurait assumé les frais d’avocat pour mener une action en justice à mon bénéfice. »

    Des cas comme celui de Steffi, le Comité de défense des travailleurs en traite des centaines chaque année. Les permanences hebdomadaires, dans la ville de Sarreguemines, sont bondées. Des dizaines de personnes viennent requérir les conseils des bénévoles de l’association.

    « L’Allemagne qui résiste à la crise ? Un mythe »

    Arsène Schmitt, syndicaliste et président du CDTFM, affirme que la crise a engendré des situations dramatiques dans la région frontalière Moselle-Sarre :

    « Nous nous battons, nous dénonçons cette Europe du capital, cette machine de guerre contre les travailleurs. C’est un carnage social en ce moment, on est en train de détruire nos acquis, nos droits, nos retraites. »

    Et ces difficultés ne sont pas propres aux travailleurs français. Les Allemands aussi sont durement touchés, regrette Arsène Schmitt dans un rire désabusé :

    « L’Allemagne va bien ? Pas du tout ! Les médias relaient des informations qui ne tiennent pas debout. Cinq à six millions de personnes travaillent pour des mini-salaires de 400 euros. On parle de pauvreté dans la vieillesse, de retraités qui doivent chercher des jobs pour survivre, de travail précaire.

    L’Allemagne qui résiste à la crise ? C’est un mythe. En tout cas pour les travailleurs. »

    Outre-Rhin, on a fait face à la crise avec plus de réussite, certes. Mais les classes moyennes et les ouvriers ont assumé les conséquences d’une politique sévère. Près de 7 millions de personnes ont un salaire inférieur à 8,50 euros de l’heure. Et 20% des salariés des PME allemandes se débrouillent avec moins de 10,36 euros horaires.

    Du travail, enfin

    Entre temps, Steffi a retrouvé un emploi de comptable. Au début, c’était un mini-job à 400 euros, mais elle a demandé à son employeur de lui accorder un mi-temps. Aujourd’hui, elle travaille 20 heures par semaine. Son salaire est très inférieur à ce qu’elle gagnait il y a trois ans, mais elle s’en satisfait. Elle se dit « heureuse », « reconnaissante » envers son employeur.

    On la sent encore fragile, prête à craquer. Sa voix n’est pas très assurée quand elle évoque ses difficultés, ses mauvaises expériences :

    « C’était dur pour les nerfs. Pas seulement pour moi, mais pour toute ma famille. Je suis brisée. Trois ans après, quand je repense à la manière dont je me suis fait jeter, à ce que j’ai dû traverser...

    A l’Agence pour l’emploi allemande, quand je me suis inscrite, j’ai été traitée comme une moins que rien. Par la suite, j’ai eu de la chance, mes conseillers étaient avenants. En France, j’ai toujours été bien reçue.

    Mais ces mois ont été terribles. J’étais assise à la maison, je ne faisais rien. J’étais gênée de toucher des aides, j’avais honte, mais je devais les accepter pour vivre. »

    « Un chômeur seul, son monde s’écroule »

    Aujourd’hui, elle reconnaît avoir retrouvé une certaine indépendance. Elle n’est pas tout à fait sortie de la galère pour autant. Elle doit encore « se battre jusqu’à la retraite, à 65 ans et six mois », avec son petit salaire. « Une chance que je sois déjà si vieille ! », rit-elle.

    Pendant toute la durée de l’entretien, sa sœur reste à ses côtés. Elle complète ses propos quand Steffi hésite, s’emmêle, s’émeut. Steffi, d’ailleurs, sait qu’elle peut compter sur elle. Elle en a conscience, la plupart des personnes en difficulté n’ont pas un tel soutien :

    « Je ne meurs pas de faim, je pars tous les ans en vacances payées par ma sœur. Mais un chômeur tout seul, son monde s’écroule. En Allemagne, tu n’as même pas de tarifs préférentiels pour les chômeurs comme en France, tu ne peux plus rien te permettre. Tu es isolé socialement. »

    Malgré – ou grâce à – ses nombreux travailleurs désemparés, au chômage ou accrochés à des mini-jobs, l’Allemagne affiche un taux de chômage envié par l’ensemble de la zone euro : moins de 7% de la population active. En fait, elle compte tellement peu de chômeurs qu’elle annonçait, l’année dernière, un plan de restructuration inédit : la suppression de 10 000 postes au sein de son Agence pour l’emploi, d’ici à l’horizon 2015.

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    15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 18:30
    Révoltes en Europe...

    Des manifestations contre la crise et l'austérité se sont déroulées un peu partout en Europe ce Mercredi 14 novembre : des milliers de personnes, dont des salariés français, ont manifesté dans une vingtaine de pays. En Espagne, la situation devient préoccupante, les Espagnols sont descendus massivement dans les rues pour protester contre des mesures de rigueur qui les accablent : hausse de la TVA, baisse des salaires, des retraites...

    Armée de matraques et de balles en caoutchouc, la police espagnole a dispersé quelques centaines de manifestants venus hurler leur détresse dans le centre-ville de Madrid... Les affrontements ont été violents.

    Des « incidents isolés » sont survenus dans plusieurs villes d'Espagne, faisant 34 blessés dont 18 policiers, tandis que 82 personnes ont été interpellées. 

    "En Italie, des manifestations se sont déroulées notamment à Rome et Turin. C'est dans cette ville du nord du pays que les affrontements les plus sérieux ont éclaté:des manifestants ont roué de coups un policier, brisant son casque et lui cassant un bras. Cinq autres policiers ont été plus légèrement blessés à Milan ."

    Au Portugal, de violentes manifestations ont eu lieu et ont dégénéré en affrontements.

    Il est à craindre que les violences se multiplient un peu partout dans cette Europe de la crise et du désarroi, cette Europe qui n'accorde plus aucun espoir de survie à certaines populations condamnées à fuir leur pays, cette Europe qui n'offre même plus de perspectives d'avenir si ce n'est l'exil vers l'Allemagne notamment. Il semble même que cette crise offre une manne à l'Allemagne qui recrute et fait venir sur son territoire des travailleurs et des ingénieurs espagnols ou grecs !

     

    La colère gronde partout parce que l'austérité est à l'ordre du jour, une austérité qui empêche toute ouverture sur l'avenir, même en Angleterre, pays du Nord, les inquiétudes sont grandes et les mécontentements se font plus âpres et plus intenses.

    En Grèce aussi les manifestatons et les journées de grève se succèdent ...

    Peut-on continuer ainsi à vouer les peuples à la misère, à la régression ? Les pauvres vont-ils devoir encore et toujours payer pour que prospèrent des financiers et des banquiers se nourrissant de la dette ?

    Oui, les révoltes risquent de se multiplier et de s'aggraver dans de nombreux pays, oui les révoltes sont légitimes, car un monde qui ne fournit plus de travail, plus d'avancée, un monde qui régresse et n'apporte plus de solutions, un monde qui pousse des gens au suicide, qui les accule à des attitudes extrêmes n'est plus un monde vivable...

    L'Europe connaît des difficultés et des épreuves qui risquent de n'être plus supportables... Si la colère l'emporte, si la vie n'a plus de sens pour certains, il faut absolument que le pouvoir politique invente d'autres solutions pour reconstruire une autre Europe plus humaine et plus respectueuse des peuples, une Europe plus juste. Faute de quoi, on risque de s'acheminer vers des conflits plus graves encore. Une Europe fondée sur l'austérité et le désespoir est-elle viable ?

    L'austérité ne résout rien, on le voit en Grèce:elle ne sert qu'à aggraver la crise et fait le lit de la désespérance.

    Source : Le nouvel Observateur

    Documents joints à cet article
    Révoltes en Europe... Révoltes en Europe... Révoltes en Europe... Révoltes en Europe...




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    10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 15:46

    Vu dans le journal "Le monde"

    Selon le site Internet du journal allemand Der Spiegel, la troïka représentant les créanciers de la Grèce (FMI, Union européenne et BCE), réclame à Athènes une liste nominative des fonctionnaires qui seront licenciés d'ici à la fin de l'année.

    "La troïka s'attend à ce que 2 000 employés de la fonction publique soient licenciés d'ici à la fin de l'année. Et elle ne se contente plus de chiffres. Elle veut aussi les noms et les prénoms", écrit le journal  en citant "une source proche des négociations" entre la Grèce et ses créanciers. Spiegelonline ajoute qu'un représentant syndical lui a confirmé qu'une demande de liste nominative est évoquée.

    A Athènes, Antonis Manitakis, ministre de la réforme administrative, a refusé de qualifier "de licenciement" le départ prévu de milliers de fonctionnaires d'ici 2016, lors d'un débat au Parlement sur le projet de budget de 2013 qui doit être voté dans la nuit de dimanche à lundi. "Seule la règle de la mobilité des fonctionnaires peut éviter des licenciements massifs et horizontaux, ce qui est inapplicable, impossible et en tout cas anticonstitutionnel", a dit le ministre.

    125 000 POSTES SUPPRIMÉS D'ICI 2016

    Toutefois, le Parlement grec a adopté mercredi un nouveau train d'économies budgétaires de 18,1 milliards d'euros sur quatre ans, réclamées par l'UE et le FMI, une condition préalable pour le versement d'une tranche cruciale de prêts de 31,2 milliards d'euros gelée depuis juin.

    La loi sur ces mesures prévoit la réduction du nombre des fonctionnaires d'environ 125 000 au total d'ici 2016, la suppression de postes dans l'administration et "la mise en disponibilité" d'agents condamnés par la justice ou les conseils disciplinaires.

    Une manifestation de centaines d'employés des collectivités locales, qui sont considérés comme les plus touchés par la loi, a eu lieu samedi après-midi dans le centre d'Athènes, devant le Parlement où le débat sur le budget 2013 se poursuivait.

    La Grèce s'est engagée à poursuivre les réformes structurelles dans le secteur public, fusionner ses organismes publics (universités, hôpitaux, fonds de sécurité sociale, etc), réduire les dépenses des collectivités locales et limiter les dépenses pharmaceutiques, selon la loi votée mercredi.

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    10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 10:11
    Un tiers du chômage français imputable à l'Euro

    L’Euro nous a coûté la moitié du taux de croissance que nous pouvions espérer, et ceci même avant de connaître les politiques de récession qui sont à l’oeuvre depuis 2011. Sans l'Euro, les Français seraient plus «riches » de 25% à 37,5% qu’ils ne le sont actuellement. Le taux de prélèvement sur l’économie française aurait pu être diminué progressivement, descendant à 40% du PIB, voire en dessous, en fin de période. Le surcroît de revenu pour les ménages venant accélérer la croissance, et pour les entreprises l’investissement, qui trouve par ailleurs ses débouchés avec la forte croissance. En terme d'impact sur le chômage, ce serait un chiffre situé entre 1070 000 à 1330 000 chômeurs, soit de 36% à 45% du total de juin 2012, que l'on peut attribuer à l’Euro en pratiquement neuf ans. Une étude signée de l'économiste Jacques Sapir.



    Le coût de l’Euro et l'économie française : une tentative d'estimation, par Jacques Sapir

    Un tiers du chômage français imputable à l'Euro

    cout_de_l__euro.pdf Coût de l'Euro.pdf  (887.02 Ko)


    Alors que le chômage augmente rapidement désormais en France, et que le débat autour du Traité européen (le TSCG ou traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) commence à se focaliser sur le maintien ou non de la zone Euro, il convient de tenter d’évaluer ce qu’ont pu être les coûts de l’Euro pour l’économie française. Les effets de la surévaluation de l’Euro sur l’économie française, on le sait, ont été dévastateurs. Ils mettent en avant le problème de la compétitivité externe (par rapport aux pays ayant des monnaies différentes). Mais, ce problème n’est pas le seul. Il y a aussi un problème de compétitivité interne (essentiellement avec l’Allemagne).

    L’impossibilité de dévaluer par rapport à ce dernier pays a conduit à une dégradation importante de notre compétitivité, ce qui s’est traduit par un déficit de la balance commerciale (qui était positive jusqu’en 2002-2003). Ces effets se sont combinés, jusqu’en 2008, avec les effets des taux d’intérêts imposés par la poursuite de l’inflation « la plus basse possible » par la BCE
    Dans le présent texte on discutera l’impact sur la croissance induit par la surévaluation de l’Euro qui devient évidente à partir de 2003, l’impact sur le chômage et enfin l’impact sur les finances publiques.
     
    I. Les effets sur la croissance
     
    L’Euro s’est régulièrement réévalué face au dollar US depuis 2003, ce qui a entraîné une pression nette sur la croissance française. Si nous prenons un taux de change moyen de 1 Euro pour 1,05 Dollars comme correspondant
    à une parité économique, on constate que l’Euro, après une période de sous-évaluation qui va de 1999 à 2002, s’est très fortement apprécié par la suite. Le dollar servant de point de référence à de nombreuses monnaies (en particulier en Asie) ceci est représentatif d’une surévaluation globale de la monnaie européenne. La France faisant une part non négligeable de son commerce en dollars ou en monnaies indexées sur le dollar (environ 40% des importations comme des exportations) cette surévaluation a bien un impact important sur notre économie.
     
    Nous notons un taux de change de 1,05 Dollars qui est propre à la France et peut servir de taux d’équilibre. Pour l’Espagne il faudrait probablement un taux de 0,90 – 0,95 Dollars, pour la Grèce probablement 0,70 dollars, et pour l’Italie de 0,95-1,00 Dollars.
     
    La surévaluation de l’Euro a coûté environ 1% de croissance par tranche de 10% de surévaluation selon une étude de 2008. Il est donc en théorie possible de calculer l’effet de freinage induit par cette surévaluation, à partir du niveau considéré comme le taux de change d’équilibre.
     
    Bien entendu, c’est par simplification que l’on suppose que l’effet de la surévaluation sur la croissance est linéaire. En fait, il semble que cet effet soit bien plus faible (avec une pente inférieure) quand l’Euro est proche de sa parité théorique, et beaucoup plus fort quand il s’en éloigne de manière importante. Ceci est en réalité très logique. Les agents économiques, qu’ils soient acheteurs de produits français dans la zone dollar ou acheteur en France de produits fabriqués dans la zone dollar, sont en réalité d’autant plus sensibles au prix du produit que les modifications de ce prix sont élevées.

    Ces phénomènes ont été décrits d’un point de vue expérimental il y a de cela près de 20 ans dans des travaux fondateurs. Ces travaux reprennent et systématisent des intuitions datant des années 1950 et 1960 de Maurice Allais.

    Lire la suite de l'étude de Jacques Sapir,
    Professeur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales :


    Le coût de l’Euro et l'économie française : une tentative d'estimation
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    10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 08:49
    Que penser du chômage espagnol ?
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    9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 17:58

    La souveraineté de la France

    Il devient quasiment vital pour la démocratie que la France entreprenne sérieusement de reprendre certains acquis traditionnels de sa souveraineté. Les conditions dans lesquelles letraité budgétaire européen a été ratifié le 11 octobre dernier continuent de susciter des questionnements légitimes. Pas de véritable débat national sur un texte de cette importance ?

     

    Le projet du traité avait été initié par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Dénoncé par les socialistes lorsqu’ils étaient dans l’opposition, ces derniers l’adoptent finalement une fois élus. Il n’y a même pas eu de véritable débat entre la gauche et la droite parce que l’UMP (opposition) et la majorité de gauche ont tous massivement voté le texte. Le seul débat qui les a opposés consistait à se traiter mutuellement de« menteurs ». Il y avait pourtant des questions de fond sur ce traité qui va avoir des répercussions directes sur « la vie des gens ».

    Au lieu de s’affronter sur le fond des problèmes, nos politiques se fourvoient dans des sujets dérisoires comme cette affaire du « pain au chocolat ». On en est donc là et personne ne parle du « dépouillement »de sa souveraineté que subit progressivement la France du fait de la mondialisation et de l’accaparement« boulimique » de nos pouvoirs nationaux de décision par les institutions de l’Union Européenne.

    Tout ceci se traduit dans le visage des élus de bonne foi qui voudraient juste décider d’un petit rien dans un petit coin de la France et qui se retrouvent quasiment les mains liées.

    Les fruits et légumes que nos paysans parviennent à produire « par la sueur de leur front » sont jetée dans la nature, parfois pour moitié, parce qu’ils ne correspondent pas à la « bonne taille » prescrite par les« normes ». Pendant ce temps, quelque part dans le monde, et même dans la ville juste à côté, des familles se retrouvent devant un frigo vide.

    Comment en sommes-nous arrivé là ?

    Il ne s’agit pas ici de prôner le « repli-sur-soi » et la fermeture des frontières. Les politiques d’ouverture à l’Europe et au monde étaient, au départ, objectivement justifiées. La France aurait été ruinée comme la Corée du Nord si elle s’était refusée à la moindre ouverture de son économie sur la mondialisation libérale. On y a perdu, mais aussi, on y a beaucoup gagné. On n’ose même pas ce qu’il en serait advenu de l’Hexagone tellement une telle politique de fermeture aurait exigé de répression d’Etat et de privation de libertés.

    Il fallut donc jouer le « jeu » de la mondialisation et de l’ouverture sur l’Europe. Sauf qu’aujourd’hui, il parait opportun de se demander si on n’est pas allé trop loin et trop vite et qu’il faut revenir sur certaines concessions qui se traduisent par la ruine progressive du peu de souveraineté que nous croyions encore détenir entre nos mains.

     

    Qu’il ne puisse pas y avoir de malentendu : la construction européenne répondait à l’impératif de la« paix durable » après qu’on se fut entretué pendant des siècles sous la bannière de nos nations respectives. Les excès des nationalismes ont mené à d’épouvantables boucheries au cœur-même de l’Europe. Dès lors, plus personne de normalement constituée n’oserait se laisser aller à des choix politiques qui mèneraient à des tragédies de cette nature. La shoah, Solferino, les tranchées, le carnage sur les plages de la Normandie,…

     

    Tout ceci est connu de tout le monde, mais ne doit ni expliquer ni justifier un tel niveau d’abandon des souverainetés nationales. Les Français, comme « nation », doivent pouvoir s’assurer qu’ils peuvent décider souverainement sur certains sujets sans être obligés de se conformer aux règles imposées d’ailleurs, parfois sur des sujets dérisoires.

     

    Sur le budget national, par exemple, les députés et sénateurs ont encore la possibilité de mener la fronde. On ne va pas figer dans le marbre un texte qui prévoit d’infliger de lourdes sanctions à un « Etat souverain »si elle laisse échapper quelques dépassements budgétaires. Dans les entreprises et même dans les ménages, les dépassements sont fréquent, mais elles se rattrapent sans qu’il ne soit besoin de se soumettre au dictat de quiconque. Les gens ne sont pas des irresponsables, encore moins des élus disposant du mandat d’un peuple.

    Ou alors on considère qu’ils sont effectivement irresponsables, auquel cas on prend acte et on en tire toutes les conséquences. On supprime les institutions nationales (parlement, présidence, gouvernement,…) et on s’en remet directement à ceux qui croient détenir tous les pouvoirs sur les peuples, y compris la taille des poivrons.

    Dans un tel scenario, on exige que les commissaires européens, à l’origine de cette véritable opération de dépouillement des pouvoirs nationaux, se présentent directement devant les peuples avec leurs programmes détaillés.

    C’est tellement facile, lorsqu’on est nommé, et non pas élu, de rédiger des « lois » sachant qu’on ne viendrait pas affronter la colère des populations à la base qui en subiraient les effets.

    La liste de tous les pans de la souveraineté française qui ont été perdus est tellement longue que les élus devraient désormais se préparer à « rechigner » chaque fois qu’un possible nouveau transfert des pouvoirs de décision à Bruxelles est envisagé. Dans l’état où on en est, il n’est même pas besoin de militer dans les milieux d’extrême droite pour se rendre compte qu’on est allé trop loin et trop vite et qu’il faille reconsidérer certaines choses.

    Il parait qu’après le Général de Gaulle et Georges Pompidou, nous n’avons plus eu véritablement de Président-qui-décide…

    Boniface MUSAVULI

     

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    9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 17:00

    Nous nous permettons de proposer exceptionnellement à nos lecteurs une devinette : QUI A FAIT LA DÉCLARATION CI-DESSOUS ?

    "Le consensus de toutes les forces politiques et sociales, c’est-à-dire d’une majorité importante du corps social, et pas seulement d’une majorité arithmétique, est la condition essentielle d’une évolution politique pacifique vers la démocratie et une constitution stable.

    Les problèmes auxquels sont confrontés les nouvelles démocraties sont si cruciaux qu’ils en sont devenus des affaires d’État. Ainsi, certaines questions politiques qui, dans des démocraties stables, donneraient matière à discussion et à polémique ne peuvent, dans les nouvelles démocraties, être résolues qu’à l’aide du consensus social et politique.

    Par conséquent, le système le plus approprié, pour élaborer un texte constitutionnel, serait de nommer, dans un premier temps, un Comité d’experts, chacun d’entre eux bénéficiant de la confiance de la grande majorité des forces politiques. Les experts seraient, si nécessaire, en droit de consulter des conseillers étrangers. Le travail des experts serait suivi d’un débat à l’Assemblée constituante sur l’ensemble du texte. Toutefois, il est à noter que tout amendement détaillé du texte pourrait avoir des conséquences imprévisibles et réduire à néant le travail du Comité. Enfin, une fois approuvé, le texte serait soumis à un référendum populaire, à l’occasion duquel tous les partis politiques s’engageraient en faveur du "oui"."

     

     

    ***
     

    Réponse

    Cette idée que les partis doivent être d’accord entre eux et fonctionner par consensus, cette négation de la démocratie en tant que méthode pour trancher les conflits et les débats, cette manière de dire que vous avez le droit de choisir pourvu que votre réponse soit la bonne, cela rappelle beaucoup de chose, en particulier le référendum du 29 mai 2005 et la manière dont la volonté populaire a été bafouée. Et bien si vous avez pensé à cela, vous avez gagné. Le texte ci-dessus, comme l’ont trouvé certains de ceux qui ont répondu, est extrait d’une brochure du Conseil de l’Europe. Il est publié par la « Commission européenne pour la démocratie par le droit » (sic). Il fait partie de l’intervention d’un des « experts », le professeur M. Herrero de Minon.

    Avec des démocrates comme ceux-là, on n’a pas besoin d’antidémocrates.

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    4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 10:34
    Un Haut conseil, chien de garde de la règle d'austérité



    A partir du 1er mars 2013 , neuf vigies vont surveiller le respect par la France de ses engagements européens au niveau de la règle d'or : pas plus de 3% de déficit structurel et pas plus de 60% de dette publique. Doter chaque pays d'un comité budgétaire indépendant est l'une des nouveautés apportées par le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). Sur les 25 pays signataires du TSCG, seulement sept possèdent déjà ce « chien de garde ». C'est le président de la Cour des Comptes Didier Migaud (PS), qui dirigera ce comité et nommera ses membres. (Libération)
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    2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 10:05
    À propos de l’Espagne
    jeudi 1er novembre 2012
    par  Jacky Eouzan


    Notre ami Jacky Eouzan, qui vient de passer plusieurs mois en Espagne, nous livre son analyse de ce pays en grave crise.

     

    ***

    La construction européenne, et son corollaire la défense de l’euro, se poursuivent inexorablement au profit des puissances financières et au détriment des citoyens par un assujettissement toujours plus grand de ces derniers au profit des premières. L’inter-médiation d’ une pratique institutionnelle non démocratique toujours croissante dans les domaines les plus divers est la marque de fabrique de cette construction européenne.

    Monsieur Zapatero, précédent Premier Ministre socialiste du Gouvernement Espagnol a, au moment de son départ plus que prévisible au vu des sondages catastrophiques rendus publics préalablement aux dernières élections nationales, profité de ses derniers instants de Présidence pour faire voter, tant par la droite représentée par le « parti popular » que par la majorité du PSOE, la fameuse règle d’or que ni le peuple espagnol dans sa très grande majorité, ni l’autre opposition de gauche, ni certaines coalitions régionalistes, ne voulaient.

    C’est bien connu le peuple, sauf dans les rares instants ou l’on réclame institutionnellement ses suffrages, dans la plupart des autres moments qui engagent son avenir, le peuple, on l’ignore et on évite de lui demander son avis. En Europe, et dans beaucoup de pays, il en est du PS comme de la Droite qui, lorsqu’ils sont au pouvoir, suivent la feuille de route qui leur a été dictée par leurs maîtres de Bruxelles, sans en dévier d’une seule ligne, en dignes représentants du fonds de commerce des marchés financiers qu’ils sont. Sauf le fait d’une présentation formelle plus acceptable pour les naïfs ou ceux qui ont tout intérêt a fermer les yeux, aujourd’hui entre les droite et gauche dites de Gouvernement rien ne change ou plus exactement tout continue de s’aggraver et de se dégrader inexorablement pour la majorité des citoyens.

    Aujourd’hui, après les quelques mois de Gouvernance de la droite au pouvoir représentée par Monsieur Raroy, l’Espagne est classée BBB par les agences de notation et le chômage a augmenté de plus de 500.000 personnes infirmant le thème majeur de la campagne électorale que Monsieur Raroy avait réalisée sur le thème de l’emploi. Seule bonne nouvelle, si l’on peut dire, la prime de risque des prêteurs a baissé depuis quelques jours et ce pour la première fois depuis dix huit mois anticipant sans doute l’annonce retardée de nouvelles coupes sombres dans les différents budgets du pays.…

     

    Des élections dans la tourmente

    Annonce retardée, car en Espagne nous sommes à la veille d’élections régionales importantes dont les premières viennent d’avoir lieu le 21 Octobre 2012 et vont s’échelonner sur plusieurs semaines. Aussi, Monsieur Raroy fait dans le virtuel afin d’éviter de mettre son parti et ses candidats régionaux plus en difficulté qu’ils ne le sont face à la situation économique dégradée. Aussi annonçait-il avec prudence une étude sur des « coupes virtuelles » dans les dépenses des différents budgets des Ministères de l’État qui viendraient s’ajouter à celles déjà en cours.

    Virtuelles, car quelques jours après cette annonce avaient lieu le 21 Octobre les élections régionales au Pays Basques et en Galice et plus tardivement suivront les autres régions dont la Catalogne qui aujourd’hui fait trembler le pouvoir de Madrid.. Aussi Monsieur Raroy et son parti, tout en tentant de rassurer les marchés, ne pouvaient prendre le risque de perdre la majorité dans l’ensemble des régions, et tout particulièrement en Galice, région conservatrice par tradition, dont est issu Monsieur Raroy.

    Il faut dire que, dans certaines régions, les socialistes au pouvoir ont fait fort. Ainsi au Pays Basque, les socialistes lors de leur dernière mandature au pouvoir ont multiplié par 10 la dette régionale. Mais vouloir lutter contre certaines dérives locales et s’étonner, comme le fait aujourd’hui le PSOE, des conséquences de l’application de la règle d’or, il y a là la marque d’une hypocrisie indigne d’un parti qui se présente comme étant de gouvernement. Gageons, qu’en France, il en sera de même dans quelques mois de la part d’un parti qui vient de voter avec la droite la fameuse règle d’or dont l’application sera, au vu de ce qui se passe en Espagne, catastrophique pour le peuple comme pour le pays.

     

    L’Europe, c’est la paix, surtout la paix sociale

    Au moment ou l’union européenne reçoit le prix Nobel de la paix, les nationalismes, et parfois les pires comme en Grèce, font leur retour en force partout en Europe. Si les membres du prix Nobel y voient et y consacrent un signe de paix, ils ont du oublier volontairement qu’au moment de la réunification de l’Allemagne, après la chute du mur de Berlin, l’Allemagne s’était engagée vis-à-vis de ses partenaires à ne pas toucher aux frontières de l’Europe et que, quelques semaines après sa réunification, elle avait de manière unilatérale, et sans en référer à ses partenaires, reconnue la Croatie à l’origine du dépeçage de la Yougoslavie et de la Guerre que l’on a connu dans cette région. L’ Europe c’est la paix ; non, l’Europe c’est aussi la guerre et ces simples rappels ne consacrent pas la paix, mais des hégémonies nouvelles ; j’y vois plutôt à terme un signe de rejet à l’égard d’une institution « l’Europe » qui ne fait plus rêver les peuples et qui place une majorité des peuples européens dans une défiance, sinon désespérée, du moins désabusée vis-à-vis de cette institution…On peut se demander jusqu’à quand la paix civile sera maintenue dans cette zone tant les peuples sont méprisés et volés dans leurs avoirs (privatisations) et dans leurs droits (remise en cause des droits sociaux).

     

    En Espagne, et pour en revenir à la fameuse règle d’or, les conséquences de sa mise en application, se résument en des milliers d’expulsés qui chômeurs ne peuvent plus assumer les charges de leur logement et de leur famille et qui se retrouvent manu militari à la rue ; des jeunes qui quittent le pays comme dans les pires moments du Franquisme. On parle de plus de 21 % de départs depuis le début de cette année au regard des départs des années précédentes, des coupes sombres dans tous les budgets de l’État comme ce fut le cas avec la RGPP chez nous. Ces coupes sombres se résument dans la fonction publique par le blocage, voire la diminution des salaires, des retraites et des pensions, par la diminution des effectifs dans l’éducation, la santé, et autres institutions et bien sur le secteur privé en subit également le contre coup, sans parler de la diminution des services et prestations dans de nombreux domaines comme par exemple la santé. Aujourd’hui 12.700.000 Espagnols vivent sous le seuil de pauvreté dont 2.000.000 d’enfants. Dans le même temps, et depuis le début de la crise, les plus riches des espagnols, dont beaucoup sont à l’origine de la crise, ont augmenté leur fortune et leurs revenus jusqu’à 50% pour certains d’entre eux. Aussi, face cette situation de plus en plus insupportable, il ne se passe pas une journée sans que des manifestations soient organisées un peu partout dans le pays. Le 15 octobre, plusieurs milliers de policiers municipaux, qui ont pratiquement les mêmes pouvoirs que la police nationale en France, ont manifesté à Madrid contre le blocage voire la diminution de leurs salaires et des effectifs. Même chose les jours précédents concernant les pompiers, les enseignants, les personnels des hôpitaux, des mineurs, des sidérurgistes, etc.. Pour exemple la région de Valence annonçait le licenciement de 3.000 personnes et 40% des emplois publics, et il en est ainsi dans toutes les régions d’Espagne. Dans le secteur marchand de nombreux professionnels font état d’une chute de près de 30% de leur chiffre d’affaires.

     

    Dans le même temps, les familles menacées d’expulsion multiplient ces derniers jours les actions et manifestations contre les banques. Depuis lundi, une dizaine de familles campent devant le siège de Bankia à Madrid pour réclamer l’annulation de leur dette, et l’accès à un logement social. Pour ces familles, l’expulsion de leur logement ne signifie pas l’annulation de leur crédit immobilier. Ils devront continuer à payer. Les victimes de la bulle immobilière ont investi vendredi après-midi la succursale de Bankia à deux pas de la Puerta del Sol à Madrid. Des actions similaires sont prévues à Madrid et Barcelone les prochaines semaines.

    Selon les statistiques du pouvoir judiciaire, le rythme d’expulsions a atteint un record cette année avec une moyenne de 500 familles délogées pour impayés chaque jour, soit 20 % de plus que l’an dernier. Depuis juillet 2008, plus de 240 000 familles se sont retrouvées à la rue. Les chiffres du chômage qui a passé la barre des 25 % cette semaine n’augurent pas la baisse de ce chiffre. Ces expulsions ont conduit pour la première fois mardi dernier à un geste désespéré. José Miguel Domingo Aguila, marchand de journaux à Grenade, âgé de 54 ans, s’est donné la mort à son domicile le jour précédent la date de son expulsion.

     

    La manifestation anti-régression sociale des 25 et 29 septembre qui s’est déroulée a proximité des Cortes (chambre des députés), chambre qui devait voter de nouvelles coupes sombres a été réprimée avec une violence inouïe. L’Europe, c’est la paix, comme disent ceux du prix Nobel, rappelant le 1984 d’Orwell. Une unité de police nationale appelée « Los antidisturbios… » s’est particulièrement distinguée lors de ces manifestations. On aurait cru que le régime de Franco était de retour, et manifestement cette unité de police indigne par son comportement d’une démocratie digne de ce nom a gardé une certaine culture de cette époque. Bref, au regard de cette répression, nos braves CRS font figure d’enfants de chœur.

     

    A l’issue de cette répression qui a provoqué un vaste débat dans le pays, Madame Cristina Cifuentes, déléguée du Gouvernement conservateur (Parti Popular) de Madrid, a proposé de « moduler » le droit de manifester. Quelques jours auparavant, le gouvernement central de Monsieur Raroy la précédait dans cette voie en anticipant les troubles sociaux et en criminalisant dans le nouveau Code Pénal les actions dites « illégales ».

     

    La dérive répressive

    Un syndicat de Magistrats « les juges pour la démocratie » s’inquiétait de cette dérive et se réunissait le 18 octobre à Albacete pour en débattre. Mieux, un juge courageux de Madrid Monsieur Santiago Pédraz près duquel étaient présentés les déférés et les incarcérés de la manifestation du 25 septembre relâchait tout le monde en motivant son arrêt par le fait « que lorsqu’on a une classe politique décadente il ne faut pas s’étonner d’avoir des manifestations et des manifestants ». Imaginez la stupeur des autorités devant les motivations d’un tel arrêt. Reste le fait que la magistrature espagnole me semble parfois plus libre et plus indépendante qu’en France.

    Mais la nouvelle loi sur les actions dites « illégales » ne semble pas suffisante, Monsieur Ignacio Cosido, le Directeur Général de la Police, très gêné par les images de la répression policière de la manifestation du 25 septembre diffusées sur l’ensemble des chaînes de télévision du pays, qui contrairement à la France ne cachent rien, déclarait publiquement devant les chaînes de télévision qu’il voulait une loi interdisant la diffusion sur internet des images sur la police lors des répressions des manifestations et ce pour des raisons de sécurité des policiers. Bref, ce Monsieur ne réclamait ni plus ni moins face aux médias la mise en place d’une censure policière comme lors d’un bon temps passé pas si lointain.

     

    Pour que tout reste comme avant, il faut que ça change

     

    Le jeudi 18 octobre, et pour la troisième journée consécutive, dans plus de 70 villes d’Espagne, des dizaines de milliers de professeurs, enseignants, étudiants, élèves et parents descendaient dans la rue pour dénoncer les coupes dans le budget de l’éducation nationale. Madame Esperanza AGUIRRE, dirigeante du parti popular, et ex-Présidente de la région de Madrid et qui vient tout juste de quitter ses fonctions de Présidente de région, a voulu avant son départ s’offrir son jour de Gloire. Cette dame, au narcissisme très développé, annonce comme cadeau de départ la promesse de construction d’un futur « Las Végas » européen dans le secteur de Madrid. À ce jour, il semble que personne ne sait véritablement comment va être financé cet investissement. A défaut d’un travail valorisant et épanouissant pour la jeunesse très diplômée de ce pays, les jeunes chômeurs pourront toujours espérer, si le projet va à son terme, devenir croupier ou serveur dans un hôtel.

     

    Pendant que le premier ministre espagnol se réunissait en Roumanie avec les autres dirigeants de la droite européenne afin d’évoquer la future mise en place du contrôle bancaire et autres mesures de réductions des déficits publics, les syndicats espagnols appelaient à une journée de grève nationale pour le 14 novembre. Cette grève s’inscrit dans une journée internationale contre la politique européenne.

     

    Le senior Raroy qui voyage beaucoup, se réunissait à Bruxelles avec ses autres collègues européens en espérant obtenir une aide pour ses banques en difficultés. Pas d’aides sans de nouvelles coupes budgétaires a répondu Madame Merkel. Revenu à Madrid, le senior Raroy qui faisait chevalier à la triste figure a déclaré qu’il n’en avait pas besoin et qu’il se contentait de la fameuse étude virtuelle... Jusqu’à quand ? La fin des élections régionales ?

    En fait, dans les jours qui suivaient cette réunion, se déroulaient les élections en Galice, et Monsieur Raroy ne pouvait prendre le risque d’annoncer des mesures impopulaires dans une région qui compte pour le parti popular où il est actuellement majoritaire et dont il est lui-même issu.

     

    Le 21 octobre au soir, les premiers résultats des élections régionales tombaient. Ils étaient marqués, comme les derniers qui se sont déroulés en France, par un dégoût de plus en plus profond des citoyens, dégoût concrétisé par un absentéisme en hausse en Galice comme au Pays Basque au regard des précédents scrutins. Malgré les mesures impopulaires prises par le parti popular, les espagnols n’ont toujours pas pardonné au parti socialiste son adoption de la règle d’or. Aux résultats des premiers scrutins régionaux on constate que ce parti ne s’est toujours pas remis de sa déroute des élections nationales de 2011. Bien au contraire, le peuple espagnol a amplifié, malgré la crise et les mesures impopulaires prises par la droite au pouvoir, sa déroute lors des dites élections régionales.

    Ainsi en Galice, le parti polular de Monsieur Feijoo obtient 45,7% des voix et gagne trois sièges de plus que dans la dernière assemblée soit 41 députés.

    Le Parti socialiste continue sa chute avec 20,5% des voix soit 9,7% de moins et perd 3 sièges.

    Enfin, l’équivalent du front de Gauche représenté par l’Alternative galicienne de gauche obtient 14% des voix et obtient 9 sièges. Elle n’en avait aucun dans la précédente assemblée.

     

    Au pays basque, se déroulaient les premières élections depuis l’annonce du cessez le feu de l’Eta, ces élections se déroulaient donc dans un climat plus serein que lors des scrutins précédents. La encore le parti socialise mais également le parti polular perdent des voix. Le parti nationaliste basque, obtient 34,6% avec 27 sièges. Bildu (indépendantiste de gauche) 25% des voix et 21 sièges. Le parti socialiste (PSOE) 19, 1% avec 16 sièges, soit 9 de moins que dans la précédente assemblée. Le Parti Popular 11,7% des voix (2,4%) avec 10 sièges soit 3 de moins que dans la précédente assemblée. Bref, les autonomistes et les indépendantistes sont maintenant au pouvoir et sont majoritaires dans cette région.

     

    Pour Monsieur Raroy, le pire est à venir. Artur Mas, Président de la région Catalogne a annoncé qu’il organiserait un référendum pour l’indépendance de cette région. Les premiers sondages lui donnaient 72% de oui. L’Europe des régions est en marche.

     

    François Hollande aurait déclaré qu’il voyait venir la fin de la crise de l’euro, comme avant lui, VGE voyait le bout du tunnel de la crise. En fait, et depuis des décennies personne ne voit rien venir à l’exception des nantis, la seule chose que voient venir les citoyens, c’est la régression sociale continue. En France comme en Espagne, la récession rime avec la désintégration des États pour le plus grand profit de ceux qui trouvent à y gagner. Lorsqu’il y a moins d’État, moins de République et donc moins de régulation, entre le fort et le faible c’est la liberté qui opprime et la loi qui protège.

    Jacky Eouzan

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