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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 18:19
Les fonctionnaires, grands perdants de la faillite des États

Olivier Rimmel

La crise financière mondiale entre dans une nouvelle séquence.

Désormais ce sont les États, endettés à un niveau rendant impossible le remboursement ne serait-ce que des intérêts de ce qu'ils empruntent, qui se retrouvent en situation d'étranglement irrémédiable avec en ligne de mire la banqueroute et l'assèchement des ressources financières pour faire face aux dépenses courantes de fonctionnement.

 

Dans le même temps, le financement du développement et de la croissance est devenu impossible à mettre en œuvre, la stagnation puis la décroissance sont les seules issues à cette crise si on ne change pas radicalement de paradigme politique, sociétal et financier.

   

On entend dire partout que la résultante sera bientôt "la ruine sociale".

 

Personne ne sait précisément ce qui va se produire à court et moyen terme, lorsque les États ne pourront plus faire face à leurs échéances.

 

Bien sûr, les créances privées seront reportées et prorogées, les délais de paiement des fournisseurs de l'État, qui sont déjà anormalement longs, vont être encore prolongés davantage, conduisant à la ruine nombre de petites ou grandes entreprises en quelques mois pour les plus fragiles jusqu'à quelques années pour les plus solides.

À court terme, l'État diminuera fortement toutes ses dépenses, et coupera massivement dans tous ses budgets.

Très vite ensuite, on constatera la diminution des services publics rendus dans tous les domaines, l'arrêt progressif de la maintenance des infrastructures, etc.

Effet domino garanti, avec effets visibles.

 

Mais qui seront réellement les premiers touchés ?

Une population dont on ne parle jamais est paticulièrement exposée, ce sont les "fonctionnaires de l'État", tous corps confondus.

 

D'une manière générale, tous ceux qui sont embauchés dans la fonction publique, ou assimilés, et qui pourraient prochainement, d'un jour à l'autre, se retrouver d'abord avec des retards de paiement de salaire, puis des acomptes versés au lieu d'un salaire complet, puis voir leur salaire baisser "par la force des choses" dans le cadre d'un programme nécessaire de baisse des coûts et des coupes budgétaires.

 

Tous les pays sont concernés, et la France bien entendu aussi, bien que cela devrait se produire d'abord ailleurs en Europe, en Espagne et en Italie, après la Grèce déjà concernée.

 

Ce qui est formidable dans cette histoire, c'est qu'on a toujours entendu dire que "les fonctionnaires étaient les privilégiés, quoi qu'il arrive, ils seront toujours payés, c'est l'État donc c'est très fiable".

 

Foutaise, bien entendu, dans le cas de la banqueroute d'un pays.

 

La ruine sociale ne se fera pas sans l'effondrement du revenu de millions de fonctionnaires et des innombrables conséquences liées.

Je sais que le scénario est difficile à imaginer, mais avant les salariés, avant les chômeurs, avant les retraités, les populations les plus exposées à un brutal retour à la réalité en cas de banqueroute d'un État, ce sont les fonctionnaires.

Ni préparés, ni habitués à l'instabilité, ne se sentant même pas concernés, les millions de fonctionnaires laminés précipiteront à la catastrophe toute une organisation publique et privée, dont ils sont l'un des éléments essentiel.

Avec eux, bien sûr, les chômeurs déjà confrontés à la misère, les retraités déjà limités financièrement feront pâle figure, l'impact de la ruine sociale leur sera moins sensible.

Avec l'inflation liée à une sortie de l'euro désorganisée (car non souhaitée par le pouvoir en place), les salariés seront ensuite projetés à la rue, au rythme des faillites d'entreprises qui vont se multiplier par voie de conséquence.

Les malades seront moins bien soignés, et disparaitront plus rapidement.

 

Comment va-t-on s'en sortir ?

 

Le monde occidental libre, laïque et démocratique était un beau projet, sur le papier, hélas rendu irréaliste par la nature de l'Homme.

 

L'Europe, et l'euro étaient également de magnifiques projets, encore aurait-il fallu que la composante sociale et politique soit prédominante.

 

Les solutions les plus évidentes, à court terme, pour limiter la casse sont :

- laisser les banques faire faillite, tout en protégeant les avoirs des clients,

- nationaliser les banques, faire contrôler les banques par les peuples au travers un système démocratique favorisant l'intérêt général,

- contraindre et contrôler les banques pour qu'elle assurent leur métier et uniquement leur métier qui consiste à financer directement le développement privé,

- développer des réseaux de banques destinées uniquement aux entreprises et à leurs spécificités métiers,

- décentraliser le pouvoir politique, et le concentrer davantage au niveau local pour favoriser la dimension humaine,

- rendre la Nation souveraine dans ses choix stratégiques et ses décisions,

- produire sa propre monnaie, au plan national, ou au plan européen si l'euro est maintenu,

- décider d'annuler tout ou partie des dettes bancaires, par des décisions politiques fortes et irrévocables,

- ne plus emprunter sur les marchés ni auprès de banques privées quand il s'agit des États,

- contrôler les frontières,

- limiter la globalisation des échanges,

- taxer fortement les produits importés qui existent déjà localement,

- réindustrialiser en urgence au niveau local,

- interdire la spéculation quand elle n'a pas vocation au développement des hommes et des entreprises,

- interdire la spéculation à la baisse d'une manière générale sur les marchés financiers,

- interdire la spéculation sur les matières premières et les produits d'alimentation,

- uniformaliser et stabiliser à long terme le prix des produits généralisés, comme l'électricité, l'eau, l'internet mais aussi le carburant, le gaz,

... et probablement d'autres choses encore plus difficiles à écrire.

 

Espérons que nous éviterons au maximum les troubles sociaux, la grande rigueur et l'insécurité qui s'annoncent à nos portes et que nous n'ayons pas à nous opposer les uns aux autres lorsqu'il s'agira de trouver de quoi vivre au quotidien.

Pour ceux qui peuvent, il va devenir vite essentiel de savoir cultiver le moindre mètre carré de terre dans son jardin.

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commentaires

A
<br /> contôler les frontières? ...<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> oui pas pour les hommes, la gente humaine est une et universelle, mais les capitaux oui instrument purement artificiel fait par des nantis au profit des nantis...A défaut ce sera ce qui se passe<br /> en Grande Bretagne qui nous attend...<br /> <br /> <br /> <br />